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Voitures électriques : ces métiers qui vont voir le jour et ceux qui vont disparaître - La Tribune.fr

« Le secteur va encore plus évoluer dans les dix prochaines années qu'il ne l'a fait depuis cinquante ans », affirme Caroline Cohen, directrice emploi et compétences de PFA, l'association qui réunit les acteurs de la filière automobile. Un constat partagé par les professionnels du secteur, au premier rang desquels les constructeurs. Face au tsunami annoncé, le groupe Stellantis a d'ores et déjà anticipé la création de 1.200 emplois en France cette année en soulignant « que la transition énergétique impose une évolution sans précédent de l'outil de production ». De son côté, le gouvernement mise sur son plan France 2030 qui prévoit 54 milliards d'euros d'investissements pour les cinq prochaines années, dont 100 millions pour la filière automobile afin de favoriser le développement de l'électrique acté par Bruxelles avec la fin des véhicules thermiques neufs pour 2035.

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Mais ces annonces ne masquent pas les suppressions de postes en cascade. On compte près de 85.000 emplois perdus ces dix dernières années liés à la fabrication des moteurs thermiques, avec un déclin de 2,2% chaque année et 65.000 autres pourraient disparaître d'ici 2030 en France, selon l'un des scénarios de PFA. Une projection qui ne touchera pas les bassins d'emplois ni les entreprises de la même façon.

Les petits équipementiers en première ligne

Les premiers touchés par les suppressions d'emplois seront les équipementiers appelés de « deuxième et troisième rangs », c'est-à-dire les petites et moyennes entreprises spécialisées dans métiers du décolletage, du caoutchouc, de l'emboutissage ou de la fonte. C'est dans ces domaines que la majorité des postes ont été supprimés. Si les équipementiers les plus importants ont déjà anticipé la transition électrique en réadaptant leur production, les petits équipementiers français sont le plus souvent spécialisés dans la production de certaines pièces du moteur thermique. Ceux-ci subissent à la fois la baisse des ventes des véhicules thermiques qui entraîne une baisse des emplois, mais aussi un manque de compétitivité dans le futur.

En effet, les voitures à moteur thermique seront vendues essentiellement dans les pays en développement où le pouvoir d'achat est moins élevé qu'en Europe et les volumes seront plus faibles : il faudra donc produire des véhicules à petits prix. Les constructeurs se tourneront plutôt vers des équipementiers situés en Europe de l'Est où la main-d'œuvre est moins coûteuse.

Pour la filière comme pour l'Etat, l'enjeu se situe au niveau de l'acceptabilité du changement dans ces secteurs particulièrement impactés par la transition écologique. Le Grand Est est la région qui concentre une grande partie de ces métiers qui vont disparaître, et ce n'est pas celle qui accueillera les prochaines grandes usines vecteur d'emplois.

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Des gigafactories créatrices d'emplois... ailleurs

Malgré la suppression de postes déjà effective, les constructeurs comme Renault assurent vouloir garder leurs employés lors des transformations d'usines de fabrication de voitures thermiques en électriques. Dans le Nord, trois gigafactories vont voir le jour : ACC pour Stellantis près de Lens en 2024, Envision à Douai pour Renault ou encore l'entreprise Verkor à Dunkerque en 2025. Ces trois projets pourraient générer entre 5.500 et 7.500 emplois directs et des dizaines de milliers d'emplois indirects. « Ce sont des créateurs d'emplois comme on en a pas vu depuis 50 ans », se réjouit Caroline Cohen.

Des projets de recyclage des batteries se mettent en place en Nouvelle-Aquitaine ainsi que plusieurs entreprises liées à la production de piles à combustible pour les moteurs à hydrogène en Auvergne Rhône-Alpes. En tout, la Pfa a recensé près de 70.000 embauches en lien avec l'électrification mais qui ne seront pas dans les mêmes bassins que les métiers qui sont amenés à disparaître. Le Nord sera le plus gros bassin d'emplois dans l'industrie si les constructeurs parviennent à attirer les talents.

Comment attirer les nouveaux talents dans l'industrie ?

Toyota a par exemple annoncé en juillet dernier l'embauche de 500 CDI d'ici fin 2024. Le président de la plateforme de manufacturing, Jim Crosbie, a estimé que les gigafactories n'avaient pour l'heure pas d'effets sur le recrutement. Mais il n'a pas caché son inquiétude quant au manque de main-d'œuvre à venir.

« Le recrutement est difficile, les jeunes veulent d'autres modes de travail avec un équilibre plus important entre le temps personnel et le temps professionnel. Si nous ne rémunérons pas assez, ils partent ailleurs », a expliqué le groupe japonais.

Une transition des formations

Afin de répondre à ces enjeux de transformation, c'est en amont que l'on s'active. Les agences d'intérim ou encore les associations professionnelles comme Avere France développent des programmes de formations adaptés à la transition. Ce dernier aura ainsi sensibiliser près de 15.000 élèves à la fin de l'année, principalement des étudiants, à ces nouveaux métiers. Chez Manpower, la division conseil a été renforcée, passant de 250 personnes à 800 personnes en 1 an et demi afin de répondre à cet enjeu. Au sein de l'entreprise, près de 8.000 intérimaires travaillent dans le secteur de l'automobile.

Avec l'électrification, les postes changent et les compétences également. Il faudra désormais plus d'expertise dans l'électronique et l'informatique et moins dans la mécanique. Tous les corps de métiers, des ouvriers aux ingénieurs, seront impactés.

Selon Pfa : « il y aura de plus en plus de porosité entre les secteurs notamment avec l'énergie et le recyclage ». Le projet France 2030 a d'ailleurs investi 2,5 milliards d'euros pour accompagner la transition de ces compétences.

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Le secteur en aval plus serein

En aval du secteur, soit les métiers de réparation, d'entretien des véhicules ou de la vente, l'esprit est plus serein.

« Aujourd'hui, le véhicule thermique est connecté donc nous avons déjà pris le virage de l'électronique depuis une dizaine d'années au niveau des métiers de la maintenance. Les ventes de véhicules électriques sont en hausse donc les vendeurs se sont aussi adaptés. Les autres métiers se transforment progressivement mais nous sommes moins impactés que les constructeurs. Pour le moment, seulement 2% du parc automobile est électrique », rassure Dominique Faivre-Pierret, déléguée général de l'Association nationale pour la formation automobile (ANFA).

Mais pour combien de temps ? Dans l'association, on s'inquiète de l'évolution de la mobilité et du rapport à la propriété qui pourraient changer une grande partie du secteur automobile. Le véhicule électrique est aussi réputé pour avoir moins de problèmes d'entretien et de réparation de pièces, ce qui va entraîner une baisse du chiffre d'affaires des garagistes. De manière générale, toute la filière s'accorde à dire que, plus la transition sera anticipée, mieux elle sera acceptée socialement et économiquement. Mais le temps presse, l'ensemble des métiers a un peu plus de 10 ans pour se transformer.

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