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Automobile : l'Europe unie contre le reste du monde - Le Journal du dimanche

Depuis le début de la semaine, au Messe de Munich (Allemagne), l’équivalent du parc des expositions de la porte de Versailles à Paris, l’ambiance est morose. C’est ici que se tient tous les deux ans (et jusqu’à ce dimanche) le salon de l’Automobile, organisé en alternance avec le Mondial de l’auto de Paris. Mais cette année, les allées sont désertées. Les exposants sont essentiellement des équipementiers qui s’adressent à des professionnels. Pour tenter d’égayer les lieux, les organisateurs ont disséminé les constructeurs un peu partout dans les six halles, mais les stands sont petits. Chez Mercedes-Benz, seulement deux voitures sont présentées : la nouvelle Classe E et un concept car, la Vision One Eleven. Chez Renault, le nouveau SUV-coupé Rafale côtoie le nouveau Scenic, qui n’est plus un monospace compact mais un SUV 100 % électrique. Le groupe Volkswagen a regroupé toutes ses marques et rassemble une demi-douzaine de voitures dont l’ID GTI, héritière électrique de l’iconique Golf… Les Allemands n’aimeraient plus les voitures ? Les militants de l’anti-voiture auraient-ils gagné leur lutte absurde ? Non, au contraire ! Mais en réalité, dans la capitale bavaroise, la fête se déroule en plein centre-ville et plus dans le salon. De la place de l’Opéra à celle du roi de Bavière, les rues ont été aménagées avec des stands plus impressionnants les uns que les autres. Et bonne nouvelle, ce salon à ciel ouvert est totalement gratuit. Seul nuage : une cinquantaine d’écolo-grincheux manifestent aussi silencieusement que roule une voiture électrique.

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Sur près d’un hectare, face au Bayerische Staatsoper, la salle qui a vu les premières des opéras de Mozart et de Wagner, l’« usine bavaroise de moteur » (BMW en français, ndlr) rappelle qu’elle joue à domicile. Ici, elle présente ses nouvelles Série 5 et Série 7 électriques ainsi que ses Mini, elles aussi électriques. Elle dévoile aussi la première limousine 100 % électrique de l’histoire, l’i7 Protection. « Son niveau de blindage est VR 9, le plus élevé. Elle résiste à un feu nourri de fusil d’assaut, à des tirs de sniper, à des explosifs ou des roquettes. Le défi a été d’incorporer plus de deux tonnes de blindage dans une voiture qui en pèse déjà plus de deux et demi, tout en conservant une vraie autonomie. Elle approche les 400 kilomètres. Il y a un peu de France dedans : ses pneus sont des Pax Michelin », s’enthousiasme Pierre Bedhome, porte-parole de BMW. Quid du prix d’un tel engin ? Officiellement fabriqué « sur demande spéciale », il dépasse les 500 000 euros.

L’éternel rival de BMW n’est pas en reste. Cette année, Mercedes-Benz Group dévoile à l’occasion du salon de nombreux véhicules dont le prototype de la future CLA qui préfigure la nouvelle Classe A (best-seller de la marque à l’étoile). Sous le capot : 750 kilomètres d’autonomie avec une nouvelle génération de batteries 800 volts capables de récupérer 400 kilomètres en quinze minutes. « Ce sera une vraie Tesla killer », commente un représentant de la marque. Plus que jamais l’ambiance est à la guerre chez les constructeurs. Toutefois, pour les Européens, l’ennemi désigné n’est plus local ou japonais, il est américain : Tesla.

Perfusé aux subventions du gouvernement américain et profitant de ses contrats avec la Nasa pour SpaceX, Elon Musk ne baisse plus les prix : il les casse ! Depuis le lancement de la Tesla Model 3 en 2018, son tarif a diminué de 23 % quand ceux de la concurrence ont grimpé d’autant. Idem pour son SUV, le Model Y. Le but étant de le proposer en France sous la barre des 47 000 euros, qui offre un bonus de l’État. Résultat : Skoda, Mercedes et BMW ont dû, à leur tour, réviser les prix de leurs SUV pour faire face à la vague Tesla Y. En 2023, l’américaine qui débute à 45 990 euros est déjà la neuvième voiture la plus vendue en France. Mieux en 2022 : elle a été la plus vendue au monde devant la Toyota Corolla. Se défendant de participer à ce dumping (et ayant décidé de relocaliser en France), Renault n’a pas annoncé le tarif de son nouveau Scenic électrique. Cependant, il est fort probable que son prix donné pour 620 kilomètres d’autonomie maximale, se situe juste en dessous des 47 000 euros fatidiques.

D’autant que les constructeurs européens font face à une nouvelle menace : les constructeurs chinois. Si Dongfeng, Hongqi, Yoyo, XPeng ou BYD ne vous disent encore rien, ce sont des noms à retenir. Ces constructeurs de l’empire du Milieu entendent s’implanter en Europe avec des modèles au design souvent très inspiré d’Audi, de Volkswagen ou de Tesla. « Depuis dix ans, ils essaient de s’implanter en Europe, mais leurs voitures thermiques étaient moches et dangereuses, nous glisse un cadre de Renault. Avec les électriques, ce n’est plus la même limonade… Une voiture électrique est finalement techniquement plus simple à concevoir. Or, les Chinois disposent de l’infrastructure de production nécessaire et contrôlent le lithium nécessaire. Il y a trente ans, les constructeurs de luxe n’ont pas vu venir Lexus. Il y a vingt ans, on a sous-estimé les Coréens… Évitons le même écueil avec les Chinois. » Reste que les nouvelles voitures chinoises ne sont vraiment pas low cost ; la nouvelle BYD Seal débute par exemple à 46 990 €. Même si elle est très bien équipée, une question se pose : le consommateur européen est-il prêt à payer une chinoise au prix d’une Mercedes ou d’une BMW ?

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L'AUTO EN CHIFFRES

1 132 321 automobiles neuves ont été vendues en France depuis le début de l'année (+ 16,6 % vs 2022).

35 118 € est le prix moyen d'une voiture neuve.

41 473 € est le prix moyen d'une voiture électrique.

10,3 % du marché du diesel contre 15,4 % pour les 100 % électriques. 

Top 3 des voitures les plus vendues

1. Renault Clio avec 62 948 ventes

2. Peugeot 208 avec 59 388 ventes

3. Dacia Sandero avec 45 140 ventes

Top 3 des électriques les plus vendues

1. Tesla Model Y avec 22 423 ventes

2. Dacia Spring avec 18 589 ventes

3. Tesla Model 3 avec 11 930 ventes

Sources: AAAData/CCF

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