
Entre la TVA sur les carburants à 5,5 % et celle, plus convenue, à 20 %, les électeurs ont choisi. Sur cette seule ligne de programme, Emmanuel Macron aurait dû subir une cuisante défaite face à son adversaire Marine Le Pen, qui promettait la lune. Ça n'a pas été le cas. C'est peut-être parce que les conducteurs, instruits du comportement des différents gouvernements depuis des décennies, ne sont pas si naïfs que cela.
Ils ont bien retenu la toute-puissance de l'État sur ce sujet où aucun cadeau n'est à espérer. Excepté, sous la pression de l'opinion, une remise ponctuelle de 18 centimes sur le litre de carburant. Ou encore des primes à l'achat d'une voiture électrique dont le besoin n'est pas si criant pour de nombreux foyers, incapables de payer le « reste à charge ».
Bon an mal an, ce sont plus de 40 milliards d'euros de recettes fiscales qui viennent gonfler les caisses de l'État. Merci l'automobile. Mais cette manne menace de se tarir avec la chute actuelle des ventes pour les raisons conjoncturelles que l'on connaît et la perspective d'un décrochage dû à l'augmentation inéluctable des ventes de voitures électriques, à ce stade non pourvoyeuses de recettes fiscales. Il ne faut pas être devin pour comprendre que les bonus dont on les arrose cesseront un jour et que, pour retrouver les 40 milliards de recettes fiscales, il faudra bien tôt ou tard taxer l'électricité.
Emmanuel Majax
Emmanuel Macron aura alors à jouer les Gérard Majax pour endormir la vigilance des consommateurs français, particulièrement affûtés sur le sujet. La réduction des bonus écologiques, déjà reculée du 1er janvier au 1er juillet 2022, a de bonnes chances de jouer, dans le climat ambiant, les prolongations. Mais pour combien de temps, alors qu'un grignotage des aides est d'ores et déjà arrêté.
Une nouveauté pourtant à destination des oubliés de la province et des petits budgets, Macron 2 devrait instaurer à destination de ces ménages moins favorisés un programme de « location de véhicules électriques et hybrides à moins de 100 euros par mois ». Un pur produit venu d'en haut qui va rendre perplexe la France d'en bas et dont on vérifiera les modalités d'application lorsqu'il sera effectivement lancé. Il faudra savoir aussi qui paiera la différence, car la mensualité annoncée tient de la promesse de campagne, pas du calcul du prix de revient réel pour ce genre de technologie.
Mais engament écologiste oblige depuis le discours de Marseille et la nomination promise d'un(e) Premièr(e) ministre dédié(e) à ce dossier, Emmanuel Macron fera le nécessaire pour décourager les automobilistes conservateurs, adeptes irréductibles de l'énergie fossile. La multiplication des « zones à faibles émissions » (ZFE) durant ce nouveau quinquennat va révéler à des millions de Français qu'ils ne peuvent plus accéder aux grands centres-ville avec leurs voitures actuelles. Toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants seront concernées en 2025, c'est-à-dire demain. Et les voitures détenues par les Français et rendues obsolètes par cette mesure ne vaudront plus rien sur le marché.
Les voitures neuves thermiques passent aussi dans l'étau du seuil de déclenchement du malus. Il descendra en 2023 de 128 g à 123 g de CO2, ce qui affectera toute la grille en aggravant les pénalités rapidement dissuasives. Et comme si cela ne suffisait pas, le malus au poids entré en vigueur le 1er janvier 2022 et relativement indolore, car fixé très haut descendra bientôt l'échelle des poids.
Détestation de la « bagnole »
En d'autres termes, selon une approche discutable, le fait d'avoir une grosse voiture sera clairement ciblé et fortement taxé. Seuls véhicules à être épargnés, les enclumes électriques lestées de leurs batteries resteront à l'abri de tout malus. Mieux, pour aider à les acheter, un prêt à taux zéro pourrait même être proposé l'an prochain aux ménages moins favorisés.
Au nom de l'écologie, on peut s'attendre à une stratégie conduisant vers le tout-électrique à marche forcée lorsqu'on sait que c'est la transition en douceur qu'il faut jouer. Une méthode qui aurait d'ailleurs pu être appliquée avec profit pour le 80 km/h sur les routes, mesure brutale et calamiteuse d'Édouard Philippe dans sa détestation de la « bagnole » et que n'a jamais rapportée Emmanuel Macron.
Depuis 2018 et l'instauration de cette mesure, ramenée ensuite au stade d'expérience, son utilité n'a jamais été démontrée. Un peu de lest a été lâché en permettant aux départements, sous l'égide de la sécurité routière, de relâcher la bride, 42 départements ayant décidé de repasser, pour une partie de leur réseau et parfois même la totalité, aux 90 km/h. Pas moins de 38 000 kilomètres de routes françaises sont désormais concernés, mais le 80 km/h n'est toujours pas rapporté par un exécutif qui répugne à admettre ses erreurs.
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