
(BFM Bourse) - Le constructeur automobile a dégagé un chiffre d'affaires de 10,5 milliards d'euros au troisième trimestre, en hausse de 13,8% hors effets de changes mais légèrement inférieur au consensus. L'action plonge.
A force de prendre de vitesse les attentes du marché, livrer une publication un peu moins bonne que prévu peut provoquer une sanction conséquente.
Renault en fait les frais ce jeudi 19 octobre. Le constructeur automobile accuse la plus forte baisse du CAC 40, avec un plongeon de 6,3% vers midi. Il convient de préciser que le compartiment automobile souffre particulièrement ce même jour, Stellantis perdant 3,3% et les équipementiers Forvia et Valeo reculant de 3,3% et 2,6% respectivement, dans un contexte de prudence de marché défavorable aux valeurs cycliques.
Reste que le groupe au losange perd encore plus que les autres à la suite de la publication de son activité du troisième trimestre. Sur la période allant de juillet à fin septembre, le constructeur automobile dirigé par Luca de Meo a dégagé des revenus de 10,5 milliards d'euros dont 9,4 milliards d'euros pour la division automobile, soit une progression de 7,6% en données publiées et de 13,8% hors effets de devises.
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Des déstockages qui pèsent
Néanmoins les investisseurs espéraient davantage, le consensus se situant à 10,625 milliards d'euros pour le chiffre d'affaires global, selon Stifel, avec 9,67 milliards d'euros pour la division automobile, qui se trouve donc à l'origine du raté.
Ce en raison de volumes qui ont eu un impact négatif de 148 millions d'euros ou 1,6 point de pourcentage de revenus de la division automobile. "C'est effectivement surprenant, on ne l'avait pas anticipé", glisse un analyste qui ajoute que "c'est la première fois depuis huit ou neuf trimestres que Renault ne produit pas un 'beat' (une publication au-dessus des attentes)".
Cet effet négatif peut à première vue étonner quand on sait que les ventes mondiales ont augmenté de 6,1% sur un an.
"Le raté de Renault sur le chiffre d'affaires est essentiellement dû à un impact négatif des volumes. Le groupe l'explique par les déstockages effectués auprès des concessionnaires, le groupe souhaitant réduire ses stocks. Ce qui explique la différence entre les immatriculations robustes du groupe au troisième trimestre et l'effet négatif sur les volumes dans la publication", décrypte sur ce point Valentin Mory, analyste au sein du bureau d'études indépendant AlphaValue. Ce dernier juge la chute du cours "un peu sévère".
A contrario des volumes, les prix plus élevés (via des canaux de ventes plus rentables comme les particuliers au contraire des loueurs ou des flottes d'entreprises) ont encore soutenu les revenus à hauteur de 675 millions d'euros ou 7,5 points de pourcentage de revenus. Mais le directeur financier, Thiery Piéton, a expliqué lors d'une conférence avec des analystes que les changes étaient à l'origine d'environ 60% de cet impact prix.
Un intermédiaire financier souligne également que le carnet de commandes de la société a beaucoup reculé représentant 2,5 mois de ventes à fin septembre contre 3,4 mois à fin juin. Renault avait toutefois précisé qu'il comptait réduire cet indicateur entre 2 et 3. "Cela peut vouloir dire que les prises de commandes sont pas dingues", redoute néanmoins cet intermédiaire financier.
Objectifs confirmés
Le même observateur remarque que le prix de la nouvelle Scenic E-Tech, présentée en septembre dernier, est fixé à 40.000 euros et s'avère donc inférieur à celui de la Megane E-Tech alors que la Scenic est censé être un poil plus élevée dans la gamme. "Mécaniquement on se demande si la Mégane est pas trop cher et si son prix ne doit pas être baissé", avance-t-il.
"On aurait pu attendre un prix plus élevé du Scénic, c'est vrai. Mais cela ne signifie pas pour autant que la rentabilité est moins bonne car Renault travaille actuellement sur ses coûts et sur la rationalisation de sa production. Ainsi la nouvelle Clio, actuellement en phase de lancement, sera mieux margée que sa version précédente", nuance Vlalentin Mory d'AlphaValue.
Un autre analyste partage ce dernier avis et estime que "la communication du directeur financier lors du call ne pointe absolument rien de négatif".
A l'issue de cette publication Renault a confirmé ses objectifs financiers pour l'année à savoir une marge opérationnelle comprise entre 7% et 8% et un flux de trésorerie libre d'au moins 2,5 milliards d'euros. La marge opérationnelle du second semestre est par ailleurs attendue au-dessus du premier (7,6%).
Une cannibalisation avec Ampere
Mais le grand rendez vous pour le groupe aura lieu dans un mois environ, le 15 novembre. Le groupe tiendra une journée investisseurs dédiée à Ampere, sa division spécialisée dans les véhicules électriques et les logiciels embarqués que Renault prévoit d'introduire en Bourse au début de l'an prochain.
Thierry Piéton a indiqué que la ségrégation des comptes de l'entreprise serait finalisée le 1er novembre, date à laquelle Ampere sera donc une entité propre.
L'introduction en Bourse de cette division suscite toutefois des interrogations de la part du marché et des analystes, certains redoutant que la création de valeur liée à l'opération se fasse au détriment de l'action Renault, le marché ayant en tête un cas précédent avec Volkswagen et l'introduction en Bourse de Porsche l'an passé.
Interrogé par un analyste de Bernstein sur le sujet, Thierry Piéton a répondu que cette opération permettrait de créer "les meilleurs conditions possibles" pour Ampere, ce qui générera de la valeur pour les actionnaires. "L'introduction portera la responsabilité de la direction d'Ampere au niveau maximum", a-t-il assuré.
"C'est comme pour les enfants quand ils grandissent: ils commencent par avoir une chambre à part mais c'est quand ils quittent la maison et ont leur propre appartement qu'ils commencent à devenir vraiment responsables", a-t-il plaisanté. Le dirigeant a plus sérieusement indiqué que la société avait mené une analyse détaillé sur ses actionnaires pour voir si ses porteurs pouvaient effectuer un arbitrage Renault-Ampere. Sur la base de ces données "nous ne voyons pas cela comme un risque élevé, il y en aura (des arbitrages, NDLR) mais nous pensons que cela sera plus que compensé par la valeur que nous créerons avec une activité (Ampere) qui aura toute les bonnes conditions pour réussir", a-t-il conclu.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
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