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L'ombre d'Apple sur le secteur automobile - Le Revenu

La firme à la pomme pourrait lancer une Apple Car, électrique et autonome, d’ici à 2024. Une telle perspective ne serait pas neutre pour le secteur.

«Nous n’avons pas été contactés», sourit Luca de Meo, le directeur général de Renault ce 19 février à la question d’un analyste financier lors de la présentation de ses comptes 2020 sur d’éventuels échanges avec Apple sur une coopération industrielle.

«Vous savez, nous sommes très liés à Google pour notre interface homme-machine et pour l’infotainment. Mais nous sommes ouverts à toutes les opportunités.»

À défaut d’attirer les regards, elle fait d’ores est déjà tourner la tête de bien des acteurs de l’industrie automobile : l’Apple Car, cette arlesienne de l’automobile qui prendrait la forme d’un modèle électrique, dotées d’une batterie aux capacités révolutionnaires, mais aussi parée pour la conduite autonome.

L’ombre de la firme de Cupertino plane de nouveau sur l’automobile mondiale. Chamboulée par une crise violente, chahutée par le phénomène Tesla qui marque son emprise sur le haut-de-gamme électrique, l’industrie se perd en conjectures sur l’arrivée – ou l’intérêt – d’Apple pour le secteur automobile.

L’hypothèse d’une arrivée d’Apple dans le secteur automobile n’est pourtant pas nouvelle : ses ambitions sont évoqués depuis 2014. Avant que le groupe dirigé par Tim Cook ne mette officiellement en 2016 un terme à son projet «Titan» de véhicule électrique.

Or, pour beaucoup, ce retrait n’a été que factice, Apple continuant à travailler en secret sur son offre avec un horizon évoqué désormais pour… 2024.

Rumeurs et démentis

Depuis quelques semaines, les rumeurs sont reparties de plus belle.

En fin d’année dernière, le sud-coréen Hyundai-Kia, qui pointe au 5ème rang mondial des constructeurs (6,4 millions de véhicules produits l’an dernier), a évoqué des discussions avec Apple. Avant de concéder début février que les échanges n’avaient pas abouti.

Conséquence : plus de 15% de baisse pour l’action Kia à Séoul et l’équivalent de 5 milliards de dollars de capitalisation effacés quand sa maison-mère Hyundai pouvait se contenter de 3 milliards de valorisation évaporés.

Le 16 février, c’est au tour du japonais Nissan de démentir des discussions avec Apple sur un projet de voiture autonome. Le tout en indiquant que «le groupe était ouvert à des coopérations et des partenariats afin d’accélérer la transformation de l’industrie». En pratique, le partenaire de Renault dans l’Alliance n’a pas démenti les informations du Financial Times selon lesquelles un «contact bref» avait bien eu lieu entre les deux groupes, sans remonter vers l’équipe de direction du constructeur.

Apple fait décoller les marchés auxquels il s'intéresse

Si les constructeurs marchent sur des œufs avec un tel sujet, c’est qu’Apple fait figure d’ogre avec sa capacité à bouleverser les marchés où il fait irruption. Il a changé la donne de la musique avec iPod, de la téléphonie avec l’iPhone en 2007 et fait véritablement décoller le marché des montres connectées, ce qui lui offre pour l’avenir une place de choix sur le marché de la e-santé.

La crainte des constructeurs ? Elle est double. Ils redoutent de voir le Californien s’emparer des segments les plus rentables de la chaîne de valeur automobile. Et pour le ou (les) constructeur(s) qui deviendrai(en)t son partenaire d’être renvoyé à un simple rang d’assembleur, à l’image de Foxconn avec Apple pour ses iPhones…

En fait, personne n’imagine que le groupe américain s’intéresse à l’automobile, un secteur aujourd’hui marqué par des surcapacités et des ruptures technologiques, pour ne pas chercher à en bouleverser la chaîne de valeur.

«Apple est attiré par les marchés où la combinaison entre matériel (hardware), logiciels et services crée une meilleure expérience», rappelait Tim Cook lors de sa conférence analystes des comptes 2020. Une définition qui correspond bien aux défis à relever pour l’industrie automobile.

«Les investisseurs sous-estiment sans doute l’impact financier d’une potentielle Apple Car», estime la banque Morgan Stanley dans une note début février. Elle y met en avant la capacité d’Apple à faire progresser la taille de chaque marché dont le groupe s’empare. A son apogée, l’iPod représentait trois fois le pic de ventes annuel du Walkman de Sony.

Aujourd’hui, les ventes d’Apple Watch sont supérieures à la totalité du marché de toutes les montres suisses, la référence en matière d’horlogerie de luxe.

«Autrement dit, appliquer une part de marché aux prévisions actuelles du marche des véhicule électriques revient sans doute à sous-estimer considérablement la taille réelle de l’activité d’Apple sur le segment automobile», estime Morgan Stanley.

La difficulté de faire le pari qu’Apple, de par son savoir-faire et sa discipline, rebattra les cartes de l’automobile n’a rien d’étonnant.

Si aujourd’hui, les constructeurs multiplient les projets vers des services liés à la mobilité, ils restent encore, dans leurs cultures et leurs méthodes, des industriels, concentrés sur l’objet «automobile» qu’ils cherchent à produire le plus efficacement.

91 milliards de cash flow

Demain, s’il franchit le pas, le groupe californien ne cherchera pas à vendre une nouvelle voiture électrique, aussi élégante et luxueuse soit-elle. Pas plus qu’il n’a cherché avec l’iPhone à commercialiser un simple téléphone.

Avec sa promesse de modèles électriques, bardés de processeurs, de logiciels et de services mis à jour à distance pour en faire demain des véhicules autonomes, Tesla s’inscrit clairement dans cette voie. Ce que explique en partie sa folle valorisation à 800 milliards de dollars.

Apple, avec ses 2.200 milliards de dollars de capitalisation boursière, ses 91 milliards de cash flow et ses 74 milliards de résultat net selon les anticipations des analystes pour 2021, a les moyens financiers de s’offrir un destin automobile. S'il le décide. Le pari n’est sans doute pas si fou.

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