
Dé-SUViser le marché électrique. C'est la recommandation de l'association WWF dans une étude publiée ce jeudi avec l'Institut mobilité en transition, alors que les SUV (ou Sport utility vehicles) représentent désormais plus de 45 % des ventes d'automobiles neuves en France.
Caractérisées par une carrosserie surélevée et une motorisation puissante, ces voitures connaissent en effet un large succès depuis ces dernières années, poussées par les constructeurs qui augmentent leurs marges sur ces modèles toujours plus larges et toujours plus hauts. La raison d'un tel engouement ? Le sentiment de sécurité et l'espace intérieur sont les deux arguments mis en avant. En revanche, si tous les voyants sont au vert côté ventes, la place de ces véhicules au sein de la transition écologique fait débat. Selon l'étude, un SUV électrique pèse entre 200 et 300 kilos supplémentaires en moyenne pour une consommation entre 10 % et 15 % plus élevée qu'une citadine électrique, du fait d'un aérodynamisme moins optimal. Par ailleurs, ajoute le WWF, la multiplication des SUV risque de créer des pénuries de métaux critiques et d'accentuer notre dépendance à l'égard des pays tiers. Sur ce point, diminuer nombre de SUV en France serait même le levier le plus efficace devant le covoiturage et la diminution des déplacements.
17 % de métaux critiques en moins
Selon l'étude qui s'appuie sur les chiffres du chercheur spécialisé dans la transition énergétique des transports, Aurélien Bigo, une batterie de 100 kilowattheures (kWh), qui équipe notamment la Tesla Model X ou encore la future Peugeot e-3008, consomme trois fois plus de cuivre et d'aluminium qu'une petite citadine de type Renault Twingo ZE équipée d'une batterie de 20 kWh, et cinq fois plus de lithium, de nickel, de cobalt, de manganèse et de graphite. Un tel écart pourrait mener la France dans une impasse si la trajectoire de ventes des SUV continue de grimper pour atteindre 65 % des ventes comme prévu par de nombreux experts du secteur.
Dans un tel scénario, « la France consommerait en 2030 en moyenne 2,7 % des capacités mondiales d'approvisionnement primaire en métaux critiques, soit plus que son poids économique (2,3 % du PIB mondial) au même horizon ». Si cette tendance se retrouvait ailleurs, les projets miniers actuels ne suffiraient pas à couvrir la totalité des demandes.
À l'inverse, si la France joue le jeu de la sobriété, c'est-à-dire dans le cas où la production de batteries électriques diminuerait de 40 % par rapport à la trajectoire actuelle, alors elle pourrait abaisser de 17 % ses besoins en métaux critiques d'ici à 2035.
L'étude part du principe qu'il n'y aura pas de technologies de rupture en matière de batterie (ils estiment l'arrivée des batteries solides autour de 2030) et fixe la part de véhicules électriques dans le mix des ventes en 2035 à 60 %.
Taxer le poids de ces véhicules électriques...
D'autre part, le rapport estime qu'un abaissement de la part des SUV dans le parc automobile permettra à la France d'exporter des batteries de ses gigafactories avant 2035, ainsi que du lithium de ses mines si tant est que le projet Imerys dans l'Allier voit le jour et produise 16 kilotonnes de lithium.
Pour réduire la dépendance de la France aux métaux, notamment à l'égard de la Chine, WWF demande au gouvernement de réserver le bonus écologique de 5.000 euros aux seules voitures électriques pesant moins de 1,6 tonne. Seront ainsi exclus, selon l'association, des modèles comme les Tesla, la Peugeot e-2008 ou encore la Megane E-Tech. En revanche, les Renault Zoe, Twingo, la Fiat 500 ou encore la Mini Cooper continueraient de bénéficier du dispositif.
L'association réclame également la mise en place du malus sur les véhicules électriques de plus de 1,6 tonne et demande aux constructeurs une « publication annuelle du poids moyen des voitures électriques immatriculées » avec une pénalité européenne de 5 euros par kilo dès que le seuil de poids est dépassé.
...Sauf pour certains cas
Pour rappel, le gouvernement a prévu, de son côté, d'abaisser le malus aux véhicules thermiques de plus de 1,6 tonne en janvier 2024 ainsi qu'aux hybrides dès 2025. Insuffisant côté associations, qui demandent de l'étendre aux véhicules électriques. De son côté, la plateforme automobile (Pfa) réfutait catégoriquement cette idée, assurant que cela ne favoriserait pas la transition vers l'électrique.
L'étude précise tout de même que cette mesure ne pourra se faire sans justice sociale. WWF recommande donc une exception pour les familles nombreuses ayant besoin d'un plus gros véhicule, qui pourraient bénéficier du bonus (limité aux véhicules de moins de 2 tonnes) ainsi qu'une réduction du malus au poids.
La France s'est donné pour objectif la neutralité carbone d'ici à 2050. Or, le secteur des transports représente un tiers des émissions de carbone du pays dont près de la moitié concerne les voitures.
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