
Les constructeurs automobiles sont passés du cheval-vapeur aux kilowatts en moins de temps qu’il n’en faut pour abattre l’épreuve du 0-100 km/h au volant d’une voiture électrique. L’avenir est tracé et ils l’embrassent à grand renfort de concept-cars visionnaires, égrenant sans attendre la liste de leurs futurs modèles. Les moteurs thermiques seront bannis en 2035 ? Qu’à cela ne tienne. D’Audi à Volvo, en passant par Ford, Mercedes ou Renault, la plupart des gammes seront tout électriques dès 2030, voire plus tôt.
Cet enthousiasme, pourtant, apparaît largement surjoué. Obligation imposée de l’extérieur, l’abandon du moteur à essence suscite, à des degrés divers, une sourde hostilité parmi les marques. Ce ne sont pas des évolutions du marché ou des choix technologiques dictés par les ingénieurs, mais des normes, expression d’un choix politique, qui dictent le type de moteur qu’il faudra loger sous le capot des voitures.
Or l’industrie automobile, qu’elle soit européenne, japonaise ou américaine, n’était pas demandeuse d’un changement aussi radical qui remet en cause ses traditions techniques, mais aussi son modèle économique, menace ses emplois et fait surgir de nouveaux concurrents, en particulier les pure players que sont l’américain Tesla ou les firmes chinoises.
Face à l’accélération de la transition vers l’électrique, les groupes automobiles font le grand écart. Pendant qu’ils célèbrent les vertus environnementales de la « watture » (contraction de watt et de voiture) auprès des consommateurs, ils continuent de déployer un lobbying actif pour obtenir de l’Union européenne qu’elle assouplisse le calendrier conduisant à l’interdiction des moteurs thermiques.
Rendue publique le 10 novembre par la Commission européenne, la proposition de norme Euro 7, qui doit entrer en application en 2025 ou 2026, ne durcit que très modérément les contraintes imposées aux moteurs thermiques (le diesel est le principal concerné). Le surcoût, estime Bruxelles, serait compris entre 90 et 150 euros par véhicule. Un choix que condamne l’organisation environnementale Transport & Environment, convaincue que « ce choix va conduire à laisser circuler près de 100 millions de véhicules polluants supplémentaires ».
« Une décision dogmatique »
Soutenues par leur gouvernement, les marques françaises et allemandes plaident pour que les véhicules hybrides rechargeables soient épargnés. En vain pour l’instant, mais elles ont obtenu qu’en 2026 une clause de revoyure permette de réexaminer cette question et de se pencher sur celle des carburants de synthèse. L’industrie automobile se garde d’en parler ouvertement, mais elle n’a pas tout à fait abandonné l’idée d’un report du bannissement des motorisations essence au-delà de 2035. Encore un instant, monsieur le bourreau…
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