
Après Aulnay fermé en 2013, Poissy était sur la sellette. Les experts estimaient que le site PSA (devenu Stellantis en 2021) des Yvelines suivrait l’exemple de celui de Seine Saint-Denis. Dix ans après, cette vieille usine née en 1938 qui a fabriqué des Matford, Ford, Simca, Chrysler, Talbot, Peugeot, Citroën, est toujours là. Ce sera même bientôt la seule usine d’assemblage auto de la région parisienne, quand le site Renault de Flins cessera sa production de Zoé et de Nissan Micra en 2024. Citroën a fermé les chaînes du quai de Javel en 1975, celles de Levallois en 1988. Renault a stoppé le site de Billancourt en 1992.
Poissy espère même "produire 150.000 unités en 2023, revenant au niveau pré-Covid de 2019", explique à Challenges Stéphane Gelas, directeur du site. Avec trois équipes. Certes, avec ses 3.000 personnes, Poissy est loin des 24.000 employés des années 80 ! Mais cette usine, aux relations sociales historiquement conflictuelles, est devenu un site phare. Même si elle ne paye pas de mine, visuellement, avec ses austères murs gris et vétustes qui mériteraient un coup de peinture.
500 euros de plus par voiture
Poissy a ainsi étrenné en fin d’année 2022 l’assemblage du premier véhicule électrique du groupe Stellantis doté de la nouvelle motorisation dite zéro émission développée avec le japonais Nidec, à savoir le petit SUV DS3 E-Tense de 156 chevaux à puissance et autonomie nettement accrues. Un moteur qui arrivera ensuite sur l’Opel Mokka E, le deuxième modèle fabriqué par Poissy, mais aussi sur la Peugeot e-208 assemblée en Slovaquie. "Poissy détermine tous les développements sur les modèles électriques", s’enorgueillit Stéphane Gelas, en nous recevant dans un bâtiment lugubre, qui sert de bureau collectif à une... cinquantaine de personnes.
Le "made in France" automobile est donc possible. C’est même le seul site avec Toyota à Valenciennes qui fabrique des petits modèles en France – si l’on excepte le reliquat de production à Flins. La surface de production de l’usine est, il est vrai, passée de 175 à 125 hectares entre 2018 et 2022. Et, en 2019, le site a adopté une seule ligne de production au lieu de deux. Certes, "notre prix de revient en fabrication est de 500 euros supérieur à celui de nos usines en Slovaquie, Pologne ou au Portugal", note le directeur. Mais "beaucoup de nos achats de composants se font dans des pays à bas coûts." Et "nous sommes situés au cœur de nos marchés importants comme la Grande-Bretagne, le Benelux, l’Allemagne, la France, et ce positionnement géographique nous permet d’économiser plusieurs centaines d’euros de frais logistiques, qui compensent les surcoûts de production", assure Stéphane Gelas. Poissy exporte 88% de sa production, composée à 90% d’Opel Mokka (135.000 prévus cette année, contre 15.000 DS3 à peine).
Gagner 30 ou 40% en coût de revient
"Nous avons aussi le taux d’absentéisme le plus bas des usines Stellantis en Europe", s’enorgueillit Stéphane Gelas. Et la "valeur ajoutée sur un poste de travail est bonne", avec une rapidité d’action parmi les meilleures du constructeur automobile. Il n’en reste pas moins que les sites les plus performants de Stellantis en Europe demeurent... Trnava (Slovaquie), Vigo, Saragosse ou Madrid (Espagne), selon le dirigeant. Et rien n’est jamais acquis. La France bénéficiait ainsi jusqu’ici d’un avantage-clé comme une énergie bon marché. Mais las : le coût de l’énergie est "passé en deux ans de 50 euros par voiture à 300", indique le directeur du site. Et ce, malgré un plan d’action qui a permis de baisser "de 39% en 2021-2022 l’énergie consommée par véhicule produit." Un réel danger dans la compétition permanente entre usines.
Le principal défi de Poissy, c’est désormais de baisser les coûts de production des modèles électriques, qui représentent 40% de la production de Poissy aujourd’hui, pour rendre les prix enfin abordables pour le client. Un SUV Opel Mokka électrique est facturé au client 39.400 euros en version Elégence, contre 27.850 pour le même véhicule avec moteur essence de 130 chevaux et boîte automatique. Rude gageure. "Il faut encore gagner 30 ou 40% en coût de revient", prévient Stéphane Gelas !
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