Le niveau de production automobile français est tombé à plus bas jamais vu depuis 1960 en France. La situation est donc préoccupante pour l'emploi, d'autant plus que la plupart des usines actuelles sont en forte surcapacité.
Les deux graphiques sont si parlants qu'ils n'ont même pas besoin de discours. Le cabinet d'analyses statistiques Inovev a "cartographié" l'historique de la production automobile française depuis le début des années 50. Une statistique intéressante mais aussi inquiétante : la courbe est une parabole presque parfaite, avec un plateau atteint à la fin des années 80, puis de nouveau au début des années 2000. A chaque fois, deux évènements majeurs : pour le premier, c'est la relance post crise pétrolière et l'arrivée de modèles emblématiques à fortes ventes (Peugeot 205). Pour le second, c'est un rebond avec des ventes exceptionnelles sur des véhicules tels que le Renault Scénic. Mais depuis, la délocalisation a fait de sacrés dégâts : plus aucune voiture citadine thermique (berline ou crossover) n'est produite en France, alors qu'ils représentent le gros des ventes chez nous.
Ainsi, les 3,5 millions de voitures produites dans l'Hexagone en 1989 sont bien loin. En 2020, le Covid fait chuter la production française sous le million d'unités et en 2023, notre appareil industriel n'a pas réussi à repasser cette barre. La France est passée de la deuxième à la quatrième place européenne derrière l'Allemagne, l'Espagne et la République Tchèque.
Des usines trop grandes ?
La seule usine qui tourne aujourd'hui très bien en France est celle d'Onnaing, dans le Nord. Avec un taux d'occupation de plus de 90 %, elle est la seule à afficher une belle santé sur le territoire selon les données récoltées en 2023. Mais elle n'appartient pas à une marque française puisque c'est le site où sont fabriquées les Toyota Yaris et Yaris Cross. Les autres usines ont des profils plus inquiétants, avec des taux d'occupation particulièrement faibles à Douai et Flins (qui sont toutefois dans une période de transition avec l'arrivée de nouveaux modèles), lieux d'assemblage des électriques Renault. Sochaux et Mulhouse (Peugeot 3008, 308, Opel Grandland...) font mieux mais près de la moitié de la capacité de ces usines n'est pas utilisée. Le constat est encore un peu moins bon pour Rennes La Janais (Citroën C5 Aircross, Peugeot 5008) avec un taux d'occupation inférieur à 50 %.
Les statistiques de l'industrie automobile française sont donc mauvaises : les délocalisations à outrance opérées dans les années 90 et 2000 ont fait de gros dégâts et les usines encore présentes sur territoire métropolitain ne produisent plus assez. Si le marché automobile ne parvient pas à redresser la barre dans les années à venir, certains dirigeants se poseront probablement la question de la fermeture partielle ou totale d'usines.
Journaliste automobile (et un peu bicyclette aussi). Autant passionné par la nouveauté que l’industrie ou l’environnement, mais aussi tout ce qui fera avancer la mobilité.
Publié le 12/06/2024 à 17:00
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