
Comme si les choses étaient désormais gravées dans le marbre. Depuis dix ans déjà, la France importe plus de voitures qu'elle n'en exporte. En baisse depuis 2005, la balance commerciale automobile est négative depuis 2008. Depuis 2009, elle s'est stabilisée dans une fourchette de -250.000 à -450.000 véhicules, selon les données du cabinet IHS compilées pour « Les Echos ».
Le décrochage a donc eu lieu au milieu des années 2000, quand les berlines allemandes ont supplanté leurs rivales françaises. « Les marques premium allemandes ont séduit à ce moment-là les entreprises, qui pèsent la moitié des ventes en France », déplore un acteur de la filière. Depuis, les courbes d'exportation et d'importation sont quasiment parallèles, évoluant selon la santé du marché.
Petite éclaircie : selon les Douanes, la balance commerciale s'améliore (très) légèrement en valeur. Après une dégradation continue depuis 2012, le déficit commercial est passé de 10,1 milliards en 2016 à 9,1 milliards sur un an à fin juin 2018. Grande averse, toutefois : pour la première fois depuis 2009, les pièces et composants automobile sont tombés dans le rouge l'an dernier (de +478 millions en 2016 à -465 millions en 2017)...
A moins de voir fleurir de nouvelles usines étrangères sur notre territoire, façon Toyota à Valenciennes ou Smart à Hambach, on voit mal comment la trajectoire pourrait s'inverser. D'abord parce que les constructeurs français semblent avoir changé pour de bon leur politique industrielle. Renault, et dans son sillage PSA, ont en effet décidé de construire des véhicules à forte valeur ajoutée en France, pour compenser le niveau des salaires.
Localisation
« Il y a eu des transferts des petits véhicules vers l'Europe de l'Est. La Slovénie et la Turquie pour Renault, la République Tchèque et la Slovaquie pour PSA », relève Denis Schemoul, analyste chez IHS. Résultat, 2,22 millions de véhicules ont été produits l'an dernier en France, contre 3,5 millions au début du siècle.
Surtout, après la fermeture d'Aulnay, PSA et Renault ont limité leurs capacités de production en France. Leurs usines ont quasiment toutes été passées en monoflux, c'est-à-dire à une ligne. C'est ce qui est d'ailleurs en train d'advenir à Sochaux, une retardataire en la matière. Enfin, l'Hexagone n'est plus leur base d'export internationale. Place à la « régionalisation de la production » : ce qui est vendu en Chine ou en Inde est désormais fabriqué en Chine ou en Inde.
Au final, si les deux constructeurs n'ont jamais autant vendu de voitures dans le monde, l'usine Hexagone n'en profite pas vraiment. Chez PSA, où 30 % des ventes sont made in France, la production a tout de même augmenté de 13 % l'an dernier dans les usines tricolores (à 1,13 million d'unités). Sochaux devrait même tutoyer cette année son meilleur volume historique. La balance commerciale de PSA est excédentaire de 397.000 véhicules, se targue le groupe. Chez Renault en revanche, seuls 20 % des véhicules vendus dans le monde sont assemblés en France. Soit 779.000 engins.
« Sauf révolution, il n'y a pas de raison que tout cela change, souligne Matthieu Simon, du cabinet Roland Berger. Aujourd'hui, il faut surtout protéger ce qui reste, avoir des usines modernes et saturées. C'est important pour pérenniser la filière française ».
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