L'opération pourrait donner naissance au quatrième constructeur mondial. Ce serait un camouflet pour Renault, qui a tenté de s'allier avec Fiat Chrysler.
Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall, Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Maserati, Abarth, Jeep, Chrysler et Dodge… Ces marques automobiles pourraient bientôt se retrouver dans le même garage. PSA a confirmé mercredi matin discuter de fusion avec le groupe italo-américain Fiat Chrysler Automobiles, qui avait interrompu ses pourparlers avec Renault début juin. C'est donc un peu l'histoire du deuxième prétendant qui tente de séduire une fiancée qui a dit « non » à son premier aspirant. « Suite aux récentes informations de presse sur le possible rapprochement de Groupe PSA et FCA Group, Groupe PSA confirme que des discussions sont en cours en vue de créer l'un des principaux groupes automobiles mondiaux », a indiqué le constructeur français tandis que son partenaire faisait de même dans un communiqué séparé. Selon nos informations, un conseil de surveillance extraordinaire abordera la fusion cet après-midi. Pour le Wall Street Journal, il pourrait s'agir d'une fusion d'égal à égal par échanges d'actions. Directeur général de PSA, Carlos Tavares serait le patron de la nouvelle société, tandis que John Elkann, de Fiat Chrysler, en serait le président. Les deux groupes avaient déjà négocié ensemble. « Il y a toujours des discussions entre les constructeurs », témoigne une source proche du dossier.
Les actions des deux groupes ont bondi à l'annonce des négociations : le titre PSA gagnait 8 % à l'ouverture de la Bourse de Paris et celui de Fiat Chrysler, plus de 10 % à Milan. « La différence avec les discussions FCA-Renault, c'est qu'il y a un leader clair, Carlos Tavares, estime un analyste financier. Vu la hausse du cours de Fiat Chrysler plus importante que celle de PSA, on se demande si ce n'est pas un meilleur deal pour les Italiens. » Fiat devrait être amené à se restructurer, ce qu'a déjà fait PSA sous la houlette de Carlos Tavares. Pour le groupe italien, présent dans des régions italiennes à fort taux de chômage, cela ne s'annonce donc pas simple sur le plan social. Autre question : que dira la Commission européenne sur les très fortes positions de PSA-FCA en France et en Italie ? Actionnaire à environ 12 % de PSA via Bpifrance, l'État « suit avec attention et ouverture les discussions engagées » et se dit « particulièrement vigilant », a fait savoir le ministère de l'Économie et des Finances.
Le 4e constructeur devant General Motors
Sur le papier, la fusion donnerait naissance au quatrième constructeur mondial, derrière Volkswagen, l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi et Toyota, qui se tiennent dans un mouchoir de poche (voir graphique), et juste devant General Motors. Parmi les atouts de ce nouveau géant, ses positions très fortes en Europe, où il serait le numéro deux derrière VW. Si l'on se réfère aux rapports pour l'année 2018 des deux sociétés, le nouvel ensemble afficherait un chiffre d'affaires de 184 milliards d'euros (110 pour FCA et 74 pour PSA) pour près de 9 millions de véhicules vendus (8,7 millions, exactement, 4,8 pour l'italo-américain et 3,9 pour le français) et une capitalisation boursière de plus de 40 milliards d'euros. PSA et FCA sont déjà alliés dans les véhicules utilitaires légers et de gros fourgons (Peugeot Boxer, Citroën Jumper et Fiat Ducato).Une coopération entamée il y a 40 ans et qui vient d'être prolongée jusqu'en 2023. Si le groupe PSA résiste plutôt mieux que Renault cette année au ralentissement du marché automobile, et notamment chinois, Fiat Chrysler souffre plus : son chiffre d'affaires a reculé de 4 % sur les six premiers mois, à 51 milliards d'euros, et sa marge opérationnelle est tombée de 5,7 à 5,1 %. La division nord-américaine représente la majeure partie des profits du groupe.
Un goût amer pour Renault
Pour le groupe français, il s'agirait de la deuxième grosse opération de croissance externe en seulement deux ans. Début 2017, PSA avait déjà mis la main sur Opel, une marque très appréciée des Allemands et rachetée à General Motors. Le rapprochement avec PSA pourrait amener le groupe à se délester d'actifs. Les regards se tournent vers Faurecia, dont il détient encore environ 43 % du capital. « La question de la participation de PSA dans l'équipementier se posera en cas de grosse acquisition », nous confiait récemment une source du secteur. « Celle-ci n'est pas stratégique pour nous (…), elle peut être vendue le cas échéant. Mais ce n'est pas à l'ordre du jour », disait au début de l'année Philippe de Rovira, directeur financier de PSA. « Quelle que soit l'alliance, elle doit permettre de croître sur les marchés asiatiques, de trouver des technologies et des ressources pour la transition vers l'électrique », a commenté auprès de l'agence italienne AGI le secrétaire général du syndicat FIM-CISL, Marco Bentivogli.
Cette fusion, si elle aboutit, aura de quoi laisser un goût amer à Jean-Dominique Senard, le président de Renault, qui s'est activé au printemps dernier pour s'allier à Fiat Chrysler Automobiles. Mais le contexte, avec un État actionnaire plutôt réticent et un partenaire, Nissan, vexé de n'être pas pleinement associé aux négociations, avait fini par refroidir les ardeurs des Italiens. « Comment l'État va-t-il approuver un tel rapprochement pour PSA alors qu'il ne voulait pas d'un tel mariage au printemps ? » s'interroge une source proche de Renault. La marque au losange, aujourd'hui concentrée sur le renforcement de son alliance avec Nissan et Mitsubishi, comme le lui a demandé l'État actionnaire, ne semble pas prête à se battre contre PSA pour Fiat Chrysler. Elle doit d'abord régler ses problèmes de gouvernance en trouvant un successeur à son ex-directeur général Thierry Bolloré et repartir de l'avant avec son allié japonais. « Il faudra attendre encore quelques mois pour que Renault plonge de nouveau dans le grand mouvement de consolidation », prédit-on dans l'entourage de Jean-Dominique Senard.
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