Une voiture réclamée par les enfants, conduite par la mère et achetée par le père. Au milieu des années 1990, Renault, alors au faîte de sa gloire, donne cette définition de l’Espace, le modèle qui incarne sa capacité à sentir l’époque. Dans les bouchons qui se forment à l’approche des stations balnéaires ou de sports d’hiver, les familles en monospace – le terme est garanti français pur jus, les Anglo-Saxons parlant plutôt de « minivan » – toisent le reste du troupeau, ignorant les angoisses claustrophobes de ceux qui se traînent au ras du bitume.
Dans une sept-places s’applique le bon vieux principe anthropologique selon lequel les mœurs s’adoucissent lorsque chacun peut s’aménager un espace vital.
Imaginé par Matra et conçu par Renault, l’Espace connaît fin 1984 un démarrage difficile (sept commandes au bout du premier mois) mais va s’imposer auprès des CSP+ éclairées. Sa haute stature et sa face avant inspirée du TGV défient les règles du paraître en voiture. Plus question d’en mettre plein la vue avec une bagnole puissante et agressive ; place au véhicule du partage, pratique et apaisé, aux formes ovoïdes propres à rassembler la famille. Ce discours dessine en creux une prise de pouvoir des passagers, mutation qui hérisse le mâle alpha contempteur de ce qu’il qualifie de « camionnette ». Les modèles trop originaux sont stigmatisés, telle la Fiat Multipla, surnommée l’« ornithorynque » à cause de sa face avant en bec de canard et son architecture dictée par ses deux rangées de trois sièges.
Selon les études réalisées par Renault en 1994, 30 % des conducteurs de l’Espace sont des conductrices, score bien supérieur à la moyenne des familiales. Elles plébiscitent l’installation en hauteur et la paix sociale que permet d’acheter cette voiture égalitariste qui, à la banquette arrière collective, préfère des sièges individuels coulissants et amovibles. A bord d’un monospace, voiture de l’enfant-roi, la route des vacances devient moins pénible.
Des cachettes aux trésors
Dans une sept-places s’applique le bon vieux principe anthropologique selon lequel les mœurs s’adoucissent lorsque chacun peut s’aménager un espace vital. Un différend au sein de la fratrie se désamorce en séparant les belligérants, option guère envisageable dans une berline. Des cachettes ont été installées jusque dans le plancher pour que la marmaille y stocke ses trésors, des tablettes sont disponibles comme dans un avion et la troisième génération de l’Espace apparue en 1996 relie l’autoradio à une télécommande accessible aux passagers à l’arrière. Bref, les 5-15 ans sont les meilleurs clients des constructeurs généralistes qui multiplient les offres (Chrysler Voyager, premier de cordée, Peugeot 806, Citroën Evasion, sans oublier le singulier Pontiac Trans Sport) alors que les marques premium snobent ce véhicule trop éloigné des traditions.
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August 10, 2020 at 02:00PM
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Renault Espace, la voiture de l'enfant-roi - Le Monde
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