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Automobile : l'Allemagne obtient gain de cause sur le maintien des e-carburants en Europe - Les Échos

Un grand pas a été franchi dans le psychodrame qui se joue à Bruxelles depuis trois semaines sur les émissions de CO2 des voitures, et menaçait de remettre en cause l'ambitieux programme climatique de l'Union européenne. Le vote de la loi européenne mettant fin à la vente de moteurs thermiques en 2035 au sein de l'Union devrait finalement intervenir dans le cadre de la réunion des ministres de l'énergie, mardi à Bruxelles.

L'UE et l'Allemagne ont conclu un accord qui règle le contentieux ayant bloqué le vote final de ce texte européen majeur. Contre toute attente, Berlin avait torpillé celui-ci - pourtant voté par le Parlement et le Conseil européen - à la dernière minute, dans une volte-face inédite à ce stade de la procédure, déclenchant une vague de protestations à Bruxelles .

Pataquès

L'accord trouvé samedi autorise la poursuite au delà de 2035 des moteurs thermiques à carburants de synthèse, comme l'Allemagne l'appelait de ses voeux. « La voie est libre : l'Europe reste neutre sur le plan technologique. Les véhicules équipés d'un moteur à combustion pourront être réimmatriculés après 2035 s'ils utilisent exclusivement des carburants neutres en termes d'émissions de CO2 », s'est félicité samedi dans un tweet le ministre allemand des Transports, Volker Wissing.

La tension était forte ces derniers jours, alors que les chefs d'Etat étaient réunis pour un sommet européen jeudi et vendredi . Le sujet n'était pas à l'ordre du jour mais s'est invité aux débats et a fait l'objet d'une discussion en tête à tête entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz. Le chancelier allemand avait besoin d'un accord en amont d'un séminaire gouvernemental tendu dimanche soir à Berlin.

Les partenaires écologistes et libéraux de sa coalition sont en effet à couteaux tirés et étalent désormais leurs dissensions au grand jour. Avec la victoire remportée par le FDP sur les e-carburants, Olaf Scholz espérait réduire la fébrilité de son partenaire le plus fragile politiquement. Une condition pour avancer sur d'autres sujets de blocages au sein de son gouvernement. Le projet de loi budgétaire 2024 est en particulier toujours dans les limbes.

Nombreuses critiques

« Nous allons maintenant travailler à faire adopter dès que possible les normes CO2 pour les réglementations automobiles », a déclaré Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, chargé du Pacte Vert.

L'UE doit désormais établir une disposition - qui prendrait la forme juridique d'actes délégués - permettant de classer les voitures fonctionnant aux e-carburants comme neutres en carbone. « Nous voulons que ce processus législatif soit terminé à l'automne 2024 », a insisté Volker Wissing.

L'Italie, ralliée à l'Allemagne, a estimé que cet accord ouvrait la voie à la reconnaissance de ces carburants synthétiques comme technologie zéro émission. Il a cependant fait l'objet de nombreuses critiques, y compris outre-Rhin. Comme l'économiste membre du conseil des Sages Veronika Grimm, l'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer pointe les coûts élevés de la production de carburants synthétiques et leur « bilan énergétique effrayant » du fait de la forte quantité d'électricité nécessaire pour les produire.

Les Chinois et les Américains vont creuser l'écart avec l'industrie européenne dans le domaine de la voiture électrique en raison des nouvelles incertitudes en matière d'investissement.

Ferdinand Dudenhöffer Experte automobile

Selon lui, le manque de professionnalisme de la Commission européenne, qui n'avait pas pris au sérieux ses engagements initiaux vis-à-vis de l'Allemagne, fragilise les chances de l'UE de s'imposer sur le marché de l'électromobilité en ouvrant plus grand la porte au moteur à combustion.

Déjà, le ministre des Finances allemand Christian Lindner a promis ce week-end des avantages fiscaux en Allemagne aux voitures fonctionnant avec des carburants synthétiques. « Les Chinois et les Américains vont creuser l'écart avec l'industrie européenne dans le domaine de la voiture électrique en raison des nouvelles incertitudes en matière d'investissement », conclut Ferdinand Dudenhöffer.

Le Parlement doit encore se prononcer

« Le texte est inchangé. La règle des 100 % de voitures zéro émissions en 2035 est maintenue », a cependant assuré Pascal Canfin, eurodéputé Renew Europe, président de la Commission Environnement du Parlement européen, l'un des plus virulents contre la volte-face allemande.

Il a prévenu qu'il suivrait de près la « légalité » des futures règles que doit préciser la Commission et qu'il veillerait notamment à ce que « le critère « 100 % e-fuel » soit bien contrôlable et effectif pour éviter toute rupture avec notre engagement de neutralité climat ».

Pour sa part, Karima Delli, députée Les Verts-ALE, a dénoncé un « scandale absolu ». « Les carburants de synthèse constituent une fausse solution pour atteindre la neutralité carbone » a-t-elle soutenu. Le parlement ayant le pouvoir de bloquer le futur règlement, il n'est pas exclu que cette « saga » connaisse d'autres rebondissements.

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