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Coronavirus: pourquoi l'automobile française lance un cri d'alarme - Challenges

Alors que les constructeurs auto annoncent timidement des plans pour redémarrer dans l'Hexagone, les équipementiers mas aussi les sociétés de service, vente et après-vente, lancent un cri d'alarme. En France, "70% des sites de production sont aujourd'hui fermés et les 30% restants enregistrent une activité équivalant à 20-40% de leurs capacités", affirme une enquête de la Fiev (Fédération des industries des équipements pour véhicules), diffusée vendredi 17 avril. Les trois-quarts des fournisseurs sont en outre commercialement à l'arrêt et "plus de 80% déclarent connaître une réduction de moitié au moins de leur activité globale, 60% une diminution de plus des trois-quarts". 64% des équipementiers interrogés par la fédération regroupant 120 groupes d'entreprises automobiles déclarent par ailleurs ne plus être livrés par leurs propres sous-traitants. Un constat dramatique.

Une autre étude, publiée ce mardi par le CNPA (Conseil national des professions de l'automobile) qui représente 142 000 entreprises de commerce et services de proximité, assure pour sa part que la vente et l'après-vente automobiles ont essuyé une " chute de 66,5% et 85% respectivement " de leurs activités. L'impact de la crise est également " brutal dans la distribution de carburants ". Sur les 1800 stations-services implantées en zone rurale, " 77% d'entre elles voient leur vente de carburant diminuer de 80% ", note l'étude. Quant aux loueurs de courte durée, bien qu'autorisés à continuer d'exercer leur activité à l'instar des métiers de l'après-vente, voient leur activité plonger " de 95 % depuis le début du confinement ". Le secteur du recyclage des véhicules "s'effondre de 90%", les écoles de conduite de… 100 %.!

Inquiétudes sur l'emploi

La trésorerie dans ce contexte devient "extrêmement tendue" selon la Fiev. Plus d'un tiers des adhérents interrogés déclarent ainsi avoir puisé dans leurs réserves, à hauteur "de 50 à 75%". Même si la filière automobile lui paraît mieux armée que lors de la crise financière de 2008-2009, le président de la Fiev Claude Cham n'excluait d'ailleurs pas, dans une récente interview à Challenges, des faillites d'entreprises. "Beaucoup de sociétés seront dans le rouge", prédisait-il. Pour les entreprises représentées par le CNPA, il reste "45 jours de trésorerie" à peine, avec une forte variation selon les secteurs et les tailles d'entreprises, "allant d'un mois pour les très petites entreprises à quatre pour les plus grandes ".

Bonne nouvelle: "80% des fournisseurs de l'automobile tricolores jugent les mesures d'urgence proposées par le gouvernement 'efficaces'. La presque totalité d'entre eux affirme d'ores et déjà avoir effectué une demande d'activité partielle. 73% ont effectué des demandes de report des échéances sociales ou fiscales, 71% ont demandé ou envisagent de bénéficier de remises d'impôts directs, souligne l'étude. 59% ont recouru –ou envisagent de recourirau PGE (prêt garanti par l'État)."

Bien que sans visibilité précise, 68% des équipementiers assurent qu'ils ont adopté un protocole sanitaire de reprise d'activité. Le besoin en masques de protection pour le premier mois de reprise est estimé à près de 3 millions. Mais, 80% de ces besoins ne sont… pas couverts aujourd'hui, affirment les industriels! S'ils attendent le redémarrage de leurs clients, les fournisseurs s'attendent à de graves tensions au niveau de l'emploi.  "40% des sociétés interrogées par la Fiev n'excluent pas un PSE (plan social d'entreprise)." C'est beaucoup. "Près de 9 équipementiers sur 10 pensent nécessaire à moyen terme la mise en œuvre d'un plan de relance pour préserver les emplois en France", souligne enfin l'étude de la Fiev auprès de ses mandants.

Des stocks de voitures neuves

La reprise de la production automobile se fera très progressivement, pour des raisons logistiques et industrielles. PSA n'a-t-il pas un total de 8.000 fournisseurs dans le monde, comme le signalait son président Carlos Tavares début mars? Un fabricant de composants comme Plastic Omnium en a 500 à son tour, pour ravitailler ses propres sites tricolores. Pas évident donc de tout relancer conjointement! Mais d'autres inconnues demeurent: l'incertitude sur la vitesse du redémarrage des achats de voitures  -à cause de la peur persistante des contagions et de la perte de pouvoir d'achat-, mais aussi le niveau élevé des stocks existants.

Il y a environ 400.000 voitures neuves sur les parcs dans l'Hexagone, selon le CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles).  Autant dire qu'il y a des voitures à écouler, même sans nouvelles productions… Pour toutes ces raisons, Plastic Omnium envisage ainsi des "niveaux de production fin avril équivalant à 5 ou 6% des capacités seulement, qui monteraient à 20-30% en mai, 50% en juin ". Pas de retour à de "bonnes cadences avant le second semestre" ! Le problème, c'est que, en aval, les pouvoirs publics n'ont pas autorisé les concessionnaires à rouvrir. Comment dès lors, écouler les stocks avant de reprendre la production ? PSA ne veut ainsi pas rouvrir les sites industriels avant que le commerce automobile ne soit de nouveau en activité.

La production automobile française devrait "descendre autour de 1,4-1,5 million de véhicules cette année en France", affirme Claude Cham. Soit un recul d'un tiers par rapport aux déjà médiocres 2,2 millions de l'an passé. Ce serait donc encore pire que lors de l'année noire 2013 (1,74 million). Ce point bas ferait retomber en 2020 la production auto dans l'Hexagone… au niveau du début des années 60.

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