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Pourquoi Renault s'allie au puissant milliardaire chinois Li Shufu, propriétaire de Geely - Challenges

Les autorisations ont été longues à venir. C’est fait, Renault et le chinois Geely ont publié ce vendredi un communiqué annonçant leur nouvelle alliance. Leur société commune à 50-50 Horse Powertrain Limited, basée à Londres au Royaume-Uni, développera, produira et commercialisera toutes les motorisations thermiques, hybrides simples et rechargeables ainsi que les transmissions. Un domaine énorme, puisque Renault vend encore 92 % de ses véhicules en version non électrique en Europe, dont 20 % en hybride (sur quatre mois 2024) ! Et c’est 100 % de thermique en-dehors. Pour la marque Dacia, c’est aussi la totalité. L’enjeu de cette association est donc stratégique, même si, logiquement, la part des véhicules thermiques et hybrides devrait décroître en Europe.

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« Ce partenariat avec une entreprise de premier plan comme Geely va nous permettre de créer un nouvel acteur doté des capacités, du savoir-faire et des connaissances nécessaires pour développer des technologies en matière de motorisations thermiques à très faibles émissions et d’hybrides très économes », affirme Luca De Meo dans le communiqué. « Renault pourra atteindre un leadership et une envergure mondiale » dans ce domaine, poursuit le directeur général de la firme tricolore. Horse Powertrain Limited s’occupera également des futures technologies, notamment dans le domaine des carburants alternatifs, y compris l’hydrogène. D’où l’intérêt de faire venir le pétrolier Aramco, qui développe des carburants de synthèse. A ce stade, Aramco ne participera pas toutefois à la co-entreprise. Mais le saoudien devrait la rejoindre à terme, selon la lettre d’intention signée en mars 2023. Il pourrait en prendre 20 %, ramenant alors Renault et Geely à 40 % chacun.

La société commune franco-chinoise mettra en commun les ressources du constructeur français mais aussi celles de Geely, qui contrôle notamment le constructeur suédois Volvo Cars. Horse Powertrain Limited regroupera 17 sites de production - aucun en France - et 19 000 personnes avec 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires prévisionnel et cinq milliards de moteurs par an, précisent les deux partenaires. Les centres opérationnels seront basés à Madrid (Espagne) et en Chine.

Détricotage de l’Alliance avec Nissan

Cette nouvelle alliance franco-chinoise fait suite au détricotage de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, nouée en 1999. En novembre dernier, les membres de cette Alliance ont acté sa transformation en simple partenariat centré sur quelques projets de coopération ponctuels. Renault a réduit sa participation de 43,4 % à 15 % dans Nissan, à parité désormais avec le japonais qui détient la même part du capital de Renault et a reçu des droits de vote correspondants, dont il était privé jusqu’ici. Renault ne contrôle donc plus son partenaire nippon. L’Alliance, de toute manière, ne fonctionnait plus depuis l’arrestation de son patron emblématique Carlos Ghosn en 2018 à Tokyo. Détenu directement à hauteur de 34 % par Nissan depuis 2016, Mitsubishi Motors reste, quant à lui, contrôlé par son compatriote.

Renault fait à présent le pari stratégique de se lier avec Li Shufu, le très puissant et omniprésent milliardaire chinois, fondateur et propriétaire de Geely. Outre Volvo Cars dont il détient 82 % du capital, Geely possède 50 % des voitures Smart avec Mercedes-Benz. Geely est aussi actionnaire de référence de Mercedes-Benz lui-même et du groupe AB Volvo (camions), lequel a dans son portefeuille l’ancienne activité poids lourds de… Renault (Renault Trucks). A l’heure où les relations économico-diplomatiques entre la Chine et l’Occident se tendent, cet accord n’est pas sans risques. Et ce, alors que Xi Jinping s’affiche comme le maître absolu de la Chine communiste et que les industriels occidentaux comme Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, dénoncent la politisation du climat des affaires dans l’ex-Empire du Milieu avec une surenchère nationaliste.

Fondé en 1997 à Hangzhou, Geely est certes un constructeur privé. Il a vendu 1,68 million de véhicules l’an dernier (+18 %), dont 274 000 à l’export. Il faut ajouter 708 700 Volvo. Mais, Li Shufu est réputé proche du pouvoir de Pékin. En fait, Renault n’avait sans doute pas le choix. Les alliés potentiels ne sont pas légion pour ce genre de rapprochement ciblé. Le boulimique propriétaire de Geely a déjà pris par ailleurs 34 % des opérations de Renault en Corée. Des véhicules issus du groupe chinois et des marques qu’il contrôle vont y être produits. Jean-Dominique Senard minimise le risque. « Geely est complémentaire de Renault et nous pouvons travailler intelligemment avec lui », nous expliquait le président de Renault lors d’une rencontre en fin d’année dernière.

Capitalisation boursière en hausse

Renault ne met pas toutefois tous ses œufs dans le même panier. L’activité électrique est, elle, regroupée dans une autre société, Ampere. Depuis le 1er novembre 2023, celle-ci opère de manière autonome. L’entité électrique, basée en France, compte 11 000 salariés environ. Elle comprend les usines d’Electricity (Douai, Maubeuge) dans le Nord mais aussi de Cléon (Seine-Maritime) et une grosse partie du Technocentre (Yvelines). Les futurs modèles électriques comme les Scénic, R5, R4 ou Twingo relèveront de cette société. Détenu par Renault, Ampere n’a pu s’introduire en Bourse comme prévu en janvier dernier. Faute d’une valorisation suffisante. Nissan a accepté toutefois le principe d’une participation dans Ampere à hauteur de 600 millions d’euros, Mitsubishi Motors de 200 millions. Luca De Meo a confirmé en début d’année ces projets, qui ne se sont pas concrétisés à ce stade.

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Pour attirer du cash et transformer rapidement l’entreprise, le directeur général n’a pas d’autre choix que de multiplier les partenariats. Avec tous les risques que cela comporte. Et une grande complexité de gestion d’un tel ensemble. Le titre Renault était en légère baisse à l’ouverture de la Bourse ce vendredi. Depuis le début de l’année, le cours de l’action a cependant crû fortement, de 33,7 euros à la mi-janvier à 53,16 ce jour. La capitalisation de la firme au losange atteint désormais 15,7 milliards d’euros, dépassant Nissan (13 milliards). Malgré cette progression, Renault reste encore loin de ses principaux rivaux Stellantis (64,5), Volkswagen (63), GM (45), Ford (43). Renault pâtit structurellement de sa plus petite taille. En 2023, Renault affichait une marge opérationnelle honorable de 7,9 %, la meilleure de son histoire. Mais celle-ci restait en retrait par rapport à Stellantis (12,8 %). Toutefois, elle dépassait Honda, Volkswagen, Ford, GM et… Nissan.

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