Les images sont spectaculaires, et pullulent sur les réseaux sociaux. Celles de véhicules électriques en feu aux États-Unis, en Autriche, en Belgique, en Chine… Ou encore celles de deux « bus Bolloré » en flammes, à Paris, au printemps 2022. Plus récemment encore, l’accident puis l’incendie d’un bus électrique à Venise, ou ce cargo, chargé de plus de 3 700 voitures, en flammes pendant plusieurs jours au large des Pays-Bas, en juillet dernier… ou encore ce feu, qui aurait pu dégénérer, de fourgon électrique en charge dans le garage des espaces verts de la ville de Brest. Tous ces exemples viennent alimenter la polémique : les véhicules électriques seraient plus exposés au risque incendie que les véhicules thermiques.
Risque incendie : 61 fois moins pour les véhicules électriques
C’est tout simplement faux, selon plusieurs études américaines. En France, un rapport de l’Inspection générale de l’Environnement et du Développement durable (IGEDD), de juillet 2022, cite celle produite par le comparateur d’assurances auto AutoinsuranceEZ, et basée sur des données officielles. Selon cette étude produite en 2022, la probabilité d’un incendie de véhicule électrique est même « nettement plus faible » : 61 fois moins (25 feux pour 100 000 véhicules électriques vendus, contre 1 530 pour 100 000 thermiques… et 3 474 pour 100 000 hybrides) ! Tendance qui méritera nouvel examen, quand les véhicules électriques prendront de l’âge, eux aussi.
Les feux de véhicules électriques ne sont également pas plus calorifiques (ne dégagent pas plus d’énergie) que ceux de véhicules thermiques, et n’émettent pas plus ou beaucoup plus de gaz nocifs qu’eux.
Mais cinq fois plus long à éteindre
« En revanche, un feu de voiture électrique est beaucoup plus difficile à éteindre qu’un feu de voiture classique », relève le commandant Jérôme Toullec, chef du centre de secours principal de Brest. La faute à ses batteries au lithium qui, au-delà d’une certaine température, peuvent subir un « emballement thermique ». « En chauffant et brûlant, la batterie crée son propre oxygène, elle brûle davantage et ainsi de suite », résume le sergent-chef Yannou Morvan, pompier à Brest et adjoint au référent secours routiers du Finistère. En clair, le feu peut s’éterniser.
Le feu a repris une deuxième fois à la casse, alors que la température affichée était normale
Selon les données de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, il faut, en moyenne, 28 minutes pour éteindre un feu de voiture classique… contre 2 h 30 pour un feu de véhicule électrique. Feu qui peut spontanément reprendre ensuite, quelques heures plus tard, voire plusieurs jours après, comme le mentionne le rapport de l’IGEDD. « Nos collègues de Bordeaux ont rapporté le cas d’un feu éteint, avec une température redevenue nulle, qui a repris alors que la voiture était sur le plateau de la dépanneuse. Cela a fait fondre le plateau. Et le feu a encore repris, la nuit suivante, à la casse, et alors que la température affichée était normale », témoigne Yannou Morvan.
L’équivalent de 25 fourgons incendie !
« Tout dépend du lieu où le feu part, poursuit le sous-officier. Si c’est interne aux batteries, ce sera long, voire impossible à éteindre. Dans cette dernière hypothèse, on veillera plutôt à empêcher toute propagation, en plaçant des lances en protection autour. Si le feu éclate, en revanche, dans la voiture, et qu’il n’a pas encore endommagé l’enveloppe des batteries, on peut l’éteindre rapidement. » Dans ce dernier cas, l’incendie doit être circonscrit dans les 30 premières minutes, selon plusieurs études.
Certains comptes rendus pointent même des cas où l’embrasement de la batterie ne s’est pas produit, alors que le véhicule avait presque entièrement été calciné (pour une voiture thermique, le réservoir de carburant est touché dans les deux à cinq minutes suivant le départ de feu).
Un feu de véhicule électrique va aussi nécessiter davantage de moyens matériels et donc humains. Pas loin de 30 000 litres d’eau, selon le rapport de l’IGEDD. « Il faut, en général, 1 500 à 2 000 litres pour éteindre un feu de voiture thermique », compare Yannou Morvan. Soit 15 à 20 fois moins. En août 2017, des pompiers américains ont même dû déverser 75 000 litres d’eau sur une Tesla X pour venir à bout du feu qui la ravageait. C’est l’équivalent de 25 fourgons incendie français (fourgon-pompe tonne) !
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