
Deux ans. Il aura fallu deux ans à Carlos Tavares pour changer totalement de cap en Chine, premier marché mondial automobile, où la part de marché de Stellantis n'atteignait même pas 1 %. Un marché devenu très difficile, avec des dirigeants politiques sans concession pour les entreprises étrangères et des géants industriels locaux en pleine expansion, prêts à profiter de l'interdiction en Europe des moteurs thermiques. « Il est impensable qu'une entreprise comme la nôtre connaisse autant de succès en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe et qu'elle ne soit pas performante en Chine », confiait le PDG de Stellantis au Point début 2021.
À l'été 2022, exaspéré par la « politisation des affaires » en Chine et lassé de perdre de l'argent, le roi de la rentabilité automobile met fin à la coentreprise avec Guangzhou Automobile Group (GAC), qui fabrique et distribue des Jeep dans le pays (Cherokee, Renegade, Compass…). Début octobre 2023, il poursuit le détricotage de son alliance avec son autre partenaire chinois, Dongfeng, allié historique de Peugeot-Citroën. Stellantis cède à Dongfeng, son partenaire de trente ans, trois usines basées à Wuhan, Chengdu et Xiangyang qui produisent des modèles Peugeot et Citroën. Officiellement, Stellantis ne fabrique donc plus aucun véhicule lui-même dans l'empire du Milieu…
Un investissement de 1,5 milliard d'euros
Carlos Tavares a fini par choisir une autre voie, qu'il pense être celle de la sagesse : prendre une participation dans une société prometteuse chinoise spécialisée dans l'électrique et valoriser ses usines européennes pour l'aider à conquérir le monde. Il a regardé plusieurs dossiers. Ce n'est finalement ni Aiways, première start-up chinoise à introduire un véhicule électrique sur le marché européen en 2020, ni Nio, ni les géants Geely et BYD, déjà très puissants, sur lesquels Stellantis a décidé de jeter son dévolu.
Le constructeur issu de la fusion entre Fiat Chrysler et PSA parie sur Leapmotor, jeune pousse située à Hangzhou, ville du sud de Shanghai connue pour être le berceau du géant du commerce Alibaba fondé par Jack Ma. Stellantis prend 21,2 % du capital de Leapmotor pour environ 1,5 milliard d'euros, devenant l'actionnaire de référence avec deux sièges au conseil d'administration (sur un total de neuf).
Il crée aussi une coentreprise, Leapmotor International, contrôlée à 51 % par Stellantis et qui possédera « les droits exclusifs de fabrication, d'exportation et de vente des produits Leapmotor en dehors de la Chine ». Son patron sera nommé par Stellantis. Lors d'une conférence de presse sur place, Carlos Tavares a salué la « bonne gestion des finances de l'entreprise », son « agilité » et sa « volonté forte de se développer de manière rentable dans le monde entier ».
Leapmotor, jeune pousse de Hangzhou
« Ce jour marque une étape majeure dans l'histoire de Leapmotor » s'est quant à lui félicité Zhu Jiangming, le PDG de Leapmotor, qu'il a fondée en 2015. Cotée à la Bourse de Hongkong depuis 2022, la start-up cherchait un partenaire. Présente sur le moyen-haut de gamme, où la guerre des prix fait actuellement rage en Chine, Leapmotor a livré environ 111 000 véhicules en 2022. La société perdait encore de l'argent l'année dernière. Sa perte a alors atteint environ 650 millions d'euros (5 milliards de yuans) pour un chiffre d'affaires qui a bondi de 300 %, à 1,6 milliard d'euros (12 milliards de yuans). Leapmotor vend désormais plus de 10 000 voitures électriques par mois en Chine et, précise Stellantis, commence à dégager une marge brute positive.
« Leapmotor est le quatrième acteur du marché de l'électrique en Chine. C'est une très belle entreprise créée par un ingénieur électronique qui se compare en permanence avec Tesla et BYD pour rester à la pointe de la technologie », souligne une source proche du constructeur. La start-up chinoise, dont les batteries utilisent la technologie lithium-fer-phosphate (LFP), possède déjà deux usines – une troisième est en construction –, soit une capacité de production d'environ 500 000 véhicules par an.
En France, elle commercialise la petite citadine électrique T03, à 26 000 euros. Lors du dernier salon automobile de Munich, elle a présenté son SUV électrique compact C10 et le C11, qui affiche plus de 1 000 kilomètres d'autonomie. Ils seront vraisemblablement les fers de lance de sa conquête du monde, bientôt menée par Carlos Tavares et les équipes de Stellantis.
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