Au détour d’un virage, sur la route bucolique qui traverse le bocage normand, l’usine fait irruption dans le paysage : vaste, animée, étirant ses bâtiments de part et d’autre de la départementale. Grande chose incongrue dans cette verte campagne. Voici le visiteur arrivé dans l’un des plus surprenants sites de l’industrie automobile française : le centre névralgique d’Acome, précisément à Romagny-Fontenay, petite commune accolée au gros bourg de Mortain-Bocage, dans le département de la Manche.
Equipementier atypique s’il en est, Acome, entreprise quasiment centenaire, est une coopérative spécialisée dans le câblage de haute technicité. Elle tente de se faire une place sur le marché grandissant d’une voiture de plus en plus électrique, connectée. Et donc de plus en plus branchée. « Nous créons ici le système nerveux de l‘automobile de demain, résume Aurélien Bergonzo, directeur de la recherche et du développement (R&D) d’Acome. Les voitures sont en train de devenir, plus encore que des smartphones sur roues, des data centers mobiles. »
La quantité de fils, cordons et autres câbles transportant soit du courant électrique, soit de l’information, est passé de 1,5 km par véhicule à 3 km aujourd’hui, et promet d’atteindre 4 km d’ici à cinq ans. Cela tombe bien, Acome, grosse PME de 2 000 salariés, fabrique du câble depuis 1932. Si les télécoms représentent la majorité (50 % en 2020) de son chiffre d’affaires, l’automobile est son deuxième pourvoyeur de commandes (40 % des ventes en temps normal, un peu moins en 2020, à cause de la pandémie de Covid-19).
« Plus d’innovation qu’on imagine »
Parmi les clients finaux d’Acome figurent de grands noms de l’industrie auto : les français Renault et Stellantis, les américains Ford et General Motors, les chinois Geely et BYD, très actifs dans le véhicule électrique. Et puis, c’est un peu la fierté du moment, Tesla semble apprécier particulièrement l’une des dernières innovations d’Acome, un câblage sans silicone isolant pour courant haute puissance (400 à 800 volts), caractérisé par sa grande flexibilité (donc pratique à loger dans l’espace contraint qu’est une voiture), par ses performances thermiques et par son prix de revient. « Ça part fort chez Tesla » se réjouit Philippe Rossier, directeur technique pour la branche auto.
Retour à Mortain. L’usine, ou plutôt les usines (elles sont six sur 43 hectares, occupant 1 000 personnes) est aussi, avec 100 chercheurs employés, le centre de R&D du groupe. « Le câble, c’est beaucoup plus de technologie et d’innovation qu’on imagine », explique Jacques de Heere, le PDG d’Acome. Cette science du câblage, on la trouve à la tréfilerie, où l’on va étirer presque jusqu’à l’infini de gros fils de cuivre (une bobine de 4 kilomètres se transforme en 8 bobines de 700 kilomètres) avec des outils diamantés dont la précision est de l’ordre du micron. On la trouve aussi à l’atelier final, où le fil est « toronné », c’est-à-dire tressé au bon niveau de flexibilité et de conductivité, puis recouvert de polymère et isolé
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