
Chez Volvo, on ne plaisante pas avec la sécurité. Dès 1959, toutes les voitures ont été équipées de la ceinture de sécurité trois points inventée par un ingénieur maison. Une bonne idée dans un pays rude aux routes souvent glissantes. Une précaution judicieuse aussi pour l’entreprise, dont le voyage n’a pas été de tout repos. Le 28 octobre, son introduction à la Bourse de Stockholm la conduira sur une route plus confortable après des décennies d’ornières et de virages dangereux.
Avec une particularité unique au monde : c’est à un chinois qu’elle doit son retour en grâce. Et c’est lui qui en retirera les fruits. Née au sein du conglomérat suédois SKF, qui avait au départ inventé la marque Volvo pour vendre des roulements à billes aux Etats-Unis (volvo signifie « je roule » en latin), la firme a connu son heure de gloire dans les années 1960 en Amérique. On appelait alors ses immenses breaks, conçus comme des chars d’assaut, « la voiture de la jeune femme enceinte », avec famille nombreuse.
Son étoile a pâli quand les berlines japonaises et allemandes sont arrivées sur ce créneau. La firme, consciente de sa petite taille, tente toutes formes de mariages sans grand succès, notamment avec son compatriote Saab ou avec le français Renault. La maison mère avait plus de réussite avec ses camions. Elle se résout donc à vendre la division automobile à Ford, en 1999.
Preuve que rien n’est perdu
L’américain rêve de concurrencer les Européens sur le créneau du luxe. Outre Volvo, il absorbe Jaguar, Land Rover, Aston Martin dans un bric-à-brac intitulé Premier Automotive Group. Mais comme tous les constructeurs automobiles américains, son aventure européenne tourne au fiasco. En 2008, il vend Jaguar-Land Rover à un indien (Tata) et Volvo, en 2010, à un chinois, le groupe Geely. Celui-ci fera tout le contraire de Ford.
Conscient de son ignorance de l’Europe, il laisse la bride sur le cou au suédois, lui permet de se focaliser sur peu de modèles, de faire le pari de l’électrique dès 2017 et lui ouvre l’immense marché chinois. Dix ans après son rachat, l’entreprise est valorisée à 20 milliards de dollars (17,15 milliards d’euros) pour son entrée en Bourse, soit dix fois plus que le prix payé en 2010. Sans compter la division sport de Volvo, appelée Polestar, qui sera introduite en Bourse aux Etats-Unis sur une valorisation de 20 milliards de dollars.
Cette histoire prouve que rien n’est perdu pour un constructeur automobile même de taille modeste, et qu’il existe en Chine des acteurs privés suffisamment habiles et modestes pour réveiller à l’autre bout du monde l’inventeur de la ceinture de sécurité. Un paradoxe pour un pays dont la sécurité routière n’est pas la première vertu.
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