Ce sont des images très choquantes qui ont été visionnées par le tribunal correctionnel de Meaux, ce mercredi après-midi, en audience publique.
Des images filmées par un témoin, avec un téléphone portable, sur lesquelles on voit une jeune femme percutée par une voiture. Celle conduite par son compagnon. C'était dans la nuit du 10 au 11 mai, à Meaux, devant la société BASF, située rue Pierre-Brasseur.
Raison pour laquelle un Algérien de 32 ans, sans-papiers faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire, était jugé pour « violence avec arme par destination, sur une personne vulnérable, par conjoint ».
Sans compter qu'il comparaissait aussi pour des violences conjugales commises en mars, à Marcilly, et en avril, à Fublaines. Le prévenu a écopé de trois ans de prison, dont 30 mois ferme, avec mandat de dépôt.
Frappée au sol et percutée par une voiture
La victime, qui - par chance - n'a pas été grièvement blessée, assistait à l'audience. C'est sans aucune émotion apparente qu'elle est restée dos à l'écran de télévision. La scène, filmée de nuit par un des vigiles de la société meldoise, dure très peu de temps mais elle ne laisse place à aucune discussion.
Le prévenu roue de coups sa compagne, tombée à terre. Le salarié sort et avertit qu'il va appeler la police. L'agresseur remonte dans sa voiture, « heurte » la jeune femme – qui s'est relevée – en faisant marche arrière. Puis, à la suite d'une manœuvre, la percute violemment en repartant en marche avant. Avant de s'enfuir, sans se préoccuper de sa compagne, projetée au sol.
« Je ne me rappelais pas. Mais c'est en voyant le film, je me suis rappelé. J'ai reculé mais sans la voir », a expliqué le prévenu, au débit de parole ralenti par des médicaments.
Selon un expert psychiatre, qui a relevé une altération de son discernement, l'homme - polytoxicomane - souffre d'une pathologie de type aliénante, une psychose avec hallucinations acoustiques.
La présidente Emmnuelle Teyssandier-Igna voulait comprendre : « Pourquoi est-ce que vous avez foncé dans Madame ? Elle aurait pu être morte ». La réponse n'était pas très claire : « Je sais pas. En marche avant, j'étais speed pour partir. Le vigile m'a mis la torche dans les yeux ».
Deux personnalités fragiles psychiquement
Si la personnalité du prévenu a été au cœur des débats, celle de la victime – dont la grande fragilité psychique lui vaut d'être sous curatelle renforcée - l'a été tout autant.
La jeune femme ne s'est en effet pas présentée à l'Unité médico-judiciaire pour évaluer son préjudice. « Elle est indifférente à elle-même. Elle s'est sentie coupable d'avoir déposé plainte. Sa présence à l'audience est déjà une victoire, elle ne voulait pas venir », a plaidé Me Valérie Rovezzo, l'avocate de la partie civile.
La présidente a bien tenté d'expliquer à la jeune femme que ces violences n'étaient pas acceptables : « Pourquoi avez-vous continué à vivre avec lui alors qu'il vous avait déjà frappée ? » Réponse simple : « Je suis retournée avec lui parce que je l'aimais ». La magistrate insistait : « Pourquoi est-ce que vous ne vouliez pas parler aux enquêteurs ? Vous avez peur de lui ? »
« On ne peut pas mourir par amour, madame »
L'ambivalence de la victime était palpable dans ses explications : « C'est ma vie privée. Je l'aime et j'ai peur ». Quand son compagnon se scarifiait, alors qu'il venait de la frapper, la jeune femme appelait les pompiers. « C'est bien d'appeler les secours. Mais votre vie était en danger. Qui vous protège ? On ne peut pas mourir par amour, Madame », a glissé la présidente.
La substitute du procureur Coralie Jaquet a requis trois ans de prison, avec mandat de dépôt, assortis d'un suivi-sociojudiciaire d'une durée de cinq ans : « Il existe un risque de récidive majeur. On a eu une chance dans cette affaire, c'est l'intervention du personnel de cette société. Le vigile l'a dit, il est sorti pour que Monsieur ne tue pas Madame ».
L'avocate de la défense Me Evelyne Janelli est longuement revenue sur l'expertise médicale de son client, ses troubles psychiques et ses précédentes hospitalisations en psychiatrie : « Est-ce que sa place est en prison pendant trois ans ? »
July 09, 2020 at 12:22AM
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Meaux : prison ferme pour avoir foncé sur sa compagne avec sa voiture - Le Parisien
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