Dure semaine pour l’automobile nippone. Les marchés ont lourdement sanctionné cinq constructeurs majeurs – Toyota, Honda, Mazda, Suzuki et Yamaha –, qui ont avoué avoir fraudé pour obtenir le sésame officiel de mise en circulation de 38 modèles. Le titre Mazda a perdu 9,23 %, celui de Honda 6,32 %, et Toyota a vu s’envoler 2 900 milliards de yens (17,1 milliards d’euros) de capitalisation boursière. « Les investisseurs hésitent à acheter ces titres. Ils craignent de nouvelles révélations », reconnaît Tomoichiro Kubota, de Matsui Securities.
Les aveux ont été suivis de la suspension des ventes de six modèles : trois chez Toyota, deux chez Mazda et une moto de Yamaha, la YZF-R1. Des perquisitions ont également eu lieu chez les cinq industriels. Le constructeur le plus exposé paraît être Toyota, le numéro un mondial, qui enchaîne les déconvenues, même si sa marque de luxe, Lexus, a été désignée en mars comme la plus fiable par l’agence américaine Kelley Blue Book et que la valeur de revente des modèles reste haute grâce à leur réputation de robustesse.
Les problèmes, pour Toyota, remontent à plusieurs mois, mais n’avaient jusqu’ici pas touché directement la marque phare. Des irrégularités autour du respect des normes d’économie de carburant et d’émissions polluantes ont été révélées en 2022 chez son constructeur de camions, Hino, et son fabricant de chariots élévateurs, Toyota Industries. En mai 2023, il est apparu que son fournisseur de pièces détachées, Denso, lui avait livré des pompes à carburant défectueuses, qui l’ont obligé à procéder à des rappels.
« Lacunes »
Surtout, il y a eu, en décembre 2023, les révélations de Daihatsu, sa filiale qui détient 30 % du marché des petites voitures de la catégorie kei, des véhicules très courants au Japon. Une commission indépendante a révélé 174 irrégularités sur les certifications, dont les plus anciennes, datant de 1989, concernant 64 modèles. Toyota avait alors argué de failles dans son système genchi genbutsu, axé sur la présence de cadres sur les lieux de production pour réagir rapidement au moindre problème. « C’est un concept très important pour nous, mais nous comprenons une fois de plus que nous avons des lacunes dans ce domaine », avait admis le vice-président exécutif et directeur de la technologie du géant automobile, Hiroki Nakajima.
L’enchaînement de ces affaires, qui s’ajoutaient à de plus anciens scandales de falsification de données de consommation de carburant chez Mitsubishi, Nissan et Suzuki, a conduit le ministère des transports à demander à 85 constructeurs, équipementiers et importateurs de mener des enquêtes internes sur les processus de contrôle et de certification. Au total, 68 ont terminé leurs investigations et cinq constructeurs ont donc avoué avoir fraudé sur des tests de collision ou de protection des occupants du véhicule et des piétons.
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