Réaliser une version thermique d'une voiture conçue initialement pour être 100 % électrique : c'est ce que s'apprête à faire Stellantis avec sa Fiat 500 à batterie, afin de redresser des ventes qui s'essoufflent.
Le constructeur issu de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler a annoncé lundi soir, à l'issue d'une réunion entre le directeur général, Carlos Tavares, et les syndicats italiens, que l'usine transalpine de Mirafiori, qui assemble déjà les 500e, allait ajouter à sa production une déclinaison hybride de la citadine italienne.
Marche arrière
Le modèle mythique de Fiat prend ainsi un sacré virage en épingle. Lors du lancement, il y a quatre ans, le patron de la marque, Olivier François, avait insisté sur le fait qu'il misait tout (« all in » en anglais) sur l'électrique.
La plateforme de cette voiture ne prévoyait pas de version thermique. Les clients avaient toujours la possibilité d'acheter une Fiat essence et diesel, produite en Pologne, mais ils devaient pour cela se contenter de la génération précédente.
Dans la gamme de Stellantis, c'est une singularité : les modèles électriques développés chez PSA avant la fusion (comme la Peugeot e-208) étaient adaptés de la version thermique. Et les nouvelles plateformes Stellantis, si elles prévoient, dès l'origine, une version électrique, sont conçues pour les deux types de motorisation.
Demande qui s'essouffle
Les résultats commerciaux ont été dans un premier temps encourageants. Mais la demande s'est nettement ralentie l'an dernier, avec moins de 80.000 véhicules produits à Mirafiori en 2023, amenant Stellantis à supprimer l'une des deux équipes sur les lignes de production. Sur les quatre premiers mois de l'année, les immatriculations n'ont pas dépassé les 13.000 exemplaires.
Dans le même temps, le constructeur a été contraint de cesser la production pour l'Europe de la précédente version thermique : elle n'était pas conforme à la nouvelle norme de sécurité, qui s'appliquera à toutes les voitures neuves vendues en Europe à partir de début juillet.
En dotant la Fiat 500 électrique d'une alternative hybride, Carlos Tavares évite ainsi de laisser un trou dans sa gamme. Il répond aussi à la demande des clients, au moment où l'appétit pour les voitures électriques faiblit.
Le patron de Stellantis tient également là un moyen d'adoucir ses relations avec le gouvernement italien. Celui-ci accuse le constructeur de préférer la France dans ses arbitrages, et de vider peu à peu l'appareil productif de Fiat de sa substance.
Un geste vis-à-vis de Rome
Témoignage de cette crispation : l'exécutif transalpin s'est opposé, il y a un mois, à ce que le nouveau SUV d'Alfa Romeo, produit en Pologne, soit baptisé « Milano », et Stellantis a dû le rebaptiser « Junior ».
Avec cette version hybride, qui sera produite à Mirafiori, le constructeur effectue une sorte de relocalisation, et redonne du tonus à son site italien. Selon « Automotive News Europe », la cible de production de l'usine serait désormais de 200.000 exemplaires par an, dont 125.000 hybrides.
Par ailleurs, une autre usine, celle de Melfi, s'est vue accorder l'assemblage d'une version hybride de la Jeep Compass. De quoi apaiser un peu les griefs de Rome.
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