
Les diagnostics sur l'automobile allemande se suivent et ne se ressemblent pas. La puissante fédération des constructeurs automobiles outre-Rhin, le VDA, annonçait le 4 décembre un « chemin escarpé » et une baisse de la production de 4 % en 2020. L'institut « CAR » de Duisburg prévoyait lundi que l'Allemagne ne produirait cette année environ 4,67 millions de véhicules par an, soit tout simplement le volume le plus bas depuis 22 ans.
Ce serait tout simplement la catastrophe si au même moment les ventes des constructeurs n'étaient pas au plus haut mondial, Volkswagen clôturant son année avec des ventes mondiales records. Mercedes-Benz, BMW ou même Audi, en pleine restructuration , ont aussi en même temps des volumes en hausse.
Série d'ennuis
Bastion rutilant de l'industrie allemande, les constructeurs automobile ont l'esprit bien encombré. Les raisons d'inquiétudes s'accumulent, entre les conflits commerciaux avec les Etats-Unis et la Chine, les normes européennes sur les émissions qu'ils peinent parfois à suivre dans de bonnes conditions et les dernières bourrasques du Dieselgate, qui n'en finit pas de secouer les tenants du secteur en Allemagne.
L'impact de ces facteurs conjoncturels s'avère pourtant relatif. « Sur la durée, la production automobile allemande a baissé de 1 % par rapport à 2018. Mais elle dépasse toujours de 20 % les niveaux chiffres de 2010 », constate Eric Heymann, analyste chez Deutsche Bank Research.
Quand la Chine tousse…
Les ventes sur le marché chinois - pas moins de 40 % des exportations automobiles allemandes -, ont pourtant ralenti de 4,2 % en Chine. Rien d'alarmant, Pourtant, assure Eric Heymann, pour qui il n'est pas anormal « après dix ans de croissance d'avoir un ralentissement en fin de cycle ». Avec des ventes en hausse de 6 % sur un an en 2019, « la Chine continue à être un moteur de croissance pour nous », clamait il y a quelques jours Hubertus Troska, le patron Chine de Daimler.
Le tournant structurel vers les voitures électriques est une autre paire de manches . Le gourou du secteur en Allemagne, le professeur Ferdinand Dudenhöffer de l'institut CAR, anticipe jusqu'à 125.000 suppressions d'emplois en Allemagne d'ici 2030, toutes liées à cette transition technologique qui frappe le pays de Rupert Diesel comme ses concurrents.
Alerte sur l'emploi
Le mouvement est de fait déjà enclenché. Le plan de restructuration de Volkswagen doit rayer 30.000 postes dont 23.000 en Allemagne. Daimler doit de son côté supprimer 10.000 postes d'ici 2022 .
Par contagion, la fièvre est logiquement montée chez les sous-traitants . Quelque 20.000 postes en moins chez Continental, dont 7.000 en Allemagne ; 2.600 chez Bosch, 1.300 chez Schaeffler… En bout de chaîne, les petits sous-traitants souffrent également. Gusswerke Saarbrücken, Eisenmann ou Weber ont fait faillite cet été. Selon un sondage du syndicat IG Metall, 40 % des 190 sous-traitants prévoient des licenciements dans un avenir proche.
Tesla ne changera rien
La transition est d'autant plus difficile que le succès n'est pas garanti. L'industrie est contrainte « quasiment au fouet par la réglementation sur le CO2 d'investir des milliards dans l'électrique, alors que l'on ne sait pas quand le marché sera là » », point Eric Heymann de la Deutsche Bank.
En attendant, les constructeurs réduisent leur marge, restructurent en Allemagne mais investissent encore sur les marchés émergents. Résultat, pour Ferdinand Dudenhöffer, les constructeurs devraient poursuivre leur route mais l'Allemagne en tant que pays producteur a des raisons de s'angoisser. Et ce n'est pas l'arrivée d'une usine Tesla près de Berlin qui « suffira à inverser la tendance ».
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