
La semaine dernière, les constructeurs automobiles ont tous dévoilé leurs résultats avec, à chaque fois, des chiffres d'affaires en hausse. Stellantis a même enregistré la meilleure rentabilité du monde à 14%, loin devant l'américain Tesla et ses 10% et Renault a battu un record vieux de 24 ans pour sa marge opérationnelle, à plus de 7%. Même hausse du chiffre d'affaires pour les constructeurs allemands bien que le groupe Volkswagen voit son bénéfice diminuer de 3,1% lié, entre autres, aux investissements importants réalisés. Les records pleuvent, mais jusqu'à quand ? Car cette progression masque en réalité plusieurs failles, qui pourraient bien se retourner contre les constructeurs européens, et ce, dès le prochain semestre.
Un arrêt des hausses de prix
L'augmentation des bénéfices de tous les constructeurs automobiles s'explique en premier lieu par les hausses de prix des véhicules effectuées ces dernières années pour amortir l'inflation. En outre, avec les pénuries de voitures liées à la crise des semi-conducteurs des années précédentes, l'offre était inférieure à la demande ce qui faisait pencher la balance du côté des constructeurs. Sauf que, ces derniers temps, la demande s'essouffle, surtout chez les particuliers. Les constructeurs accumulent les stocks, et cela coûte cher. Le prix des matières premières tend également à diminuer. Résultat de l'opération : certains constructeurs commencent à questionner le coût des voitures.
Le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares a déclaré ne pas avoir l'intention « de geler les prix à des niveaux qui ne sont pas compétitifs » tandis que son concurrent direct, le directeur général de Renault, Luca de Meo estime que l'augmentation du coût des voitures va ralentir au second semestre. De là à baisser significativement les prix ? Hors de question pour les constructeurs européens, estimant que cela entrainerait une dévalorisation du produit et une baisse de leur valeur à la revente.
Pour les analystes en revanche, il faudra bien diminuer les prix des véhicules dans les années à venir, comme l'a fait récemment l'américain Tesla. Elon Musk avait justifié des rabais de plusieurs milliers d'euros par une volonté de gagner davantage de parts de marché. En réalité, l'américain souffrait aussi du manque de demande qui faisait gonfler ses stocks de véhicules et qui commençait à coûter cher au constructeur.
Tout miser sur les SUV
En outre, les très bons résultats présentés ce semestre s'expliquent également par la très bonne forme des ventes de SUV et de modèles premium de tous les constructeurs, deux segments de marché aux marges importantes. D'ailleurs, Renault le confirme dans son communiqué : « la politique commerciale du Groupe orientée vers la création de valeur se poursuit sur les canaux les plus rentables : ventes à particuliers, versions haut de gamme et segment C ». Même son de cloche côté allemand, où le marché est porté par les véhicules haut-de-gamme.
Or, selon les derniers chiffres publiés par AAAdata, près de 90 % des personnes qui achètent des SUV sont aisés ou très aisés avec des revenus annuels supérieurs à 40.000 euros par an. Quid du reste de la population ?
Les constructeurs européens ont mis de côté le segment des citadines, moins rentable. S'ils souhaitent se relancer l'année prochaine là-dessus avec plusieurs modèles annoncés, notamment électriques, à moins de 25.000 euros, ils devront faire face aux constructeurs chinois qui présentent des prix parfois 10.000 à 15.000 euros moins élevés.
Cette montée en gamme est risquée pour les constructeurs jugés plus « populaires » comme les marques Renault ou Peugeot, selon les analystes. En effet, si ces segments sont plus rentables, ils se heurtent désormais aux constructeurs allemands et à Tesla, plus installés dans le paysage des voitures premium.
La Chine, marché fragile
Enfin, les chiffres le démontrent un peu plus chaque semestre : le marché chinois est de plus en plus difficile à percer. Et les premiers à en faire les frais sont les constructeurs allemands. D'un côté, Volkswagen a vu ses livraisons baisser de 1,2% en Chine, là où il réalise portant 40% de ses ventes. De l'autre, Mercedes a quant à lui vu ses ventes chuter de 9% dans ce pays. Dans les résultats du groupe Renault, Luca de Meo, le directeur général, n'a pas manqué de faire référence à cette difficulté : « Il y a deux ans tout le monde me disait que c'était un problème de ne pas être en Chine, mais ça devient un challenge pour certaines marques présentes là-bas ».
Cette difficulté vient de la concurrence féroce sur le marché chinois avec les constructeurs locaux, qui se sont fortement développés ces dernières années. Résultat : pour le cabinet de conseil AlixPartners, les constructeurs chinois devraient répondre à 51% de la demande chinoise en 2023, puis atteindre 65% du marché en 2030. Autant de parts de marché que devront regagner ailleurs les constructeurs européens à l'avenir dans d'autres parties du monde, sous peine de voir leurs bénéfices fondre comme neige au soleil.
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