
Le couperet est tombé pour l'usine Bosch de Mondeville dans le Calvados. Faisant suite à l'échec de la tentative de reprise, la direction de l'équipementier allemand Bosch a confirmé officiellement le 9 juillet « la fermeture progressive » de ce site spécialisé dans la fabrication de produits mécatroniques pour l'automobile. Il baissera définitivement le rideau mi-2026, laissant quelque 500 salariés sur le carreau.
L'établissement avait pourtant tout du site modèle. Primé en 2018 pour l'exemplarité de sa transformation digitale puis labellisé « usine du futur » l'année suivante, il s'était distingué par une stratégie de diversification audacieuse dans la tech, en particulier. Celle-ci l'a conduit, par exemple, à assembler la fameuse enceinte Phantom du français Devialet, devenue un blockbuster outre-Atlantique.
Las, cela n'a pas suffi à lui sauver la mise. « Le site faisait face depuis plusieurs années à une baisse d'activité due à la transformation de l'industrie automobile. La sous-traitance électronique pour des entreprises tierces avait certes apporté des succès, mais ne s'est pas avérée économiquement viable », justifie-t-on au siège de la direction française du groupe allemand interrogée par La Tribune.
Quatre de chute
La chute de ce gros employeur industriel du Calvados survient après plusieurs autres sinistres dans la sous-traitance automobile normande, malmenée par l'électrification des véhicules, la concurrence des pays à bas coût et le contexte inflationniste. Avant l'annonce de Bosch, trois autres usines ont mis la clef sous la porte, à quelques jours d'intervalle.
A Argentan, dans l'Orne, le site Marelli, propriété du fonds d'investissement américain KKR, a baissé pavillon en janvier dernier. Ses 160 salariés fabriquaient des boitiers papillon pour les moteurs diesel et essence. L'activité doit être relocalisée en Slovaquie.
Même sort pour l'usine vieillissante de l'équipementier français Akwel sise à quelques dizaines de kilomètres de là, à Gournay-en-Bray en Seine-Maritime. Elle était notamment spécialisée dans la fabrication de pédaliers et de mécanismes d'arrêt de portes (77 collaborateurs). Comme Marelli, l'établissement a fermé juste après les fêtes du Nouvel An après que sa maison-mère a annoncé vouloir « adapter son outil industriel pour sauvegarder sa compétitivité ».
Les lumières se sont aussi éteintes, en janvier, chez Holophane aux Andelys, dans l'Eure, resté longtemps une référence mondiale des phares antibrouillard. L'industriel verrier, qui employait 200 personnes, était dans la tourmente depuis la perte de son principal client, Valeo, deux ans auparavant. La hausse des coûts de l'énergie et le développement accéléré des optiques phares en plastique (permis par les LED) lui ont porté le coup de grâce.
Inquiétudes chez Autoliv, Inteva et Forvia
D'autres signaux préoccupent la filière. A Caligny, dans l'Orne, le campus de Forvia/Faurecia redoute d'être impacté par les 10.000 suppressions d'emplois prévus par sa maison mère en Europe à horizon 2028. D'autant que celle-ci a prévenu que ce plan « concernerait tous les sites ». Fort de 1.200 salariés, l'établissement possède la particularité de regrouper à l'intérieur un même périmètre une usine de production de mécanismes de sièges, un centre technique de rang mondial et un autre de formation. « Si le groupe venait à affaiblir voire à fermer l'une de ces trois entités, cela mettrait en péril tout l'ensemble », nous confiait, il y a peu, l'un de ses anciens cadres dirigeants.
A Gournay-en-Bray, non loin de feu Akwel, c'est l'usine Autoliv (580 salariés) qui suscite l'inquiétude après que l'équipementier y a supprimé 55 postes. La CFTC, pourtant discrète d'habitude, s'en est fait l'écho récemment. « Ces réductions d'effectifs ont pour seul but un transfert des activités vers les pays à bas coût de l'Union européenne, ce qui fragilise une fois de plus la pérennité du site, qui à terme devra fermer, comme ont fermé des sites allemands, anglais et suédois », prédit la centrale syndicale dans un communiqué publié, il y a quelques semaines.
Chez le fabricant de lève-vitres électriques Inteva à Esson dans le Calvados, les dés sont jetés. Repris en 2020 par son actionnaire américain après son placement en liquidation, le site devrait perdre la moitié de ses effectifs. Une source syndicale citée par Ouest-France fait état de 110 suppressions d'emplois à venir (sur 220 au total). La conséquence d'une « réorganisation européenne » de la production.
« La pénétration des véhicules électriques devrait accentuer la tendance à la baisse du nombre d'emplois », écrivait en 2023 le cabinet de consultant en stratégie Roland Berger dans un rapport sur l'avenir de la sous-traitance automobile. Pour certains en Normandie, il se conjugue au passé.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Avis de tempête sur la sous-traitance automobile normande - La Tribune.fr"
Post a Comment