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Automobile : « une bouffée d'hydrogène dans l'air confiné » - Le Monde

Pertes & profits. L’un pèse si lourd qu’il s’enfonce toujours plus sous terre. L’autre est si léger qu’il en est insaisissable, plus encore que l’air. L’un est désormais quasiment gratuit quand l’autre reste si cher. Pourtant, le pétrole et l’hydrogène prétendent au même résultat, faire rouler des voitures ou des camions, naviguer des bateaux, voler des avions. On aimerait tant que le deuxième soit l’avenir du premier. L’hydrogène, associé à une pile à combustible qui le convertit en électricité, c’est un peu le moteur à eau. La promesse d’un carburant inépuisable, totalement propre, sans émission de CO2, offrant plus d’autonomie pour un poids bien plus faible que les batteries. Voilà plus de vingt ans que des centaines d’industriels dans le monde entier poursuivent ce rêve qui, périodiquement, se brise sur le mur des réalités. L’hydrogène est trop cher à produire et à distribuer.

Depuis quelques années, l’espoir renaît. Les objectifs de réduction des émissions de CO2 et les progrès considérables en matière d’énergie renouvelable semblent ouvrir un boulevard à l’hydrogène. Mais la crise du Covid-19 vient à nouveau brouiller l’horizon. En paralysant l’économie, elle a fait s’effondrer le prix du brut.

Comment concurrencer un produit qui devient gratuit ? De plus, la pandémie met à genoux les constructeurs automobiles au moment où ils doivent investir des sommes considérables pour préparer leur sortie du moteur thermique, à essence ou diesel, pour foncer vers l’électrique. Dommage.

Une industrie exsangue

C’est dans ce contexte chaotique que les deux plus grands fabricants mondiaux de poids lourds, Daimler et Volvo, ont annoncé la création d’une société commune consacrée à l’hydrogène. Valorisée 1,2 milliard, elle entend investir plusieurs centaines de millions d’euros pour rendre cette technologie compétitive. Pour l’instant, cette molécule, la plus présente dans l’univers, constituant du Soleil et des étoiles, n’est pas facile à saisir. Il faut l’arracher à un gaz fossile, procédé qui émet d’énormes quantités de gaz à effet de serre, ou l’extraire de l’eau par électrolyse, procédé très coûteux, même en utilisant les surcapacités des énergies renouvelables. Les français Michelin et Faurecia et de nombreux constructeurs automobiles dans le monde se sont lancés dans la course. Tout le monde cherche la martingale et compte sur l’aide des Etats pour financer les lourdes infrastructures de distribution.

La situation n’est aujourd’hui pas idéale avec une industrie exsangue et des Etats en mode panique. Mais Daimler et Volvo voient plus loin, à l’horizon 2030. Pariant notamment sur le fait que cette solution est particulièrement adaptée aux poids lourds et aux bus. L’association qui représente les acteurs de cette industrie, l’Hydrogen Council, estime qu’il faudrait investir 70 milliards de dollars (64,43 milliards d’euros) dans les dix ans. Par les temps qui courent, il est bon de maintenir le moral en regardant au-delà du présent. Comme une bouffée d’hydrogène dans l’air confiné. Et puis l’allemand et le suédois partagent un même actionnaire qui a appris la patience en lisant L’Art de la guerre de Sun Tzu. C’est le constructeur chinois Geely. Il sait que les victoires futures se construisent dans les périodes de grande incertitude.

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