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Luca de Meo plaide pour un "plan Marshall" automobile - Auto-Moto

Outre les Jeux Olympiques, les élections européennes (il y aussi les élections américaines, mais cela nous concerne un peu moins) sont un des principaux temps forts de cette année 2024. Pour rappel, elles auront lieu entre les 6 et 9 juin prochain (dans les DOM-TOM et pour les Français de l'étranger, le vote est prévu le 8 juin alors que ce sera le 9 pour les Français métropolitains) et détermineront la composition du Parlement européen.

Va-t-il basculer à l'extrême-droite ou va-t-on voir a contrario une poussée des partis écologistes ? Deux scénarios diamétralement opposés que craignent presque tout autant les industriels du secteur automobile. Le premier pourrait rimer avec un abandon quasi-total des politiques d'électrification décrétées jusque-là, et notamment celui de l'interdiction de vendre des voitures thermiques neuves en 2035. Le second pourrait lui mener à des règlementations toujours plus sévères. Pour le Groupe Renault, qui s'est plutôt engagé dans le tout-électrique et n'a pas développé de plateformes multi-énergies (contrairement à Stellantis, par exemple), un retour en arrière serait catastrophique sur le plan financier. Quant aux réglementations, ils les trouvent à la fois trop nombreuses et contre-productives puisqu'elles alourdissent et font gonfler le prix de nos voitures.

Pour toutes ces raisons, les élections approchant, il a estimé nécessaire de s'exprimer par le biais d'une lettre, au nom de son groupe mais également du secteur automobile qu'il représente pour la deuxième année consécutive sur le Vieux Continent puisqu'il est à la tête de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), afin de défendre les intérêts de la filière. Face à des perspectives peu encourageantes, il plaide entre autres pour rien de moins qu'un "plan Marshall", un grand plan de soutien visant à soutenir cette industrie qui représente, rappelle-t-il, 8 % du PNB européen.  

Un "plan Marshall" automobile, quèsaco ?

La menace chinoise, toujours elle

Pour tous ceux qui auraient passé les épreuves du baccalauréat il y a bien longtemps, une petite piqûre de rappel historique ne sera pas inutile. Le "plan Marshall", c'est le programme de prêts proposé en 1947 aux Etats européens pour les aider à se reconstruire après la Seconde Guerre mondiale et accepté par 16 d'entre eux, principalement en Europe occidentale. La comparaison est loin d'être anodine.

Des termes forts donc mais qui s'imposent selon lui car aucune autre industrie n'est soumise à une telle ambition", celle de "ramener les émissions des véhicules à zéro en Europe d'ici 2025". Alors, non, le secteur automobile n'est pas encore à l'agonie mais il est menacé, d'après ses dires, "par l’offensive des voitures électriques chinoises". La difficulté selon lui, c'est à la fois le fait que "le "centre de gravité du marché mondial de l’automobile" se soit "déplacé vers l’Asie" mais également que "les importations européennes en provenance de Chine" aient "été multipliées par 5 depuis 2017", contribuant à ce que "le déficit des échanges entre l’Europe et la Chine augmente brutalement" puisqu'il "a doublé entre 2020 et 2022, s’approchant de 400 milliards d’euros".

De multiples défis

Main d'œuvre plus chère en Europe qu'en Chine, coûts de l'énergie également plus élevés chez nous qu'ailleurs, politiques interventionnistes en Chine et aux Etats-Unis (subventions aux industriels dans ce premier pays, crédits d'impôts aux USA), voilà qui rend l'Europe moins compétitive. C'est ainsi que les marques chinoises principalement peuvent se permettre de lancer des véhicules à prix serrés très appréciés des clients européens, surveillant leurs dépenses de très près. 

Des défis, il y en a d'autres à relever selon lui. Les technologies évoluent vite, ce qui sera lancé demain pourra être obsolète à sa sortie. Les prix des matières premières sont volatils et pourraient dépendre d'un organisme au même titre que le marché du pétrole est suivi de très près par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Enfin, il faut former les salariés de l'industrie automobile à tous ces changements technologiques, ce qui représente un coût non négligeable. 

Ses propositions

Le choix de la technologie 

Face à une situation complexe ayant un impact sur le quotidien de nombreux Européens puisqu'il s'agit du principal moyen de transport, Luca de Meo plaide pour de multiples solutions, le "plan Marshall" comme il l'appelle n'étant que l'une d'entre elles. Même s'il ne souhaite pas une remise en cause totale des politiques menées jusque-là, il estime nécessaire que soit adopté "un principe de neutralité technologique et scientifique". Qu'un objectif de décarbonation du parc automobile soit fixé, soit, mais il souhaite "que l’on cesse de dicter des choix 'technologiques' aux industriels". Dit autrement, il serait préférable que les industriels choisissent eux-mêmes la façon dont ils vont respecter ledit objectif. Il voit par exemple dans les "e-fuels" une piste très intéressante à explorer. L'hydrogène n'est pas à oublier non plus, cette technologie doit être stimulée. 

Dans le même genre d'idées, puisque "l’électrification sans électricité décarbonée ne peut pas marcher", il juge important d'allouer "à l’industrie automobile un quota d’énergie décarbonée et bon marché". En plus d'améliorer le bilan carbone du parc automobile, cela permettra aux groupes automobiles de réduire leurs dépenses. De manière générale, il est nécessaire pour lui de faire en sorte que l'Europe sécurise ses besoins en matières premières, celles servant dans la fabrication de nos automobiles.

Des "kei cars"

Regrettant que les prix des petites voitures aient bondi en l'espace de quelques années, il invite à s'inspirer de la réglementation japonaise et de ses "kei cars". Comment ? "Avec un arsenal de mesures très peu coûteuses, on peut inverser rapidement la tendance: leasing sociaux, places de parking gratuites, prix préférentiels de recharge, taux d’intérêt plus bas pour les crédits, incitations pour les jeunes acheteurs, etc...". La France a évidemment une avance sur ce point, mais cela ne suffit pas.

Et c'est là que le "plan Marshall" de l'automobile entre dans l'équation. Pour verdir le parc, il n'y a pas selon lui 50 000 solutions, il faut une politique d'aides gouvernementales. Aussi suggère-t-il de créer un fonds spécifique afin d'aider un maximum de foyers à opter pour un véhicule récent. Il faut également densifier le parc de recharge pour que la crainte de la panne ne soit plus un problème. Vous l'aurez compris, c'est un pari audacieux que fait Luca de Meo en rédigeant cette tribune. Reste désormais à savoir s'il va rester lettre morte. 

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Pour résumer

Aux grands maux les grands remèdes. Les élections européennes s'approchant, le patron du Groupe Renault - inquiet des potentiels résultats du scrutin - a jugé opportun de rédiger une lettre s'adressant à tous les électeurs visant à les aider à "choisir la bonne politique". Décryptage.

Rédacteur

Hugo Dupont

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