
Pour que l'automobile du futur puisse aussi être européenne, il est primordial que les industries française et allemande s'entendent sur l'essentiel, estime Guillaume Devauchelle, le patron R & D de l'équipementier tricolore Valeo, à l'occasion du Franco German Business Forum organisé ce jeudi à Berlin par le « Handelsblatt » et « Les Echos ».
Pourquoi les industriels du secteur automobile ont-ils intérêt à collaborer entre eux ?
L'objet automobile n'est plus adapté au monde XXIe siècle. Des ruptures de fond sont nécessaires, que ce soit sur la motorisation ou l'adaptation au trafic dans les villes. Cette redéfinition de la mobilité est déjà en cours : elle se fait très rapidement, sous nos yeux. Valeo a par exemple pris en commande l'an dernier un milliard de capteurs, à livrer dans les cinq ans à venir. Or, cette révolution est d'abord un phénomène culturel : pour qu'elle soit comprise, il faut qu'elle soit répandue, et touche donc un maximum de voitures. Cet effet de masse critique, nécessaire pour installer une technologie dominante, on ne peut l'atteindre dans un seul pays. Il faut se situer, au minimum, au niveau européen, l'Europe n'étant pas le marché prescripteur au niveau mondial.
Les partenariats sont particulièrement nombreux entre entreprises françaises et allemandes. Pourquoi ?
En Europe, la France et l'Allemagne sont les deux grands marchés susceptibles de faire évoluer les réglementations et les usages. Les constructeurs sont d'autant plus enclins à des partenariats que les révolutions technologiques en cours viennent niveler les avantages concurrentiels de chacun : lorsqu'on se sent moins fort, on est incités à collaborer. Chez Valeo, ce sont nos deux grands pays en matière de recherche-développement. Et il n'y a plus un seul projet mené uniquement dans un seul de ces pays, ils sont tous forcément franco-allemands.
Ces collaborations sont-elles confrontées à des problèmes culturels ?
Cela dépend d'où l'on se place ! Il y a des différences de culture entre pays, mais aussi et surtout entre marques. Chacune d'entre elle a son ADN qui n'est pas réductible. C'est un facteur positif, car l'industrie automobile est de plus en plus segmentée, et les différences de cultures aident à appréhender cette diversité. Avant par exemple, il n‘y avait que deux types de moteurs thermiques. Avec les hybrides, on est aujourd'hui face à 15 types de moteurs différents, ce qui pourrait en théorie diviser les volumes par 15.
Pour rendre cela compatible avec la recherche de la masse critique et atteindre le bon niveau de volumes, il est nécessaire d'avoir une approche commune. Dans l'automobile, la sous-standardisation se fait chez les équipementiers, ce qui permet ensuite aux constructeurs de différencier leurs offres. Valeo propose ainsi un seul type de moteur électrique, mais celui peut équiper différents types de moteurs hybrides chez les constructeurs.
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