Le gouvernement italien rêve de mettre fin dans la péninsule au monopole automobile du groupe franco-italo-américain, né en 2021 de la fusion de PSA et de Fiat Chrysler (FCA). Rome a donc contacté… le géant chinois BYD. « Nous avons quelques contacts pour en discuter », a déclaré à l’agence Bloomberg Michael Shu, patron de BYD Europe, en marge du Salon de l’automobile de Genève. Le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso avait lancé, mi-février, l’idée d’un second constructeur dans la péninsule, sans citer de noms. L’objectif est de porter la production italienne à un million d’unités de voitures particulières par an, soit un retour aux niveaux de production de 2017. Rien d’étonnant donc à prendre contact avec BYD, premier constructeur mondial de voitures électriques au dernier trimestre 2023.
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Le hic : BYD compte ouvrir dans trois ans sa première usine européenne de voitures particulières en… Hongrie. Or la nécessité d’une deuxième usine sur le Vieux continent « dépend de nos ventes », explique Michael Shu. Le dirigeant laisse toutefois la porte ouverte : « Pour l’instant, nous progressons très bien », même s’il est encore « trop tôt » pour prendre une décision concernant un deuxième site. Le premier cargo de la firme chinoise a déchargé lundi 26 février quelque 3 000 véhicules électriques dans le port allemand de Bremerhaven.
L’offensive en Europe se précise. BYD était d’ailleurs l’un des rarissimes constructeurs présents au Salon de Genève (du 26 février au 3 mars), où il a lancé sa nouvelle marque de luxe Yang Wang avec un énorme SUV de 1 200 chevaux !
Bisbille entre Rome et Stellantis
De son côté, Stellantis a produit l’an dernier 752 000 véhicules (+9,6 %) en Italie. Et le groupe assure pouvoir atteindre l’objectif du million de voitures, mais pas avant… 2030 ! « Si nous invitons davantage de constructeurs automobiles chinois à produire en Europe, pensez-vous que cela va aider ? », ironise toutefois Carlos Tavares, directeur général de Stellantis.
C'est qu'il y a bisbille entre Rome et Stellantis. En janvier, la Première ministre italienne Giorgia Meloni accusait ainsi le groupe de « privilégier » les intérêts de la France au détriment de l’Italie. Le constructeur reproche pour sa part à Rome de lésiner sur les subventions aux voitures électriques. Une ambiance électrique. Après l’annonce par le gouvernement italien d’un plan de 950 millions d’euros d’incitations en 2024 pour renouveler le parc automobile, les relations se sont quelque peu apaisées. Même si ces aides sont plutôt des primes à la casse : bonus à l’achat d’une voiture neuve contre la mise au rebut d’un modèle ancien. Et elles ne concernent pas que les électriques.
« Nous sommes désormais pris en tenailles. Nous fabriquons des voitures électriques en Italie. Mais le gouvernement ne soutient pas la vente de ces véhicules. Or, quand les gouvernements n’aident pas ou suspendent les aides, le marché s’effondre », assurait Carlos Tavares dans une interview à Challenges le 1er février. « Nous ne sommes pas des jouets dans les combats politiques en Europe », martelait encore le dirigeant. Avec une colère sourde.
La production italienne en péril ?
L’avenir auto de la péninsule n’est, il est vrai, pas vraiment assuré. La prochaine Fiat Panda, qui pourrait être la voiture la moins chère de la gamme Stellantis en Europe, ne sera pas produite à Pomigliano d’Arco près de Naples, comme l’actuelle. Mais en Serbie. L’annonce par le président de ce pays Aleksandar Vucic, lors d’une visite de Giorgia Meloni à Belgrade début décembre, avait suscité les vives protestations des syndicats italiens. « Une décision inacceptable à laquelle nous nous opposerons par tous les moyens, car on ne touche pas aux travailleurs de Pomigliano », avait ainsi protesté le syndicat Fiom-Cgil. La Fim-Cisl réclamait pour sa part des garanties pour maintenir les niveaux actuels de production et d’emploi sur ce site créé au début des années 1970.
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Les nouveaux SUV Fiat 600 et Alfa Romeo Milano sont prévus quant à eux pour une fabrication en Pologne, où le groupe Fiat fabriquait déjà la fameuse 500. La future citadine Lancia Ypsilon sera, elle, produite… en Espagne dans une ancienne usine Opel.
L’Italie est, avec la France, le pays européen dont la production auto a le plus chuté. La péninsule fabriquait à son apogée, en 2000, 1,74 million de voitures, utilitaires et poids lourds. La France en produisait 3,66 millions en 2004. Depuis ces records, l’Italie a vu ses niveaux de fabrication chuter de 55 %, la France de 57 %. Normal que le gouvernement italien s’en inquiète. Pour l’histoire, l’été dernier, Bruno Le Maire avait également demandé à Stellantis de relocaliser des petits véhicules en France. Mais Carlos Tavares avait répondu non au ministre français de l’Economie !
L’automobile italienne et la famille Agnelli
L’histoire entre Stellantis et Rome remonte à loin. Fiat était le seul constructeur italien de voitures particulières depuis que le groupe turinois avait absorbé Lancia en 1969, Alfa Romeo en 1986. L’Italie abrite aussi un fabricant de véhicules utilitaires et poids lourds, Iveco. Si elle a appartenu à Fiat, cette marque n’a pas de lien avec Stellantis et dépend aujourd’hui de CNH Global, un groupe regroupant des camions, cars, bus, tracteurs, matériel de BTP et agricole. Né d’une scission avec Fiat en 2011, ce consortium est contrôlé par la famille Agnelli, fondatrice de Fiat et actionnaire de référence de Stellantis à travers sa holding financière Exor, qui détient 14,4 % du constructeur auto franco-italo-américain.
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