Automobile/Nostalgie. Talbot : la fête s'est achevée avec la Samba - Le Républicain Lorrain

A partir de 1979, toutes les Chrysler (marque rachetée par Peugeot) seront ainsi vendues sous le nom Talbot. Photo Talbot

C’est en 1978 que Peugeot rachète les activités européennes de Chrysler. Dans la corbeille de la mariée se trouve la marque Simca.

Chez Peugeot, pour clarifier une image de marque un peu brouillonne entre les blasons Simca, Matra, Matra-Simca, puis Chrysler, on décide de faire table rase du passé en ressortant de la naphtaline la marque Talbot.

A partir de 1979, toutes les Chrysler seront ainsi vendues sous le nom Talbot. Une marque promise à un bel avenir, promet on chez Peugeot, pour qui il était inconcevable de vendre les produits sous la marque Chrysler.

Lancer Talbot, mais avec quoi ?

Une nouvelle marque est née, il faut désormais lui donner quelque chose à vendre. Pour dynamiser cette marque, rien de tel qu’une petite voiture pour les jeunes.

Un segment où Simca est alors absent. Certes un projet de petite voiture a bien été étudié par les précédents propriétaires, mais la sortie de l’Horizon avait alors été jugée prioritaire.

Chez Peugeot on sait ce qu’il leur reste à faire, mais plusieurs obstacles font face à la détermination des équipes. Le rachat de Citroën est enfin à peu près digéré mais n’a pas encore porté ses fruits et les caisses sont vides.

Le coût du lancement de cette nouvelle marque est énorme et il va falloir faire avec un budget serré.

La Samba est la quatrième citadine dérivée de la petite Peugeot 104 après les LN, LNA et Visa.

Règle numéro un, ne pas reproduire les erreurs du passé

Le défi est compliqué : lancer rapidement une citadine, sans gros investissement, et sans faire une copie de 104. En effet, la première Citroën de l’ère Peugeot, la LN n’était qu’une 104 modifiée.

Une erreur qui lui sera reprochée toute sa carrière et que le lion ne peut reproduire chez Talbot. Une belle occasion de dynamiser l’image de marque de Talbot avec un produit jeune, à l’opposé des Visa et des vieillissantes 104 et LN ou Renault 5.

Pour des raisons de coûts, on reprendra donc la base la 104, tout en essayant de la distinguer.

Ultime clone de 104

La Samba sera donc la quatrième citadine dérivée de la petite Peugeot après les LN, LNA et Visa. Il faut donc faire face là encore à une manoeuvre délicate.

Se distinguer des autres sans les concurrencer frontalement, car elles font partie du même groupe et sont vendues dans le même réseau que les 104.

On décide alors de la sortir en 3 portes uniquement. Pour compenser cet handicap, elle sera par contre plus grande et plus habitable. Le châssis de la 104 est étiré de 15 centimètres.

On confie à la filiale anglaise le dessin, et il est plutôt réussi. L’honneur est sauf, la Samba n’est pas une 104 et apparaît comme presque moderne.

La Samba Cabriolet dessinée par Pininfarina redonne un peu d’espoir... Photo Talbot

Une dernière chance pour Talbot

A sa sortie pourtant les choses se compliquent. Le modeste budget communication alloué au lancement de la Samba fait douter de la bonne volonté de Peugeot.

Les débuts de Talbot ne sont pas à la hauteur des espoirs du lion et le réseau n’accroche pas. Composé bien souvent de concessionnaires Peugeot, les vendeurs rechignent à vendre à leurs clients des voitures perçues comme venant “de la concurrence”.

Pourtant avec son moteur Peugeot modernes de 1124 cm3 pour 50 ch elle dispose de solides atouts et d’une consommation très mesurée.

Droit dans le mur

L’arrivée des versions GLS de 1360 cm3 et 72 chevaux transforme la Samba en petite bombinette.

Avec la Rallye on parle même aux rallymen du dimanche. Mais rapidement elle se trouve éclipsée dans les yeux des passionnés par la 205 et sa version GTI autrement plus sexy.

La Samba Cabriolet dessinée par Pininfarina redonne un peu d’espoir, mais le vers est déjà dans le fruit. Mois après mois on voit la marque s’enfoncer, les gammes du constructeur se figer, et l’inéluctable arrive en 1986.

Peugeot arrête les frais et préfère achever Talbot et avec elle la Samba.