Nous sommes à la fin du siècle dernier. Toute l’industrie automobile mise sur l’essence et sur le diesel, bien décidée à continuer ainsi encore longtemps. Pourtant, contre l’avis de tous, deux constructeurs japonais développent une nouvelle technologie, la voiture "hybride".
La course entre Honda et Toyota
On ne change pas une formule gagnante. Depuis le début du 20ème siècle, l’industrie automobile mondiale continue de développer le traditionnel moteur à explosion. Et ce n’est pas l’approche de l’an 2000 qui va y changer quoi que ce soit.
Les moteurs essence et diesel sont connus, très rentables pour les constructeurs et les automobilistes du monde entier semblent s’en accommoder parfaitement. Pourtant, au Japon, on sent le vent tourner.
1997, premier round
En 1997, le constructeur Honda présente au salon de Tokyo un concept-car de sportive hybride, la Honda J-VX. C’est une révolution avec son moteur essence accouplé à un moteur électrique.
Les consommations annoncées sont prometteuses, mais personne ne semble croire à cette technologie. Personne sauf le rival direct de Honda, Toyota qui présente sa berline Prius, également hybride.
Prius, une longueur d’avance
Alors que la J-VX de chez Honda n’est qu’un concept-car futuriste loin de la production de série, la Toyota Prius semble beaucoup plus aboutie dans son développement. Preuve en est, Toyota annonce une mise en vente à compter du 10 décembre 1997, auprès des concessionnaires japonais uniquement.
Comme la Honda, la Prius propose un rendement énergétique exceptionnel pour des émissions et consommations en forte baisse. Pour Honda, une course contre la montre débute.
Certes la Prius a pris une longueur d’avance, mais Honda veut être le premier à proposer une hybride en dehors du japon, notamment aux Etats-Unis.
L’Insight, première pour quelques semaines
Contre toute attente, Honda livre sa première Insight à un client américain le 14 novembre 1999. Une voiture hybride qui ne manque pas d’originalité avec sa forme de petit coupé lisse comme un galet et ses roues carénées.
Elle est propulsé par un moteur de 1 000 cm3 assisté par un moteur électrique. C’est la naissance de l’IMA, pour Integrated Motor Assist.
La Prius n’arrivera que quelques semaines plus tard sur les marchés américains et européens. Honda vient de réussir son pari.
Une voiture d’ingénieurs
Fabriquée dans l’usine de Takanezawa à Tochigi, aux côtés de la NSX et de la nouvelle S2000, l’Insight est elle aussi exclusive dans sa fabrication.
Sous sa structure en aluminium, on trouve le système IMA breveté par Honda. Un moteur électrique de 10 Kw positionné entre le 3-cylindres Vtec de 1,0 litre et la boîte manuelle à 5 rapports.
Et ça fonctionne, ses émissions de CO, HC et NOx sont inférieures aux limites fixées par la norme Euro 4 qui n’entrera en vigueur que sept ans plus tard !
Au service de la consommation
Un résultat obtenu aussi grâce au poids réduit de la voiture. L’Insight utilise un maximum d’aluminium et de plastique. Les étriers de frein avant, tambours de frein arrière et supports moteur sont en aluminium, alors que le réservoir est en plastique.
Le coupé Honda ne pèse que 838 kg en boîte manuelle et 891 kg en transmission CVT. L’Insight est 40% plus légère que les autres voitures de taille comparable, tout en se montrant 13 % plus résistante en flexion et 38 % plus résistante en torsion.
Afin de réduire encore la consommation, l'Insight bénéficie de pneus haute pression à faible résistance au roulement ainsi que de l'huile à faible viscosité (0w20).
L'aérodynamique générale de la voiture a également été travaillée avec soin, pour atteindre un Cx de 0,25 parmi les plus bas pour une voiture de série.
Un appétit d’oiseau
A sa sortie, l’Insight devient la voiture de production la plus économique du marché américain avec une consommation de 3,4 L/100 km sur autoroute et 3,9 L/100 km en ville.
Cette première génération d’hybride se vendra à environ 17 000 exemplaires. Un chiffre modeste mais en rapport avec son statut de voiture expérimentale.
Cette Insight, au même titre que la Prius, aura surtout permis d’ouvrir la voie à la généralisation de l’hybridation.
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