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Comment l'industrie automobile cherche à se réinventer en séparant thermique et électrique - BFMTV

En scindant leurs activités voitures électriques et voitures thermiques, les constructeurs automobiles historiques espèrent récolter des fonds tout en favorisant la création.

Et si c’était la solution pour surmonter la révolution qui s’annonce? Alors que plusieurs marques y réfléchissent, Ford a franchi le pas avec son plan baptisé "Ford +". Cette semaine, le constructeur américain a annoncé scinder en deux son activité, avec la présentation de résultats financiers séparés dès 2023. D’un côté, la nouvelle entité Ford Model e développera les voitures électriques, logiciels et nouveaux moyens commerciaux. De l’autre, Ford Blue poursuivra la mise au point de la gamme existante, soit les modèles thermiques du constructeur. A la clé, plus de lisibilité industrielle et l’espoir de lever des fonds pour assumer financièrement le challenge de l’électrique.

Incarner aussi l'avenir aux yeux des investisseurs

Volkswagen, Renault ou Mercedes pourraient bien faire de même dans les mois à venir. Sortir à part les activités voiture électrique doit ainsi les mettre en lumière aux yeux des marchés, montrant que les constructeurs automobiles historiques, ces "legacy" dans la langue des investisseurs, peuvent aussi incarner la mobilité de demain. Ce qui ne semble pas évident à la vue des capitalisations du secteur.

Tesla affiche ainsi ce 3 mars une valorisation de 820 milliards d’euros, ce qui équivaut à près de 8 fois et demi celle de Volkswagen (94 milliards d’euros). A une échelle plus réduite, Rivian, le constructeur de véhicule électrique dans lequel a investi Amazon, affiche une capitalisation de 41,5 milliards d’euros alors que Stellantis ne vaut "que" 48,2 milliards d’euros. Or des fonds, c’est ce que recherche tous les constructeurs.

"Quand Tesla augmente son capital de 1%, il récupère 7 milliards de dollars, soit le financement de deux usines", résumait le directeur général de Valeo Christophe Périllat, rappelle Challenges cette semaine. Si tout le monde s’accorde sur le coût exorbitant de la transition, encore faut-il clairement l’évaluer.

"La transformation vers l’électrique vaut cher et il faut lui donner une valeur sur le marché, nous explique Guillaume Crunelle, associé en charge de l’automobile chez Deloitte. Plus un constructeur arrive à donner des perspectives sur les métiers d’avenir – la voiture électrique – plus les investisseurs sont à même de leur donner de la valeur".
Les modèles de la marque de voiture électrique Rivian.
Les modèles de la marque de voiture électrique Rivian. © Michael M. Santiago / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Libérer la création

Au-delà de l’aspect financier, scinder en deux son activité automobile entre thermique et électrique pourrait aussi être une solution pour révolutionner en interne les modes de fonctionnement. Le PDG de Ford Jim Farley compte ainsi reprendre dans Ford Model e l’esprit start-up, avec des projets partis d’une feuille blanche, à l’image de l’équipe qui avait créé le Mustang Mach-e, premier modèle électrique du constructeur américain.

"Si Tesla a réussi, c’est parce qu’ils ont pu se payer les meilleurs ingénieurs pour réaliser des projets dessinés from scratch", nous confiait un directeur R&D d’un grand de l’automobile. Des fonds et de l’agilité en somme.

"Les chaînes de valeur industrielles et logistiques sont très différentes entre la production de voitures thermiques et celles de voitures électriques, poursuit Guillaume Crunelle. Ce n’est pas la même complexité, pas la même intensité capitalistique. Il est beaucoup plus simple de produire une voiture électrique et les nouvelles marques n’ont pas la gestion d’un patrimoine industriel historique à redimensionner, une donnée qui préoccupe les marchés".

Comment faire accepter cette évolution en interne

Reste à savoir si en interne, cette scission en deux sera bien vécue. Car s’il faudra clairement continuer de produire des voitures thermiques pendant plusieurs années, les salariés de ces entités ne vont-ils pas se sentir relégués dans la "vieille industrie en train de mourir" ?

"Ce n’est pas parce que la prise de conscience qu’une révolution est nécessaire s’est faite que la mettre en œuvre se fera sans douleur, résume Guillaume Crunelle. Transformer une industrie vieille de près de 100 ans ne sera facile pour personne".

Dans la foulée de l’annonce de son plan, le titre Ford a gagné près de 8,4% mercredi dernier à Wall Street. Mais de nombreux analystes restaient circonspects quant aux objectifs de marge à deux chiffres des deux entités de Ford réunies d’ici 2026.

"Nous accueillons positivement cette réorganisation car nous pensons qu’elle accélérera la transition de Ford vers un monde de véhicules électriques, a déclaré jeudi l’analyste de Crédit Suisse Dan Levy aux investisseurs dans une note, rapporte CNBC. Cependant, nous pensons qu’il y a un certain nombre de questions qui devront être abordées et qui détermineront si la transition est vraiment réussie". La route est longue vers un avenir 100% électrique.

Pauline Ducamp

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