Il y avait vraisemblablement urgence. Faisant le constat amer auprès de nos confrères d'Automotive News que certains de ses modèles ne dégagent pas suffisamment de bénéfices, le président-directeur général de Jaguar Land Rover, Adrian Mardell, a adopté la méthode radicale. Il a tout simplement coupé de son catalogue Jaguar cinq des six modèles qui y figurent et dont « la rentabilité est proche de zéro ». À ce stade, Land Rover et Range Rover ne sont pas encore concernés.
Mais la coupe est sombre puisque vont disparaitre des showrooms les berlines XE et XF déjà arrêtées depuis juin, le SUV compact E-Pace, la sportive coupé et cabriolet F-Type et, plus surprenant, le SUV électrique I-Pace, qui fut sacré voiture de l'année en 2019. Mais ses ventes n'ont jamais réellement décollé, sans doute trop en avance de phase sur les attentes d'une clientèle Jaguar, vouée historiquement aux 6 cylindres en ligne, et convertie aux délices des V6, V8 et même V12.
L'E-Pace et l'I-Pace, fabriqués en Autriche chez Magna Steyr, perdureront jusqu'en décembre. Seul modèle épargné, le F-Pace pourtant né en 2016 mais dont la condition de SUV bien dans l'air du temps lui vaut une survie temporaire jusqu'à ce que les nouvelles gammes électrifiées débarquent.
Sans faux-fuyant, Adrien Mardell explique à Automotive News comment il en est arrivé à cette solution radicale : « Nous éliminons cinq produits, tous de moindre valeur. Aucun d'entre eux ne nous a permis de réaliser un bénéfice, nous les remplaçons donc par de nouveaux véhicules sur des plateformes nouvellement conçues ». La révolution est clairement en marche et tant pis pour les nostalgiques du moteur à combustion interne.
102 ans d'histoire pour imiter Tesla
Les nombreux adeptes des modèles historiques de la marque vont immanquablement pleurer une histoire hors normes, qu'aucun constructeur chinois ne pourrait construire en quelques années d'efforts là où il a fallu 102 ans à Jaguar pour y parvenir. Fait notable, propriété de l'indien Tata, Jaguar avait été jusqu'à présent préservé et ses racines anglaises soigneusement entretenues.
Cette fois, Jaguar va rentrer dans le rang pour se plier au canevas électrique imposé par Tesla et les Chinois dont on cherche encore ce qui fera l'originalité d'une Jaguar demain. Elles seront 100 % électriques, c'est acquis, et luxueuses. La nouvelle plateforme à architecture électrifiée devrait servir à trois modèles dont une berline de très haut de gamme qui ouvrira le ban.
La rumeur parle d'une rivale de la Porsche Taycan positionnée largement au-dessus de 100 000 euros et d'une gamme constituée ensuite de deux autres modèles complémentaires. Trois sera aussi le nombre de véhicules électriques que proposeront à leur tour Land Rover et Range Rover. De quoi provoquer quelques crises d'urticaire chez les Lords et les collectionneurs, assistant à un funeste déclin anglais.
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