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Opinion | Redémarrer le marché automobile, moteur de notre économie - Les Échos

Avec une chute de 88 % des ventes de voitures neuves en avril et la prévision d’un recul de 30 % des immatriculations en 2020, la filière automobile fait partie des secteurs de notre économie qui paient au prix fort le grand confinement. Cette situation inédite présente cependant des opportunités importantes dans les mois à venir, à condition d’accompagner la filière.

La réaction des consommateurs chinois au sortir de leur période de confinement est riche d’enseignements pour nous. Ainsi, Stephan Wöllenstein, le patron de la filiale chinoise de Volkswagen, témoignait mi-avril d’un redémarrage net des achats de véhicules en raison de plusieurs facteurs.

Premièrement, une partie des clients qui devaient acheter un véhicule n’ont pas annulé leur acquisition, mais l’ont reporté. Les raisons sont multiples tant l’achat caprice est peu fréquent. On remplace son véhicule en raison de sa vétusté, de changements personnels (naissance, déménagement, nouveaux travail…) ou de sa consommation d’énergie. Nul doute que ces motivations seront présentes dans les foyers français également au sortir du confinement.

La deuxième raison concerne la recherche d’une mobilité individuelle plus sûre d’un point de vue sanitaire. Ainsi, une grande partie des usagers des transports en commun chinois a troqué bus, métro et tramway contre vélo, moto et auto. Selon une étude Ipsos, ils étaient 56 % à utiliser des transports publics avant la crise et ne sont plus que 24 % aujourd’hui. Le report sur l’automobile est massif, son utilisation passe de 34 % à 66 %. Là encore, la tendance devrait être la même ici.

On peut ajouter un troisième élément propre à la France concernant les vacances estivales. Si celles-ci sont encore incertaines, on peut d’ores et déjà être sûr qu’elles se dérouleront en France pour beaucoup d’entre nous. Avec une offre d'avions et de trains limitée, et encore une fois la préférence d’un mode de transport individuel, l'équipement en véhicules devrait là aussi être privilégié. Le scénario de la reprise semble donc favorable à la filière automobile n’est-ce pas ?

Certes, mais même en étant optimiste, il faut traiter urgemment 3 sujets clés : la pérennisation des entreprises, le soutien de la demande et la digitalisation de la vente. Selon une étude du CNPA, le 21 avril dernier, il restait en moyenne 45 jours de trésorerie aux entreprises du secteur automobile. Dans la distribution en particulier, un mois de confinement est équivalent à la perte de l’équivalent d’une année entière de résultats. Malgré les aides, une part importante de ces 142 000 entreprises et de ces 500 000 employés sont à risque.

Pour s’assurer de leur pérennité, il faut prolonger les dispositifs en cours et notamment les exonérations fiscales et la possibilité du recours au chômage partiel au-delà de l’été. Et ce n’est pas tout, il faut aller plus loin et abandonner les charges patronales et fiscales de cette période. Sans cela, qui peut croire que les embauches et les investissements pourront se poursuivre ?

De la même manière, il faut soutenir de façon simple et directe la demande. Une prime à la conversion ou un bonus plus large et plus incitatif pourrait être mis en place afin d’encourager le renouvellement du parc vers des véhicules plus récents et plus propres. Les ménages français qui ont épargné plus de 20 milliards d’euros uniquement sur le mois de mars pourraient être tentés de conserver cette épargne et de privilégier davantage les contrats de LOA ou de Leasing pour leur prochaine voiture.

Dès lors, pourquoi ne pas les encourager avec un crédit d’impôt de 500 euros annuels lors du leasing d’un véhicule propre de moins de 4 ans ? Cela serait une très bonne solution qui limite l'endettement et le recours au capital, offre des loyers plus faibles qu’un crédit et assure au législateur le renouvellement sain et continu du parc sans effet d’aubaine.

Enfin, la digitalisation de la distribution automobile est l’une des réponses à la crise et va encore s’accélérer. Aujourd’hui, on sait que 97 % des parcours d’achat débutent en ligne et que plus de la moitié des acheteurs sont prêts à acquérir leur prochaine voiture en ligne. Demain, les ventes online vont représenter une part significative de la distribution automobile. Il faudra être capable de vendre des véhicules, des financements et des services complémentaires à distance, de livrer – sans contact – le client sur le lieu de son choix et de s’assurer de toujours lui offrir, de bout en bout, la meilleure expérience. Sur ce sujet, les acteurs de la filière doivent soit posséder leur propre solution, soit réaliser les meilleures alliances. Faire l’impasse semble mortifère tant ce sujet devient une composante essentielle de la distribution de demain.

Les enjeux sont nombreux, mais la capacité de résilience des entreprises et des entrepreneurs du secteur est forte. L’industrie automobile représente 10 % du PIB français et constitue l’un des moteurs de notre économie. Redémarrons ensemble aujourd’hui pour préserver notre économie demain.

Laurent Potel est cofondateur et dirigeant de Reezocar.com.

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