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Les équipementiers français résistent à la tempête automobile - Le Monde

Patrick Koller, directeur général de Faurecia, au CES de Las Vegas, en janvier 2018.
Patrick Koller, directeur général de Faurecia, au CES de Las Vegas, en janvier 2018. MANDEL NGAN / AFP

Hasard de la saison des résultats financiers, la semaine du 17 au 23 février a été celle d’un tir groupé des grands équipementiers français. Les quatre plus importants acteurs hexagonaux – Valeo, Faurecia, Plastic Omnium et Michelin –, qui jouent un rôle majeur dans l’industrie automobile mondiale, ont publié leurs comptes.

Or, ces groupes étaient particulièrement scrutés, car 2019 a été une année de fort recul de la production automobile planétaire, en chute de plus de 5 %, après une baisse de 1 % en 2018. La situation est sans précédent, depuis la grande crise économico-financière de 2008-2009.

Dans ce contexte pour le moins compliqué, les quatre groupes s’en sont tirés avec les honneurs. Tous ont vu leurs ventes croître, tous sont parvenus à dégager une trésorerie positive, tous sont restés rentables – voire très rentables –, même si leur profitabilité a souvent reculé.

Voilà pour 2019… Arrive 2020, tout aussi chargé de nuages noirs. La menace vient d’abord de Chine, elle s’appelle SARS-CoV-2, soit le nom du coronavirus qui a mis à l’arrêt, en février, le premier marché automobile. Durant les premiers quinze jours du mois en cours, les ventes de voitures dans l’empire du Milieu se sont effondrées de 92 %. Les experts estiment que l’industrie chinoise perdra environ 2 millions de voitures au premier trimestre, soit le tiers de la production de l’année dernière sur cette période.

Le marasme peut-il durer ? Aucun des quatre groupes ne se dit en mesure de fournir une prévision des effets du coronavirus, alors même que hors épidémie, tous anticipaient un nouveau recul des ventes chinoises en 2020.

Autre problème, l’Europe. Là aussi, la production risque d’être perturbée par les nouvelles normes européennes sur le CO2. Les équipementiers anticipent une baisse de 2 % à 4 % du marché automobile européen. A l’échelle mondiale, la prévision est une diminution de 2 % des ventes globales, hors effets du coronavirus.

Face aux menaces pour 2020, les uns et les autres mettent en avant les atouts qui leur ont permis d’afficher les résultats du moment. Inventaire.

  • Michelin, le mix gagnant

Le groupe de Clermont-Ferrand – un chiffre d’affaires (CA) de 24 milliards d’euros et un résultat net (RN) de 1,7 milliard – a réussi le petit exploit d’augmenter son bénéfice de 4,2 % dans l’environnement compliqué de 2019. Le groupe dirigé par Florent Menegaux depuis mai 2019 est parvenu à plus que compenser la baisse de ses volumes (– 1,2  %), grâce à des prix en hausse, à une part accrue des pneumatiques haut de gamme et à la bonne tenue des pneus de spécialité (génie civil, agricole, deux-roues, avion).

  • Valeo, le résilient

C’était un peu, ces dernières années, le mal aimé de la Bourse (après en avoir été longtemps le chouchou), les investisseurs s’inquiétant du niveau de consommation de cash affiché par l’équipementier. Valeo – un CA de 19,5 milliards d’euros, un RN de 313 millions – a répondu en affichant une croissance de 2 %, dans un marché automobile en recul, et en améliorant ses flux de trésorerie.

Une performance qui montre la capacité de résilience du groupe dirigé par Jacques Aschenbroich, alors que 2019 a été rude. Valeo avait pris de plein fouet la baisse des ventes en Chine et la grève des salariés de General Motors et vu son bénéfice reculer de 43 %. Le plan de réduction des coûts (baisse de 2 % des frais de recherche et de 6 % des frais administratifs) ainsi que la montée en puissance des contrats liés aux nouvelles technologies d’électrification des véhicules (ils avaient, jusqu’ici, beaucoup pesé sur les comptes) expliquent en grande partie ce redressement.

  • Faurecia, le roi du cash

Le spécialiste des sièges et des intérieurs de véhicules (un CA de 17,8 milliards d’euros, un RN de 590 millions) a impressionné les experts et les investisseurs, avec ses résultats 2019. Malgré une baisse du bénéfice (– 15 %), la filiale du constructeur PSA est parvenue à maintenir une forte rentabilité (marge opérationnelle supérieure à 7 %) et surtout une génération de cash (presque 600 millions d’euros) à un niveau quasi inespéré.

Les secrets de Patrick Koller, le directeur général du groupe : un cocktail de restructurations sévères (20 usines fermées sur 275 dans le monde, baisse de 6 % des effectifs), de gains de parts de marché et de choix d’avenir, comme celui de l’hydrogène (en partenariat avec Michelin) qui commence à générer des contrats.

  • Plastic Omnium, l’art de croître

Le champion des réservoirs, des pare-chocs et des systèmes de dépollution des véhicules, a affiché, en 2019, une hausse de son activité supérieure à 10 %, quand le marché mondial a baissé de 6 %. La prouesse du groupe de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) – un CA de 9,2 milliards d’euros, un RN de 258 millions – s’explique par une capacité à convaincre de nouveaux « constructeurs-clients » (dix en 2019) de faire appel à ses services.

Doté d’un nouveau directeur général, Laurent Favre, depuis novembre 2019, le groupe est parvenu à maintenir un bon niveau de rentabilité (une marge opérationnelle de 6 %) grâce à son plan de maîtrise des coûts mis en œuvre l’an dernier, et qui sera « accéléré » en 2020, selon M. Favre.

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