- Le président de la République a fait une demande de « pause réglementaire » sur les contraintes environnementales à l’Union européenne ce jeudi. Cette demande intervient quelques jours après la publication d’un rapport de l’Apur qui avance que le verdissement du parc automobile de la Métropole du Grand Paris avance très lentement.
- S’ils alertent sur le coût social des mesures de restrictions sur les véhicules automobiles, les élus de la métropole et de la région insistent pour garder le cap de la ZFE à 100 % véhicules propres en 2030.
- Subventions, prêts à taux zéro et développement des transports en commun, de nombreuses solutions sont proposées pour limiter l’impact de la mesure. Sans la certitude que les industriels pourront suivre une telle transition.
Jeudi dernier, lors son discours sur la réindustrialisation de la France, Emmanuel Macron, le président de la République, a indiqué que le bonus automobile prendrait désormais en compte « l’empreinte carbone » pour soutenir ce qui est produit en Europe.
Une mesure environnementale certes, mais en partie éclipsée par sa demande à l’Union européenne d’une « pause réglementaire européenne sur les contraintes environnementales », arguant l’avance européenne dans le domaine et le besoin de stabilité.
Moins de 2 % des véhicules de la métropole sont éligibles à la ZFE 2030
Une requête qui fait écho au débat que doivent avoir les élus de la Métropole du Grand Paris (MGP) le 30 juin prochain au sujet de l’interdiction des véhicules Crit’Air 3 dans la Zone à faibles émissions (ZFE). Déjà repoussée deux fois, cette étape pourrait encore être reportée à la fin de l’année 2024 ou en 2025. Or, à la fin du mois d’avril, l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a publié un rapport démontrant que si le nombre de véhicules dans la métropole continue de baisser, une constance depuis 2018, le chemin vers 100 % de véhicules propres, prévu pour 2030, est encore très, très long.
Au 1er juillet 2022, l’Apur a comptabilisé 2.942.000 véhicules immatriculés dans la Métropole du Grand Paris, soit une baisse de 1,2 % (35.000 véhicules légers) par rapport à l’année précédente. Une bonne nouvelle pour l’environnement puisque ces véhicules représentent 9 % des émissions de particules fines dans la région. Dans le même temps, le nombre de véhicules propres (électriques ou à hydrogène) a progressé de 53 %. Permettant à l’Atelier de constater un renouvellement « existant » et à même « de contribuer à l’amélioration de la qualité de l’air ». Mais ces véhicules représentent à peine 2 % du parc automobile intra-A86, montrant un « verdissement » du parc automobile encore trop lent pour atteindre son objectif de 2030.
Jusqu’à 50 % de véhicules inéligibles au Crit’Air 3 dans certaines zones
« À l’évidence, la transition n’est pas facile », commente Corentin Duprey, vice-président en charge des mobilités du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. Selon l’élu, de trop nombreux obstacles se dressent encore sur la route vers 2030. Le premier d’entre-eux reste le coût des véhicules propres : « Ils sont très chers, même en cumulant les aides disponibles. »
Un constat partagé par Étienne Diot, délégué général de Eco Entretien, spécialisé dans l’automobile. Dans un sondage réalisé par l’association en 2022, 36 % des personnes interrogées ont affirmé « ne pas avoir le début d’un euro pour remplacer leur voiture Crit’Air 3, 4 ou 5 ». « Dans certaines zones, on atteint des pics de 50 % de véhicules inéligibles aux prochaines restrictions. Et les propriétaires de ces voitures sont ceux qui ont le moins de moyens pour pouvoir les changer et qui en ont le plus besoin », s’inquiète Etienne Diot.
Ne pas oublier l’objectif environnemental
Et si la Seine-Saint-Denis fait partie des zones les plus concernés, pas question pour Corentin Duprey de renoncer à la lutte écologique : « Les conséquences de la pollution sont trop importantes et se comptent en milliers de morts (8.000 décès par an en Île-de-France selon Airparif) et de maladies respiratoires tous les ans. Notre département paie un lourd tribut avec les voies autoroutières A1, A3, A86 et les nombreuses habitations le long du périphérique. »
Pour l’élu, les solutions se trouvent d’abord dans une augmentation des investissements de l’Etat pour que la transition soit « acceptable et acceptée » : « Il faut davantage d’aides et surtout les rendre lisibles. » Une lisibilité que revendique Geoffroy Boulard, vice-président délégué à la communication et à l’innovation numérique à la communication et à l’innovation numérique de la MGP : « Nous avons organisé un guichet unique sur le site de la métropole où les habitants peuvent déposer un dossier pour obtenir jusque 22.000 euros d’aide pour l’achat d’un véhicule neuf. Sur les 5.200 dossiers déposés, nous avons déjà répondu favorablement à 4.000. »
Les élus demandent davantage d’aides de la part de l’Etat
Même les véhicules d’occasion peuvent désormais bénéficier d’une aide. Un point sur lequel la MGP veut appuyer : « Nous avons demandé aux constructeurs de faire un effort sur les prix, aujourd’hui la différence entre le neuf et l’occasion n’est pas assez attractif », témoigne Geoffroy Boulard.
Pour rendre ces derniers plus accessibles encore, la MGP demande à l’Etat d’accéder à la demande de prêt à taux zéro pour les véhicules propres. Dernier levier pour que les plus modestes puissent encore envisager l’acquisition de ces modèles. « Avec le report, au plus tard au 1er janvier 2025 pour les Crit’Air 3, l’Etat a le temps de mettre cette mesure en place. »
Les industriels sont-ils prêts ?
Reste la question technologique : les industriels arriveraient-ils à suivre le rythme d’une forte augmentation de la demande si celle-ci se concrétisait ? Difficile de répondre selon Geoffroy Boulard : « Les industriels français ont pris du retard sur ce point. Le marché s’est mondialisé donc peut-être que la solution est ailleurs, mais ce sera dommage pour nos fleurons. »
Pour Étienne Diot, à moins d’un miracle, la réponse est négative. « Le marché représente 1,5 million de ventes par an sur tout le pays. Il faudrait des dizaines d’années pour tout remplacer à ce rythme. » Peut-être l’idée de véhicules disponibles en leasing, comme le propose Emmanuel Macron, pourrait accélérer la transition, si elle est applicable.
Mettre le paquet sur le report modal
C’est pourquoi Corentin Duprey ne limite pas ses demandes d’investissements à la voiture « Nous devons aussi nous concentrer sur le report modal, continuer à développer l’offre cyclable et surtout les transports en commun », insiste-t-il avant de citer les exemples du prolongement de la ligne T1 jusqu’à la gare de Val Fontenay, de la T8 au vers le sud du département ou encore les prolongements demandés des lignes de métros 1 et 7.
Il encourage également la densification du maillage des réseaux de bus avec, par exemple, les réseaux de T Zen en site propre. « Des endroits comme Stains, qui sont parmi les plus concernés par les Crit’Air 3, sont aussi ceux qui sont le plus mal desservis. » Un vœu qui pourrait être exaucé, notamment par la volonté d’Île-de-France Mobilités de construire une cinquantaine de lignes d’autocars express.
« Il est évident qu’un chantier d’une telle ampleur ne se fait pas sans difficultés. Même en ayant commencé en 2018, nous avons encore beaucoup à faire. Nous espérons que l’Etat sera aussi au rendez-vous. Le point positif est que tous les acteurs de la métropole, quel que soit leur bord politique sont engagés en ce sens, relève Geoffroy Boulard qui espère rassurer les plus inquiets, nous préférons repousser certaines échéances pour bien faire les choses, plutôt que de tout faire très vite et regretter des mauvais choix ensuite. »
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