
En prenant 40% du groupe de presse Challenges, Renault veut fournir du contenu aux utilisateurs de ses futures voitures autonomes. Un pari osé et un nouveau marché à défricher.
"Nous voulons inventer la voiture connectée de demain et le média de demain" ont expliqué Carlos Ghosn et Claude Perdriel en annonçant cette semaine leur mariage d'intérêt. Renault vient à la rescousse du groupe de presse Challenges avec le projet de tester la fourniture de contenus éditoriaux aux utilisateurs des voitures autonomes.
Quand les conducteurs n'auront plus à surveiller le paysage, "le contenu déterminera le choix de la voiture", a expliqué Carlos Ghosn. L'analyse de Jean-François Belorgey, expert du secteur automobile chez Ernst & Young.
Dans quelle logique s'inscrit ce rapprochement entre automobile et contenus?
Il y a longtemps que l'industrie automobile cherche à vendre des services en plus de la voiture. Cela a commencé par des propositions de financement: les constructeurs se sont dotés de banques pour prêter à leurs clients. Plus récemment les constructeurs ont proposé des contrats d'entretien et des services d'assurance. Aujourd'hui une voiture on la paye tant par mois, au sein d'un package de services. Mais il s'agissait jusqu'à présent de services liés au produit lui-même.
Le digital permet de réfléchir à d'autres types de services. La voiture est en train de devenir un objet connecté qui donne accès à de multiples contenus. Les constructeurs se demandent s'il vaut mieux fournir des services qu'ils achètent à un tiers ou produire eux-mêmes des contenus. Le digital amène beaucoup d'entreprises sur des terrains qui ne sont pas naturellement les leurs. Il faut être là où il y a de l'argent à gagner. Elles se disent que si elles ne bougent pas, les autres vont bouger. Ce qui rend les choses assez imprévisibles.
La voiture a-t-elle vraiment vocation à devenir une sorte de média?
La technologie permet de rêver. On saurait déjà transformer une voiture en salon roulant sur une autoroute, car cet univers est fermé et bien codifié. On pourrait imaginer pouvoir suivre le même film qu'on regardait à la maison, projeté sur le pare-brise du véhicule. En revanche, traverser les Champs Elysées à 18h00 de cette façon va prendre plus de temps.
Il y a également un risque à proposer des services qui s'éloignent du produit automobile: rentrer en concurrence avec le smartphone, qui permet d'avoir en tous lieu accès aux contenus. Je ne suis pas complètement sûr que le cycle du renouvellement automobile soit assez rapide pour suivre celui de ce type d'appareil.
Quelles peuvent être les conséquences du développement de l'autopartage?
Il devrait y avoir de moins en moins de propriétaires de véhicules. Mais cela va prendre du temps. En attendant, les constructeurs ne peuvent pas se permettre de négliger 95% de leur marché. Aujourd'hui encore le modèle automobile dominant c'est "j'achète ma voiture et je l'utilise pour moi".
Une des difficultés des constructeurs, c'est qu'ils ont beaucoup de fers au feu: ils doivent penser aux acheteurs traditionnels mais aussi aux futures flottes d'autopartage, gérer des motorisations essence, diesel, hybride, travailler sur la voiture autonome... et tout cela leur coûte extrêmement cher.
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