L’importance de l’annonce des premières exportations de Togg (un consortium de cinq entreprises turques inauguré en grande pompe par le président Erdogan en 2019) éclipse presque la révélation du second modèle de sa jeune histoire. Il faut dire que cette berline Togg T10F n’apporte rien de nouveau, par rapport au SUV T10X auquel elle emprunte tous ses systèmes embarqués — au premier chef desquels figure un système d’infodivertissement connecté à un vaste réseau d’échange de données.
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Car Togg n’envisage le véhicule que comme un « objet connecté intégré à un écosystème de la mobilité ». En l’occurrence, il s’agit du portail d’applications Trumore (l’opérateur Turkcell est membre du consortium), qui propose aux abonnés turcs d’innombrables services « sécurisés par des jetons non fongibles (NFT) ». Citons le guidage par satellite, un portefeuille de paiement numérique, le pilotage à distance des appareils domestiques, la commande par la voix des fonctionnalités de la voiture. Tous services qui doivent contribuer aux revenus du consortium Togg, qui se définit telle « une marque de technologie et de mobilité mondiale », plus sûrement que comme un simple constructeur d’automobiles.

La berline Togg T10F dévoilée à Las Vegas, le 9 janvier 2024, propose un habillage inédit de la plateforme tout-électrique étrennée en 2022 par le SUV Togg T10X. Crédit: Image © Togg
Conscient que « la batterie concentre environ 80 % de la valeur du véhicule », le consortium Togg a fait le choix de développer en interne sa propre batterie d’accumulateurs au lithium-ion, ainsi que son logiciel de supervision (battery management system, ou BMS). Les batteries sont produites à Gemlik, en Turquie, dans le cadre de la coentreprise Siro fondée en 2021 à parts égales avec le spécialiste chinois Farasis Energy.
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Pour Togg, le chemin sera long
Togg a déjà déjoué bien des pronostics sombres. Il lui reste toutefois à faire ses preuves sur le long terme. Pour l’heure, les voyants sont au vert. Fin décembre 2023, le cabinet Inovev rapportait que le jeune constructeur était parvenu à vendre 13 572 exemplaires de son SUV Togg T10X (vendu entre 45 000 et 57 000 euros) sur les onze premiers mois de l’année. Cette performance laisse augurer d’un volume de 15 000 unités sur l’ensemble de l’année, totalement inespéré au regard des faibles espérances soulevées par l’émergence de ce constructeur fondé en 2018.

Bien appuyé par les spécialistes de l'électronique grand public et des télécommunications membres du même consortium, Togg propose des intérieurs connectés dans ses voitures électriques. Crédit: Image © Yasin Okan Guven pour Togg
Il faut dire que Togg profite d’un contexte favorable. Non seulement le gouvernement turc subventionne depuis deux ans l’achat de véhicules à émission nulle (sous conditions de revenus), mais il vient d’édicter une réglementation aux relents protectionnistes, directement inspirée du critère environnemental introduit dans le régime français du bonus écologique. Un décret tombé en décembre dernier dispose que la distribution de voitures électriques étrangères à l’Union européenne n’est autorisée qu’au travers d’un réseau qui compte au moins 140 points de vente agréés. Ce qui est loin d’être le cas pour l’écrasante majorité des marques chinoises.
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Résultat des courses, quand les électriques et les hybrides rechargeables ne pesaient collectivement que 0,1 % du marché turc en 2019, les seules électriques ont multiplié par dix leur diffusion au cours de la seule année 2023 (pour atteindre 4,9 % du marché total et 7,1 % du marché des véhicules de tourisme). Le syndicat national des constructeurs ODMD explique cette envolée par la combinaison de l’attrait des prix bas pratiqués par les marques chinoises importées, et par le vif intérêt suscité par l’émergence du constructeur national, Togg.
Selon Statista, le marché turc de la voiture électrique pourrait dépasser les 17 000 unités annuelles à l’horizon 2028, contre 7 300 en 2022. C’est fort peu, à l’échelle des grands marchés de l’Union européenne, mais cela pourrait suffire à assurer à Togg une assise suffisante pour financer son expansion hors de ses frontières.
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