Search

Automobile : faut-il se convertir à l’E85 ? - Le Point

Autrefois, mais ce n'est pas un temps si ancien, il y avait deux chapelles avec, chacune, ses dévots. Essence ou diesel, le choix était relativement simple et chacun se déterminait en fonction de son usage, notamment le kilométrage annuel. Ce critère a dessiné un clivage Paris-province avec plus de véhicules à essence dans la capitale et les grandes villes alors que les territoires ruraux plébiscitaient le gazole. Il fut un temps où le carburant détaxé des tracteurs se retrouvait dans les réservoirs des voitures, mais l'État y a mis bon ordre.

Aujourd'hui, c'est une autre affaire, autrement plus complexe puisqu'aux deux protagonistes déjà cités s'ajoutent l'hybride, le tout-électrique et enfin l'E85, qui est une spécificité française en Europe. Ce carburant d'origine agricole et plus vertueux de la plante à la roue – il baisse les gaz à effet de serre à voiture égale de 72 % et les émissions de particules de 90 % – commence à vraiment intéresser quelques collectivités locales.

Face au problème qui se noue autour des voitures diesel antérieures à 2011 et essence d'avant 2006 qui n'auront plus accès au Grand Paris, la recherche de solutions alternatives a vite buté sur un mur. Alors que le législateur pensait faire la promotion de la voiture électrique, les faibles ressources des ménages menacés d'une interdiction de rouler dans les ZFE (zones à faibles émissions) ont vite démontré que c'était mathématiquement impossible. Et cela d'autant plus que les possesseurs de ces voitures polluantes estiment qu'elles peuvent encore rouler plusieurs années.

Amorti en six mois

Il semble que la région Île-de-France ait apprécié la situation dans toute sa réalité et ait trouvé, dans le cadre du bouclier social mis en place actuellement, la solution. Elle pourrait assurer une transition douce entre vieilles et nouvelles voitures sans bouleverser les finances des ménages. Avec beaucoup de pertinence, l'Île-de-France vient d'allouer une aide de 500 euros pour l'achat et l'installation d'un kit de conversion au bioéthanol E85, adaptable à tout moteur essence à compter de 2001.

Ce kit est cher, environ 1 000 euros, un peu moins (850 euros) pour ces voitures anciennes, mais le reste à payer, aide déduite de la région, pourra être amorti en une douzaine de pleins, soit quelques mois. En effet, le superéthanol-E85, actuellement à 0,8339 euro/l, est 60 % moins cher que le SP95-E10 à 2,0365 euros/l. Il permet d'économiser 900 euros de carburant par an pour un automobiliste qui utilise sa voiture tous les jours sur la base de 12 500 km/an et 7 l/100 km (prix au 24/06/22 – www.prix-carburants.gouv.fr/actualites/). Soit un amortissement en six mois dans l'état actuel de la fiscalité, bien sûr, qui instrumente ce différentiel de prix à la pompe.

Avec près de 3 000 stations-service en France délivrant de l'E85, il n'y aura guère de problèmes de ravitaillement d'autant que le boîtier de conversion est capable de s'adapter indifféremment à du E10, du SP95 ou SP98 et même au mélange de ces carburants, quelles qu'en soient les proportions. Cette aide de la région Île-de-France ne sera activée administrativement qu'à partir du 1er octobre et jusqu'au 31 décembre, mais, en attendant de déposer le dossier (https://mesdemarches.iledefrance.fr), on pourra anticiper dès maintenant ce montage.

Faire vite pour bénéficier du plan

En effet, les 15 millions d'euros alloués à cette opération permettront de réaliser 35 000 conversions. À condition qu'elles soient effectuées dans un atelier agréé, avec un équipement homologué, sur un seul véhicule (maximum 10 CV) du foyer en résidence principale en Île-de-France, les convertis pourront partir en vacances en réduisant immédiatement de 40 % leur budget carburant. Car il faut tenir compte d'un bémol, les régions de province qui avaient déjà mis en place ce genre d'aide (Grand Est, Hauts-de-France et Sud) se montrent plus timorées avec des conditions de ressources ou une réduction de 500 à 250 euros depuis le 1er juillet en région Sud.

Un paradoxe, car c'est bien dans les territoires ruraux qu'on roule le plus. Dernier point sujet à débat, alors qu'une nouvelle carte grise, assez souvent gratuite, est émise pour consacrer cette modification technique vertueuse, la vignette Crit'Air ne change pas au prétexte que le véhicule transformé pourrait de nouveau rouler à l'essence. À plus de deux euros le litre, c'est sans doute d'un masochiste qu'il est question.

Adblock test (Why?)

https://www.lepoint.fr/automobile/automobile-faut-il-se-convertir-a-l-e85--06-07-2022-2482282_646.php

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Automobile : faut-il se convertir à l’E85 ? - Le Point"

Post a Comment

Powered by Blogger.