Il existe un point commun entre Georges Pompidou et Janis Joplin. Tous deux étaient propriétaires d’un coupé Porsche 356 qu’ils aimaient conduire vite. Si les Français, comme il le dit un jour, « aiment la bagnole », le deuxième président de la Ve République ne fait pas exception.

Georges Pompidou, alors directeur général de la banque Rothschild, s’offre en février 1962 une Porsche 356, carrosserie gris ardoise et intérieur tabac blond. Deux mois plus tard, il est nommé premier ministre du général de Gaulle et décide de céder la voiture à son épouse dont le nom apparaît sur la carte grise. Hormis ce souci de discrétion, Georges Pompidou ne fait rien pour dissimuler son acquisition. Chaque vendredi soir, il quitte Matignon ou l’Elysée au volant de sa bombinette pour rejoindre sa maison d’Orvilliers à l’ouest de Paris. Claude Pompidou, qui devait parfois s’imposer pour conduire sa voiture, racontera qu’ils aimaient rouler vite et prenaient un malin plaisir à semer les Citroën DS des officiers de sécurité.
Pompidou est un passionné d’automobile. Alors que cet exercice est considéré comme un pensum pour tout président de la République, il est comme un poisson dans l’eau lorsqu’il s’agit d’inaugurer le Salon de l’auto de Paris, où il s’attarde sur le stand Porsche mais aussi chez Alpine Renault. Soucieux de donner du lustre aux apparitions présidentielles et de mettre en valeur l’élite de la production automobile française, il commande au carrossier Chapron deux grandes limousines d’apparat réalisées sur la base de la Citroën SM. Depuis longtemps oubliées des présidents, ces deux voitures sont toujours entretenues avec soin. En 2001, Claude Pompidou cède son coupé 356 à Porsche France qui l’a restauré et l’expose régulièrement.
L’époque de la voiture reine
Le rapport à l’automobile du président de la première partie des années 1970 colle à son époque, celle de la voiture reine, mais aussi, d’une mortalité routière très élevée contre laquelle les pouvoirs publics réagiront en instaurant, en décembre 1973, une vitesse limitée à 90 km/h sur route et 120 km/h sur autoroute. Après Pompidou, l’aura de l’automobile va beaucoup pâlir dans les cercles du pouvoir. Ses enjeux deviennent politiques. Valéry Giscard d’Estaing, son successeur, roule de préférence en Peugeot pour bien marquer une rupture avec le « citroënisme » consubstantiel au gaullisme. Et si Mitterrand se fait présenter la nouvelle Twingo dans la cour de l’Elysée, en mars 1993, c’est surtout pour marquer son attachement à une entreprise publique face aux projets de privatisation de la droite.
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