Pour la première fois, les constructeurs auto ont été entendus par les instances européennes. Ce qui a aussitôt été vertement tancé par des associations comme Transport & Environment. Lundi, le Parlement et le Conseil européens sont parvenus en effet à un accord provisoire sur la fameuse norme Euro 7 d’anti-pollution. « En ce qui concerne les voitures et les utilitaires légers, les négociateurs sont convenus de maintenir les conditions de test et les plafonds d’émissions actuelles » de la norme Euro 6, dont la dernière version est en vigueur depuis 2019, souligne un communiqué du Parlement européen.
Il est juste prévu un durcissement des conditions de mesure des particules d’échappement. Par ailleurs, l’accord fixe des plafonds d’émissions de particules de freins, y compris sur les modèles électriques, mais aussi des niveaux minima de performance pour la durabilité des batteries dans les voitures électriques et hybrides (80 % jusqu’à cinq ans ou 100.000 km, 72 % jusqu’à huit ans ou 160.000 km).
Une première mouture qui aurait renchéri le prix des voitures
Globalement, les constructeurs ont donc échappé au pire… pour eux. Car la norme Euro 7 sur les émissions des véhicules à essence et diesel s’annonçait initialement draconienne. Selon les calculs de l’exécutif européen, elle devait permettre de réduire de 35 % les émissions d’oxydes d’azote (NOx) des voitures particulières et utilitaires légers par rapport à la norme précédente Euro 6. Grande nouveauté : les seuils de pollution devaient être respectés dans des situations de conduite plus larges que précédemment. Avec une température atmosphérique de 0 °C à 35 °C et jusqu’à une altitude de 700 mètres. Les voitures devaient être capables par ailleurs de respecter ces seuils dans la durée, sur huit ans et 160.000 km, puis jusqu’à dix ans et 200.000 km avec une certaine tolérance.
Ceci, au prix d’un renchérissement du prix moyen des voitures de 2 000 euros, selon Luca de Meo, directeur général de Renault et président de l’ACEA (Association des constructeurs européens). D’autres experts évoquaient une hausse de 1 000 euros. « En l’état, la norme Euro 7 va au-delà des simples règles de la physique ! Elle rendrait tout simplement impossible la poursuite de la fabrication de voitures thermiques », s’insurgeait même en 2021 Carlos Tavares, directeur général de Stellantis.
Pas le moment de risquer une explosion sociale
Ce renchérissement des véhicules thermiques, déjà condamnés à mort en principe par la décision de Bruxelles d’interdire à la vente toute auto non électrique en 2035, était controversé. Ça faisait beaucoup d’investissements pour des durées de vie a priori extrêmement limitées, arguaient les firmes automobiles, par ailleurs obligées d’investir d’énormes montants dans l’électrification. Les Etats se sont laissés convaincre par les arguments de l’industrie.
A l’heure où les voitures deviennent de plus en plus chères, les Etats opposés à la proposition de la Commission estiment en outre que ce n’est pas le moment de risquer une explosion sociale. En mai dernier, la France, pourtant en pointe jusque-là dans le combat contre la voiture thermique, annonçait son opposition au durcissement des normes d’anti-pollution automobile dans l’Union. Au même titre que l’Italie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie.
Ces pays ont donc eu in fine gain de cause. « Grâce à cet accord, nous avons réussi à trouver un équilibre entre les objectifs environnementaux et les intérêts vitaux des constructeurs. L’objectif des négociations était de faire en sorte que les nouvelles petites voitures à moteur à combustion interne soient abordables pour les consommateurs nationaux et, dans le même temps, de permettre à l’industrie automobile de se préparer à la transformation globale attendue du secteur », souligne en ce début de semaine le Tchèque Alexandr Vondra, rapporteur du projet au Parlement.
Le « retour du lobby automobile » dénoncé
L’ACEA s’est « félicitée » immédiatement de l’accord. « Nous notons que les négociateurs interinstitutionnels ont principalement choisi de donner la priorité aux défis orientés vers l’avenir, tels que les émissions de freinage des véhicules légers et les exigences en matière de batteries des véhicules électriques », souligne Sigrid de Vries, la directrice générale de la fédération des constructeurs. Entre la première norme Euro et la première version de la norme Euro 6, les émissions ont été réduites de plus de 90 %, assure l’ACEA.
L’association Transport & Environment a évidemment une tout autre vision de l’accord. Elle fustige « le retour du lobby automobile ». Et un accord qui « permettra aux constructeurs automobiles de verdir (artificiellement) des véhicules qui ne seront pratiquement pas plus propres ». Concrètement, le Parlement et le Conseil doivent approuver encore formellement l’accord, qui ne s’appliquera en outre qu’à partir du 1er juillet 2030 pour les voitures et les utilitaires. S’il ne change pas grand-chose aux émissions des véhicules légers, l’accord prévoit en revanche des normes plus sévères pour les poids lourds, à partir du 1er juillet 2031.
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