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L'essence de synthèse fait ses premiers pas au Chili avec Porsche et Siemens Energy - Les Échos

Publié le 23 déc. 2022 à 17:20

Les premiers litres d'essence de synthèse ont été produits mardi au Chili. « C'est un événement historique », a salué le ministre chilien de l'Economie, Nicolas Grau, lors de l'inauguration de l'usine dont la construction a débuté en septembre 2021. « Cette industrie va, à partir du vent, de l'eau, du captage du carbone, produire un carburant totalement neutre en carbone. Nous sommes très fiers du leadership du Chili dans ce domaine », a-t-il ajouté.

Produire un carburant de synthèse n'est pas une idée nouvelle. Les historiens estiment que ce type de combustible a satisfait un tiers des besoins de l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais contrairement aux procédés de fabrication de l'époque (principalement basés sur l'utilisation du charbon ou du gaz naturel), ce « e-carburant » produit au Chili est obtenu en mélangeant de l'hydrogène vert et du dioxyde de carbone (CO2).

Commercialisation attendue en mars 2023

Le premier composant est obtenu à partir de l'eau, par un processus d'électrolyse (séparation de l'hydrogène et de l'oxygène). Dans l'usine de Punta Arenas, l'électricité utilisée pour ce procédé est produite par des éoliennes, grâce aux vents forts qui soufflent en permanence en Patagonie chilienne. Le CO2 est quant à lui capté dans l'environnement par filtrage.

La combinaison des deux, par un processus de synthèse, génère un « e-méthanol » qui peut être utilisé dans n'importe quel véhicule. Selon HIF, la société propriétaire de l'usine, la commercialisation de ce combustible devrait commencer en mars 2023. D'ici 10 ans, l'entreprise chilienne aspire à disposer de six usines afin d'approvisionner 5 millions de voitures.

Une innovation portée par Porsche et Siemens Energy

Si ce projet a pu voir le jour, c'est grâce à l'association, entre autres, de Siemens Energy et du constructeur automobile Porsche. Des dirigeants des sociétés étaient d'ailleurs présents à la cérémonie de démarrage, lorsque les premiers litres de ce carburant ont été versés dans le réservoir d'une Porsche 911 Carrera, « particulièrement adaptée à l'utilisation des e-fuels » selon l'entreprise automobile.

« Porsche a été fondée avec un esprit pionnier. […] Nous nous épanouissons dans l'innovation. Nous nous considérons également comme des pionniers en matière de carburants renouvelables, et nous voulons en faire avancer le développement », a déclaré Michael Steiner, membre du directoire chargé de la recherche et du développement.

Pour le constructeur automobile, dont la réputation se fonde en partie sur les modèles historiques (70 % des Porsche vendues sont encore en circulation), le « e-fuel » est une solution de premier plan pour justifier d'une empreinte carbone neutre dès 2030. Pour espérer y arriver, Porsche et Siemens prévoient de produire 130.000 litres d'essence de synthèse d'ici à la fin de 2022 et 550 millions de litres en 2026.

Une alternative au 100 % électrique ?

Ces carburants de synthèses sont-ils à même de prolonger la durée de vie des moteurs thermiques ? Fin octobre, l'Union Européenne a voté un accord sur la fin des voitures thermiques d'ici 2035, sur les recommandations de la Commission Européenne dans son plan « Fit for 55 » . Mais cette mesure est loin de faire l'unanimité.

Dans une interview aux « Echos » , le Commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a déclaré redouter les potentiels effets pervers que pourrait engendrer la fin des technologies de moteurs à explosion. Il craint notamment des répercussions négatives sur l'emploi, les prix et la dépendance vis-à-vis de certaines matières premières (nickel, lithium, cobalt et graphite). Un carburant « neutre » en carbone, puisque produit à partir d'énergie renouvelable, semble donc être un remède miracle.

Coûts trops importants et particules fines

Mais plusieurs problèmes se posent, à commencer par le prix. Frans Timmermans, vice-président de la Commission chargé du Pacte Vert, juge le coût de ces carburants de synthèse « exorbitants » , ce qui en fait, selon lui, une option « pas réaliste ».

L'homme politique néerlandais n'est pas le seul à être pessimiste au sujet des « e-carburants ». Pour plusieurs ONG, dont Transport et Environnement (T & E), les combustibles de synthèse émettent autant d'oxyde d'azote (NOx) que les combustibles fossiles. L'étude d'IFP Energies , citée par T & E, montre également que les automobiles roulant à l'« e-fuel » émettent plus de monoxyde de carbone et d'ammoniac que les autres.

Enfin, « 2 milliards de particules seront encore émises pour chaque kilomètre parcouru ». Les ingénieurs ont encore 4 ans pour innover et prouver à l'Union européenne que le carburant de synthèse peut être une alternative fiable à l'électrique, avant la clause de revoyure adoptée pour 2026.

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