Automobile. Vous voulez changer de voiture ? C'est un enfer... voici pourquoi - France Live

Le moral du marché de l'automobile est en berne. Sur le segment des véhicules neufs, la pénurie de semi-conducteurs induit des délais de livraison records. Il s'écoule plusieurs mois, voire un an entre la signature du bon de commande et la réception du véhicule. Dissuasif...

Cet engorgement du marché du neuf a, dans un premier temps, profité à celui de l'occasion. Pendant plusieurs mois, les transactions s'y sont enchaînées, les ventes ont battu des records, puis le vent a tourné. Le secteur connaît à son tour un fort ralentissement.

Sept mois consécutifs en baisse

Novembre mis à part, les huit derniers mois ont été marqués par un recul des ventes sur le marché de l'occasion. La tendance est nette, comment l'expliquer ? En partie par les prix qui se sont envolés, ce que confirme Vincent Hancart, directeur général de la plateforme de vente en ligne AutoScout24 France : "En moyenne, les prix ont augmenté de 13% pour les véhicules d'occasion. La plus forte hausse est pour les SUV, et la seule baisse concerne les monospaces."

Des stocks en baisse

À l'effet prix s'ajoute l'effet stocks. La pénurie de véhicules neufs a poussé les acheteurs à se rabattre sur les modèles d'occasion. Les ventes se sont multipliées, mais la source a fini par se tarir : "Les stocks diminuent, le marché est déshydraté. Ceux qui achetaient du neuf achètent des véhicules récents, ceux qui voulaient acheter des véhicules jeunes achètent donc du plus vieux, et ainsi de suite."

De ce fait, les ventes de vieux véhicules connaissent une hausse : "Sur le mois de janvier 2022, le seul segment qui a évolué de manière positive, c'est celui des voitures de plus de 15 ans. Il y a eu 90 000 ventes, la vente de véhicules de deux à cinq ans reste toutefois plus forte, avec 116 000 ventes."

Plus vieux, plus fiable

Cela peut paraître paradoxal, mais l'attrait des vieilles voitures ne tient pas qu'au prix : elles rassurent les acquéreurs qui les pensent plus fiables : "Les acheteurs préfèrent partir sur quelque chose de plus vieux qui a fait ses preuves. Il y a évidemment le côté financier également, car ces modèles sont moins chers."

Les acheteurs qui ont besoin d'un véhicule dans l'immédiat auront donc tendance à s'orienter vers un modèle plus vieux, plus rassurant, qu'ils ne garderont pas très longtemps avant d'aller vers de l'électrique ou l'hybride, peut-être trop cher ou pas assez sûr pour eux à ce jour.

Le marché premium souffre lui aussi

Après avoir connu un emballement pendant plusieurs mois, le marché des véhicules premium est lui aussi à la peine : "Pendant plusieurs mois, Porsche par exemple vendait beaucoup de véhicules. Les Français ont épargné pendant les confinements, et les achats de voitures devenaient déraisonnés."

La crise est toutefois moins marquée sur les véhicules haut de gamme. Ce sont ceux sur lesquels les marques font le plus de marge, ils sont donc prioritaires sur les chaînes de production. "Les véhicules qui font le plus de ventes, comme les Clio, 208 ou C3, ne sont pas prioritaires pour les marques, donc ils n'en fabriquent pas. Ils préfèrent faire du premium, qui leur rapporte plus", confirme Vincent Hancart.

Retour à la normale : pas pour tout de suite

L'horizon n'est pas prêt de se dégager sur ce marché de l'automobile devenu complètement congestionné. Le retour à la normale va prendre du temps : "Pour les véhicules neufs, le marché devrait repartir, au mieux, à la fin 2022 ou début 2023. Mais il n'y a pas vraiment de fiabilité."

Et ce n'est que lorsque le marché du neuf aura repris des couleurs que celui de l'occasion pourra, à son tour, amorcer une reprise : "Le temps que les stocks se remplissent, l'impact sur le marché des occasions ne sera pas immédiat. Il faudra attendre au moins six mois."

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