
Ce sont les rêves qui gonflent les « bulles », et les déceptions qui les crèvent. Celle du moment s’appelle Nikola. Cotée en Bourse depuis juin, elle porte l’espoir d’un futur radieux pour les investisseurs audacieux. Depuis sa création, en 2014, son fondateur, Trevor Milton, présente des concepts de camions électriques, fonctionnant sur batteries ou avec de l’hydrogène et des piles à combustible. En six ans, aucun modèle n’a été produit, tout juste un terrain a-t-il été acheté, en 2019, dans l’Arizona, pour établir la future usine de la société, avec la promesse d’une production en série, en 2021.
Surfant sur l’engouement soudain des marchés pour l’automobile électrique, et pour la star du domaine, Tesla, la société, baptisée malicieusement du prénom de l’inventeur américain Nikola Tesla, s’est présentée comme son équivalent dans le secteur du poids lourd. Résultat, en faisant exploser le cours de Bourse de Tesla, les investisseurs ont également propulsé celui de Nikola. La société, qui n’a pour l’instant pas gagné un cent, vaut aujourd’hui deux fois plus que Renault et autant que PSA.
Et, aujourd’hui, consécration suprême, l’annonce de son alliance avec General Motors (GM) a fait grimper sa valeur de plus de 40 % et fait chuter lourdement Tesla de 21 %. Et a peut-être ainsi donné le signal d’un éclatement de la « bulle » des valeurs technologiques américaines. Jolie performance.
Le miracle de saint Nikola
Mais pourquoi donc GM, qui n’ignore rien de la légèreté de cet actif totalement surévalué, a-t-il pris le risque de s’allier avec Nikola jusqu’à y investir, sous forme de services rendus, l’équivalent de 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) pour détenir plus de 11 % du capital ? Parce que, justement, cette start-up apporte la part de rêve qui manque à la vieille dame de Detroit. Et d’ailleurs, le miracle de saint Nikola s’est déjà produit. A peine touchée par la grâce de l’annonce d’un rapprochement, l’action GM s’est envolée de près de 8 %. Un phénomène d’autant plus surnaturel, que, en vertu de leur alliance, GM fournira la batterie ou les piles à combustible et fabriquera les véhicules. Nikola se chargeant du style et de la vente.
Ce faisant, GM teste sa nouvelle stratégie qui consiste à vendre à d’autres constructeurs ses composants-clés. Il alimente ainsi ses futurs concurrents, mais il monétise sa recherche dans l’électrique à l’heure où la batterie représente plus du tiers de la valeur d’un véhicule électrique. Il avait déjà passé un accord de fourniture du même type avec Honda. Une stratégie à l’opposé de celle de Tesla qui entend tout fabriquer en interne, de la batterie à l’automobile. De plus, il trouve une marque vierge qui pourra abriter à l’avenir ses développements électriques sous le regard bienveillant des financiers de Wall Street. Cela valait bien une petite incursion au pays des rêves... électriques.
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