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«Plus l'automobile devient électrique, mieux c'est pour Valeo», affirme son directeur général, Christophe Périllat - L'Usine Nouvelle

L'Usine Nouvelle. - Le marché automobile français peine à redémarrer. Croyez-vous que le rebond du secteur passera par les volumes? Les grands constructeurs s'orientent vers une stratégie davantage centrée sur la valeur...

Christophe Perillat. - Je ne crois pas que les niveaux bas de production de 2020, 2021 et 2022 - de 77 à 80 millions d’unités par an - soient tenables dans le temps. Il y a un déficit de production significatif. Les délais s’allongent pour les consommateurs et les stocks des concessions sont réduits au maximum. Ce n’est pas une situation tenable. Le monde n’est pas tout à fait ce qu’il était avant la pandémie mais la soif de mobilité est inchangée. Et la soif de mobilité individuelle est peut-être même renforcée. Pendant le Covid-19, la désaffection pour les transports publics était frappante. Je n’ai donc pas de craintes sur le marché ni sur l’impact d’une éventuelle récession. Les carnets de commandes sont à un niveau tellement élevé qu’il y aura un volume de production important.

VOS INDICES

Les pénuries de semi-conducteurs empêchent de satisfaire la demande. Quelles sont vos solutions pour les compenser?

Valeo est toujours parvenu à livrer ses clients malgré la pénurie de composants. Un premier levier est l’anticipation. L’industrie automobile travaille avec deux semaines de commandes fermes et une quinzaine de semaines de commandes prévisionnelles. C’est évidemment totalement insuffisant et contradictoire avec le besoin d’investir à long terme quand l’industrie change totalement. Le secteur doit faire un effort considérable pour fournir à l’ensemble de la chaîne des prévisions à plus long terme. Valeo le fait. Nous fournissons vingt-quatre mois de prévisions à l’ensemble de nos fournisseurs.

Y a-t-il d'autres solutions?

Valeo achète 20 000 références de composants électroniques et consomme 250 millions de composants par jour.

Il faut être agile. Valeo achète 20 000 références de composants électroniques et consomme 250 millions de composants par jour. Il faut être capable de détecter suffisamment tôt les quelques références qui vont créer un problème et trouver des solutions alternatives : redesigner une carte électronique, écrire du logiciel complémentaire, valider une nouvelle solution... Ce n’est pas réalisable dans l’urgence.

Valeo dispose d’une usine à Togliatti, en Russie, qui fournissait Renault. Maintenant que Renault a décidé de quitter le pays, quel est votre plan?

Nous sommes en parfaite conformité avec l’ensemble des sanctions internationales. Et l'activité première monte de l'usine est actuellement suspendue. Notre client principal a pris sa décision. À partir de là, nous allons examiner les options possibles. Toutes les pistes sont sur la table. C’est un sujet important, mais il ne faut pas le rendre plus important qu’il ne l’est. Nos activités en Russie représentaient moins de 1% de notre chiffre d’affaires. Il s’agit d’un unique site parmi nos 184 usines dans le monde, et de 400 salariés, pour un groupe qui en emploie 110 000.

L’inflation pèse sur de nombreux fournisseurs de l’automobile. Quel est l’impact sur vos activités?

Aujourd’hui, c’est le sujet numéro un des industriels. Entre janvier 2021 et aujourd’hui, les prix de l'aluminium, du cuivre et du polypropylène ont doublé, ceux de l'acier et des terres rares triplé, celui du gaz quintuplé... L’impact net pour Valeo sera de 200 millions d’euros sur 2022. C’est un montant faible par rapport à l’incroyable vague d’inflation, mais important par rapport au résultat net en 2021, qui s'élève à 175 millions d’euros. Nous devons le répercuter à 100% à nos clients. Cela demande du temps, mais nous y arrivons. Nous n’avons pas le choix.

Le client final doit donc s’habituer à payer plus cher?

Une voiture correspond à une tonne et demie ou deux tonnes de matières. Il y a nécessairement une augmentation des prix. Si nous ne les répercutons pas et si nos clients ne les répercutaient pas sur le client final, cela voudrait dire qu'on ferait cadeau d'une part des matières. Ce n’est pas possible.

Il faut ajouter à cela l’électrification et l’automatisation des véhicules… Croyez-vous à une voiture électrique bon marché?

Nous y travaillons. Nous croyons à la voiture électrique et à la mobilité individuelle. Il est nécessaire de faire cette transition vers un véhicule plus propre et plus sûr. Dans quinze ans, il sera fondamentalement différent du véhicule d’aujourd’hui. La mission d’un équipementier automobile comme Valeo est de développer ces technologies et de le faire à des coûts compétitifs pour permettre au produit d’être vendu sur un marché de masse.

La mobilité individuelle étant un besoin fondamental, il y aura des volumes ailleurs si ce n’est pas dans la voiture.

Beaucoup de petits sous-traitants français n’ont pas la puissance d’un Valeo. La Plateforme automobile redoute une vague de défaillances. Partagez-vous cette inquiétude?

La production de véhicules électriques correspond déjà à un véhicule sur dix dans le monde. Ce ne sont plus des chiffres marginaux et ils doublent quasiment tous les ans. Valeo se prépare depuis plus de dix ans à cette voiture plus propre et plus sûre. Plus le marché devient électrique, mieux c’est pour Valeo. Pour certains fournisseurs, le contenu dans un véhicule électrique est nul ou inférieur au contenu qu’ils avaient sur un véhicule à combustion. Dans ce cas, cette transformation peut être douloureuse, voire mortelle. Il va y avoir le camp des gagnants et le camp de ceux qui ne se sont pas préparés. Valeo sera dans le camp des gagnants.

Faut-il aider ceux qui n’ont pas anticipé cette vague?

C’est trop tard. Dans le cas des chargeurs pour véhicule électrique, nous venons de développer la quatrième génération. Nous avons acquis de l’expérience, des bancs d’essai, recruté ingénieurs... L’équipementier qui n’a pas fait ce travail ne va pas passer à la cinquième génération d’un coup. C’est un rêve. Vous ne pouvez pas vous réinventer du jour au lendemain dans la précipitation, alors même que vos finances commencent à être tendues.

Valeo se positionne beaucoup sur les nouvelles mobilités. A quel point vont-elles compter?

Je ne sais pas à quel niveau reviendra le marché automobile. En revanche, je sais que la mobilité individuelle étant un besoin fondamental, il y aura des volumes ailleurs, si ce n’est pas dans la voiture. Dans une mobilité à deux roues, à trois roues et dans des véhicules à quatre roues différents, comme la Citroën Ami. Ce marché adjacent est très important. Les vélos électriques représentent 53 millions d’unités hors Chine. Ce sont des produits avec un moteur électrique 48 volts et sur lesquels - si l'on parle de droïdes - il y a des capteurs d'autonomie. Valeo a une carte à jouer. Les technologies que nous avons développées pour la voiture sont immédiatement adaptées à ces nouvelles mobilités.

Propos recueillis par Simon Chodorge et Emmanuel Duteil

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