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Secteur automobile : "2020 aura été une année compliquée" - La Dépêche de Tahiti

Lionel Foissac, président du syndicat des concessionnaires automobiles, devant un véhicule à recharge électrique : « Les ventes de véhicules hybrides ou électriques sont plutôt stabilisées, aux alentours de 8 % à 9 % du marché. »
Lionel Foissac, président du syndicat des concessionnaires automobiles, devant un véhicule à recharge électrique : « Les ventes de véhicules hybrides ou électriques sont plutôt stabilisées, aux alentours de 8 % à 9 % du marché. » (©D.G.)

L’année 2020 a été compliquée pour les professionnels de la vente de véhicules neufs. Les groupes Sopadep (Solari), Sodiva, Tahiti Automobiles (Siu), Nippon Automoto-CIA (Faugerat) et Miklus, qui se partagent le marché, ont enregistré une chute de 25 % des immatriculations. Selon Lionel Foissac, président du Syndicat des concessionnaires automobiles, l’annulation des salons de l’auto a aggravé la situation. Le secteur table sur environ 6 000 ventes en 2020, et espère une reconduction de la prime aux voitures propres en 2021.

Comment le secteur de l’automobile a-t-il résisté à la crise sanitaire et économique ?

Le secteur a souffert, cette année, puisque le marché a chuté de 25 %, ce qui n’est, évidemment, pas neutre.Tous les importateurs que nous sommes rencontrons également des difficultés en matière d’approvisionnement. Il n’est pas facile d’obtenir des produit précis, ou même de les annuler un fois qu’ils sont « dans le tuyau » car on passe nos commandes quatre ou six mois avant. La gestion de crise par les fournisseurs a été très complexe.

Quelles sont les prévisions du syndicat pour les ventes en 2020 au fenua ?
Je pense qu’en fin d’année, nous en serons à 5 900 ou 6 000 voitures immatriculées, alors que le secteur était parvenu à remonter à environ 7 500 ventes. 2020 aura donc été une année compliquée, en termes de logistique et de vente.

L’absence de salon de l’auto a-t-elle été déterminante ?
Nous avons eu une baisse énorme de notre activité. D’abord en raison du mois d’avril, qui a été un mois « blanc » à cause du confinement : il n’y a eu aucune immatriculation. Nous avons respecté la réglementation et avons fermé nos entreprises. Ensuite, ce qui est très important, c’est en effet que les deux salons de l’auto, à Tahiti et à Raiatea, ont été annulés pour raisons sanitaires. Lors du salon de l’auto à Tahiti, on réalise généralement, en cinq jours, l’équivalent de 10 % à 12 % du chiffre d’affaires annuel… C’est, en temps normal, un rendez-vous commercial incontournable pendant l’année.

Comment les cinq groupes automobiles présents en Polynésie française se sont-ils organisés pour surmonter les difficultés ?
Sans l’aide du Pays, il est clair qu’il aurait été difficile de tenir. La prime pour les véhicules propres a été allouée au début de la crise sanitaire, et le secteur en a bien profité. Cela a dû nous apporter je pense, 500 à 600 ventes supplémentaires sur l’exercice, ce qui n’est pas négligeable. Surtout, le secteur de l’automobile a réussi l’exploit de ne pas licencier. La sauvegarde de l’emploi, c’est ce qui va nous permettre de rebondir correctement à la sortie de cette crise.

Que représente le secteur au niveau de l’emploi ?
Les emplois directs qui concernent le périmètre du Syndicat des concessionnaires automobiles, donc vente et après-vente, cela représente 900 personnes. Si on intègre tout ce qui est en synergie avec le secteur automobile, c’est évidemment beaucoup plus. L’investissement a été freiné, la communication aussi. Ces deux postes ont été les premiers à être limités, puis les charges d’entretien ou de maintenance. Il était impératif pour tous de réduire les dépenses.

Au niveau international, le secteur de l’automobile est-il en situation de surproduction ?
Cela a en effet été le cas en début de crise. Mais les usines ont pu se réadapter et ont révisé leur niveau de production. C’est aussi pour cette raison que nous avons parfois eu les problèmes d’approvisionnement déjà évoqués : certains modèles n’étaient plus produits, d’autres avaient du retard, etc. Aujourd’hui, globalement, je crois que l’industrie automobile est repartie sur le rythme qui était celui d’avant la crise sanitaire.

L’exercice 2020 a-t-il confirmé certaines tendances concernant les comportements d’achat ?
Les véhicules hybrides, lors de leur apparition sur le marché, il y a trois ans déjà, ont connu une progression assez rapide. Aujourd’hui, les ventes sont plutôt stabilisées, aux alentours de 8 % à 9 % du marché. Les véhicules chinois aussi ont enregistré un démarrage assez fort. Là encore, ce segment est en train de se stabiliser et de culminer vers 13 % ou 14 % du marché.

Un groupe automobile peut-il, aujourd’hui, se permettre de ne pas avoir de marque chinoise dans son portefeuille de marques ?
Chacun sa stratégie, mais je dirais que l’automobile chinoise est peut-être l’automobile du futur. Quand on voit le développement de l’industrie automobile en Chine, et notamment la fabrication de véhicules électriques, il y a matière à penser que c’est un marché d’avenir. Les progrès des Chinois sur la qualité des véhicules sont considérables. Je pense même qu’ils ont une progression plus rapide que celle de la Corée du Sud, en son temps.

Dommage que la première vague de véhicules chinois importés à Tahiti, il y a plus de dix ans, a d’abord donné une mauvaise image, et laissé un mauvais souvenir des constructeurs chinois. Tout cela a complètement changé. Désormais, les véhicules répondent pratiquement aux normes internationales, avec des rapports qualité/prix très performants.

Proposer des véhicules chinois, n’est-ce pas le risque de cannibaliser le reste de son offre commerciale ?

C’est justement la question du rapport qualité/prix qui rentre en jeu. À prix équivalent, il est clair qu’un véhicule chinois va proposer un équipement beaucoup plus riche qu’un véhicule européen ou américain. Il y a une certaine clientèle qui est favorable à ce type d’approche commerciale. La présence de modèles chinois dans un portefeuille de marques permet de répondre de manière plus précise à tous types de demandes ou de besoins. Le service après-vente des véhicules chinois est assuré de la même manière que les autres SAV.

Le marché de l’automobile, qui ne compte que cinq opérateurs, pourrait-il être encore davantage concentré ?
Non, aujourd’hui, tous les opérateurs sont suffisamment solides et résistants pour éviter tout type de concentration.

Les aides du Pays à l’achat de modèles plus vertueux d’un point de vue environnemental prennent fin au 31 décembre 2020. C’est forcément une mauvaise nouvelle pour la profession ?
Nous sommes au seuil d’avoir un rendez-vous avec le ministère de l’Économie et des Finances pour parler, justement, de ce qui va se passer l’année prochaine. L’an passé, nous avions déjà commencé à travailler sur le sujet, et avions expliqué qu’il fallait à tout prix une reconduction de la prime véhicules propres en 2021, notamment en début d’année. Nous pensons que le début d’année va être très compliqué, en attendant un éventuel rebond, en avril-mai. Il faut garder espoir car on entrevoit une sortie de crise avec l’arrivée des vaccins.

La congestion du réseau routier tahitien ne représente-t-elle pas un frein à l’achat d’automobiles ?
En effet, plus la circulation est dense, et plus nous sommes confrontés à des problèmes majeurs. D’abord, la multiplication des accidents, et ensuite la limitation de la vente de nouveaux véhicules.

Mais c’est un aspect sur lequel les concessionnaires ne sont pas décideurs, quand bien même la vente de véhicules neufs génère d’importantes rentrées fiscales pour le Pays. Le produit de ces taxes devait, à notre sens, être reversé pour les infrastructures routières, mais ça n’est pas le cas. Le secteur demande un développement du réseau routier, qui se traduirait forcément par un accroissement de nos ventes.

Propos receuillis par Damien Grivois

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