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Malus automobile : la fête ne fait que commencer - Corse-Matin

Deux nouvelles taxations vont entrer en vigueur aujourd'hui, puis le 1er mars

MALUS DES JANVIER

173 g/km : 12 552 €
174 g/km : 13 109 €
175 g/km : 13 682 €
176 g/km : 14 273 €
177 g/km : 14 881 €
178 g/km : 15 506 €
179 g/km : 16 149 €
180 g/km : 16 810 €
181 g/km : 17 490 €
182 g/km : 18 188 €
183 g/km : 18 905 €
184 g/km : 19 641 €
supérieur à 184 g/km (supérieur à 212 g/km après mars 2020) : 20 000 €

L'idée de départ peut paraître logique. Si l'on veut moins de pollution, il faut taxer les véhicules qui polluent le plus. Donc, les SUV, ces sport utility vehicles (véhicules utilitaires sportifs). La raison tient à la conception même des SUV : plus lourds, moins aérodynamiques que les berlines équivalentes. Ce qui a pour conséquence une consommation de carburant accrue et donc une émission de CO2 accrue : 15 % de plus en moyenne qu'une berline équivalente. Un écart qui tombe à 11 % pour les plus petits véhicules mais qui bondit à 26 % pour les plus imposants !

Face à cette situation, le gouvernement a donc décidé, et l'Assemblée l'a voté, d'augmenter le plafond du super malus pour l'achat des véhicules les plus polluants, qui passera de 12 500 à 20 000 euros pour les véhicules émettant plus de 184 grammes de CO2 au kilomètre. Jusqu'ici, le malus ne progressait plus au-delà de 172 grammes de CO2 au kilomètre.

Cette mesure, qui doit rapporter 50 millions d'euros qui financeront deux fonds pour les sous-traitants de la filière automobile, semble donc logique au titre de la protection de l'environnement. Sauf, qu'elle est d'une absolue complexité pour les futurs acheteurs qui ne savent à quelle sauce ils seront... taxés.

Valait-il mieux acheter - et immatriculer - une voiture avant la fin de l'année ? Dans les deux premiers mois de l'année prochaine ? Après le 1er mars ? La question se pose car, sur cette courte période, trois barèmes de taxation ont été et seront appliqués. Et beaucoup, beaucoup de monde verra une hausse des taxes à régler. Selon L'argus, pas moins de 56 % des voitures sont en effet concernées...

Le nouveau barème, qui entrera en vigueur le 1er janvier (et jusqu'au 29 février), sera plus sévère que l'actuel : il débutera à 110 g de CO2 par kilomètre avec une taxe de 50 € contre 35 € actuellement pour 117 g au kilomètre (g/km). Ensuite, les tarifs s'envolent (lire encadré). Dès 173 g/km, le malus passera à 12 552 €. À partir de 184 g/km, ce sera 20 000 €.

Nouveau barème, nouveaux tarifs dès le 1er mars, en raison, là, du changement de mode de calcul des rejets de CO2 non plus basé sur le mode NEEDC mais sur le WLTP qui se traduit par une hausse moyenne de 24,8 % des émissions de CO2. À cette date, le seuil de déclenchement du malus passera de 110 g/km à 138 g/km.

Pas de quoi se réjouir pour autant. Car dans les faits, nombreux sont les véhicules - mais pas tous - qui vont voir leur taxation augmenter puisqu'ils passeront dans une tranche au-delà de 138 g/km. Les voitures type Porsche Cayenne, puisqu'elles dépassent les 212 g/km (184 g/km anciennes normes), seront taxés d'un malus de 20 000 € !

Et la fête n'est, peut-être, pas finie. Un projet, pour l'instant repoussé, consisterait à taxer les véhicules en fonction de leur poids. Une fois encore, les SUV sont directement concernés. Un plus pour lutter contre la pollution ? On pourrait l'imaginer si les aides versées aux particuliers pour l'achat de véhicules électriques n'étaient pas revues à la baisse.


L'INTERVIEW DE JÉRÉMIE MANTIA PICANO FORMATEUR SÉCURITÉ ROUTIÈRE À L'AUTOMOBILE CLUB DE PROVENCE

Un super-malus de 20 000 pour les véhicules les plus polluants vient d'être voté par l'Assemblée. Est-ce selon vous une attaque contre les automobilistes ?

Une fois de plus, les automobilistes sont les premiers concernés par ces lois "dites écologiques". Nous ne parlerons pas "d'attaque" mais plutôt d'un "tour de magie" du gouvernement. D'un côté, il y a des efforts faits en direction des automobilistes, comme la prime écologique première version, et de l'autre, dès qu'il le peut, le gouvernement accroît la fiscalité sur l'automobile. Ce super malus consiste à réduire la commercialisation sur le marché français des gros 4X4 et SUV mais ce ne seront pas les seuls concernés. Même les gens modestes qui veulent un véhicule neuf seront touchés par cette augmentation de la fiscalité.

Pensez-vous que la hausse des taxes puisse être efficace pour lutter contre la pollution ?

Je ne pense pas. Le problème, c'est que l'on s'en prend toujours aux automobilistes qui estiment, comme nos adhérents en ont le sentiment, être pris pour des vaches à lait.

Dans le même temps, le bonus écologique pour l'achat d'un véhicule électrique sera revu à la baisse en 2021 et 2022... Un défaut de cohérence ?

On ne peut pas se plaindre d'une pollution accrue par les SUV et en même temps diminuer les primes d'aide à l'achat de véhicules se disant "propres". Vouloir éliminer petit à petit les véhicules polluants, car anciens, est une bonne chose, mais encore faudrait-il que le gouvernement puisse aider les automobilistes à financer leur nouvelle voiture. Baisser cette prime n'y incite vraiment pas. Ce n'est pas cohérent avec les objectifs annoncés.

Quelles autres mesures de lutte antipollution privilégieriez-vous ?

Nous préconisons le covoiturage mais ça reste compliqué, car chacun tient à son confort.

Qui veut la peau des SUV accusés de tous les maux ?

Le SUV vit-il ses dernières années ? Rien ne permet de le dire, mais des vents mauvais, très mauvais, se sont levés contre ce véhicule qui représente pourtant 40 % des voitures neuves immatriculées en Europe. Greenpeace a ouvert les hostilités, qualifiant, en plein salon de l'auto de Francfort, les SUV de "chars d'assaut urbains".

Paris réfléchit à leur faire payer le stationnement plus cher, Berlin à les interdire, Bruxelles à leur interdire l'accès à son agglomération. Tout est reproché aux SUV : de trop consommer, de trop polluer et d'être sans pitié pour les piétons qui auraient le malheur de se trouver sur leur chemin.

Le choc est plus souvent mortel en raison de leur face avant plus haute et verticale. La fronde anti-SUV est telle que les écologistes souhaitent désormais voir interdire les publicités pour ce type de véhicule. Mais est-ce assez pour décourager les automobilistes ? Pas sûr, selon Cyrille José, commercial chez BMW Station 7 à Marseille.

"Nos clients, assure-t-il, sont toujours attirés par les SUV. La question écologique ne les concerne pas vraiment... Dans le très haut de gamme, la taxation nous pénalise. Pour l'achat d'une M5 ou M8, facturé entre 120 000 >€ et 160 000 , il faudra rajouter 20 000  de super malus et 500  par cheval fiscal au-delà de 34 chevaux fiscaux, avec un plafond à 8 000 ." Pour faire face à cette situation, les marques commencent à s'adapter.

Certaines réfléchissent au retour des berlines ; d'autres à électrifier leur SUV ou les rendre hybrides, comme chez BMW. Sauf à se priver de leur principal moteur de croissance, il y a urgence pour les constructeurs à répondre à la fronde environnementale. Ce n'est pas impossible en raison du prix élevé de ces véhicules qui permettent d'intégrer les nouveaux coûts des mesures environnementales. Le SUV n'a pas dit son dernier mot.

On aurait pu penser que la hausse du malus sur les voitures les plus polluantes s'accompagnerait d'une hausse du bonus écologique pour l'achat d'un véhicule électrique. Il n'en est rien ! Même le montant de la prime actuelle n'est plus à l'ordre du jour.

Bien au contraire, le montant du bonus écologique pour l'achat d'un véhicule électrique*, actuellement fixé à 6 000 euros, baissera en 2021 et 2022. Le ministère de la Transition écologique et solidaire justifie cette décision par la baisse des prix de ce type de véhicules.

Pour 2021, l'enveloppe budgétaire du bonus est fixée à 400 millions d'euros et permettra, selon le ministère, de "soutenir plus de 130 000 véhicules". Le bonus passera à 5 000 euros pour les personnes physiques en 2021. En 2022, cette même enveloppe budgétaire descendra à environ 340 millions d'euros, pour plus de 160 000 véhicules et le bonus sera abaissé à 4 000 euros. Cette nouvelle baisse est justifiée par le recul attendu des prix des véhicules électriques qui, selon le ministère, "sera notamment accéléré par les nouvelles normes européennes sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, des constructeurs automobiles".

Autre mauvaise nouvelle pour les personnes désireuses d'acheter une voiture électrique, certaines catégories de véhicules ne pourront pas profiter pleinement du dispositif en 2020 : les véhicules dont le prix est compris entre 45 000 et 60 000 euros se verront attribuer un bonus réduit, à 3 000 euros, afin d'éviter "les effets d'aubaine". "Au-delà d'un prix de 60 000 euros(véhicules très haut de gamme), les véhicules ne seront plus éligibles au bonus, à l'exception des véhicules utilitaires légers (...) et des véhicules à hydrogène", a ajouté le ministère.

*Près de 40 000 véhicules électriques ont bénéficié du bonus en 2018 et 50 000 en 2019.

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