Un grand coup de frein, mais une bonne reprise. Stoppée net par le coronavirus au printemps, l'automobile américaine a retrouvé son rythme de production d'avant la crise, et limité la casse financière. Le chiffre d'affaires de Ford et de General Motors a certes été divisé par deux au deuxième trimestre sur un an, à respectivement 19,4 milliards et 16,8 milliards de dollars. Mais Ford a affiché une perte d'exploitation (Ebit ajusté) de 1,9 milliard de dollars au deuxième trimestre, quand le groupe misait sur une perte proche de… 5 milliards. GM a de son côté affiché un déficit d'exploitation d'un demi-milliard de dollars.
Fiat Chrysler avait fait aussi mieux que prévu au deuxième trimestre. Et Tesla, qui enchaîne les records boursiers, a annoncé un quatrième trimestre d'affilée dans le vert , même s'il est à mettre en partie au crédit de la vente de certificats de CO2 à son concurrent Fiat Chrysler.
Santé financière
Sur l'ensemble du premier semestre, le chiffre d'affaires de Ford a cédé 32 %, à 53,7 milliards de dollars, et le groupe a enregistré une perte nette limitée à 900 millions de dollars. Pas si mal pour un groupe qui était à la peine , mais cela inclut toutefois la cession à Volkswagen d'une participation de Argo AI (son activité dans les voitures autonomes) pour 3,5 milliards de dollars. General Motors, de son côté, a perdu un demi-milliard de dollars pour un chiffre d'affaires de 49,5 milliards de dollars (-30 %).
Pour préserver leur santé financière, les deux constructeurs ont serré les coûts aux Etats-Unis, où les usines ont subi les arrêts les plus longs - six semaines pour Ford, huit semaines pour GM qui sortait déjà d'une longue grève il y a moins d'un an . Le groupe dirigé par Mary Barra a ainsi réussi à abaisser son point mort, en parvenant presque à l'équilibre d'exploitation en Amérique du Nord.
Certains pans de la demande ont aussi malgré tout résisté, avec une récession un peu moins violente aux Etats-Unis qu'en Europe et un taux d'épargne des ménages en hausse. La demande de voitures de sport (Mustang) et de camions est ainsi restée forte chez Ford, et GM a annoncé qu'il augmentait la cadence de production de ses pick-up Chevrolet Silverado et GMC Sierra à la rentrée. GM a aussi profité de sa forte présence en Chine, un marché qui a redémarré plus tôt.
Matelas de cash
Les constructeurs ont su aussi se ménager des réserves financières. Avec des taux d'intérêt bas et une banque centrale américaine rassurante, Ford avait à fin juillet un matelas de près de 40 milliards de dollars de cash - il a notamment levé 10 milliards de dollars au deuxième trimestre. GM avait aussi plus de 30 milliards de liquidités à la fin du semestre.
Au troisième trimestre, Ford mise sur un résultat d'exploitation (Ebit ajusté) situé entre 0,5 et 1,5 milliard de dollars. Mais il enregistrerait à nouveau une perte au dernier trimestre. Et ce sera Jim Farley qui sera au volant du groupe à compter d'octobre, en remplacement de Jim Hackett qui part en retraite. General Motors espère de son côté réaliser 4 à 5 milliards de dollars de résultat d'exploitation au deuxième semestre, a indiqué la directrice financière Dhivya Suryadevara, qui quitte le groupe pour la fintech Stripe.
Ford mise sur ses nouveaux modèles, notamment la remise au goût du jour de son pick-up Bronco, pour lequel il a déjà annoncé avoir plus de 100.000 réservations et espère faire de l'ombre à la Jeep Wrangler. Le groupe espère aussi profiter de l'euro fort pour doper l'exportation de ses véhicules « made in USA ». GM vient, de son côté, de dévoiler la Cadillac Lyriq, qui doit venir sur le terrain de Tesla à partir de l'an prochain.
L'exception Tesla
Tesla a été l'un des rares constructeurs à rester dans le vert au premier semestre 2020, avec un résultat net positif de 16 millions de dollars au premier trimestre et de 104 millions au second. La firme californienne a, il est vrai, engrangé des produits de cession de crédits CO2 en Europe, qui ont bien renfloué ses caisses. Mais Tesla a aussi bénéficié de l'engouement pour les voitures électriques et de la montée en puissance de son usine chinoise : la firme a livré 181.400 voitures sur le semestre (13% de plus qu'au S1 2019), ayant notamment rouvert son usine de Fremont, en Californie, malgré l'interdiction des autorités locales.
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