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Le quotidien du constructeur automobile Fisker est un chaos - Numerama

Le constructeur automobile Fisker n’est pas encore à l’arrêt. Cependant, les difficultés continuent de s’accumuler, surtout pour les clients qui ont fait confiance à la jeune marque.

Les responsables de Fisker espèrent toujours rebondir, du moins ceux qui ont résisté aux différentes vagues de licenciements. Il ne reste pourtant plus grand monde pour continuer à faire tourner l’entreprise. Alors qu’il y avait plus de 1 200 employés au début de l’année, il n’en reste plus qu’une poignée. Les licenciements sont la partie visible de l’iceberg. Dans un article du 31 mai 2024, Techcrunch fait plonger les lecteurs dans tous les autres dysfonctionnements du jeune constructeur automobile.

Les problèmes de gestion ne sont apparemment pas récents. Fisker manque de documents techniques, de pièces détachées et de personnels. Même les services promis aux clients sont de l’histoire ancienne.

Fisker n’anticipe ni son stock de pièces, ni des besoins d’après-vente

Derrière la marque Fisker, il n’y a pas qu’Henrik Fisker, le patron au talent de designer automobile. Il y a également sa femme Geeta Fisker, qui porte la double casquette de directrice financière et directrice des opérations. Mais, depuis quelques mois, le couple est vivement critiqué pour une gestion de l’entreprise jugée bien trop légère.

C’est notamment le cas de la gestion du service après-vente, mais aussi de la constitution du stock de pièces détachées pour les réparations. La marque a quelque peu surestimé la qualité de ses modèles ou sciemment choisi de faire des économies sur un poste pourtant crucial pour l’image d’un constructeur automobile.

Production des Fisker Ocean dans l'usine autrichienne  // Source : Fisker
Production des Fisker Ocean dans l’usine autrichienne de Magna Steyr. // Source : Fisker

Lorsque les premières pannes et premiers accidents sont survenus sur les Fisker Ocean, la marque n’avait pas suffisamment de pièces en stock. Elle a été ensuite rapidement débordée par les demandes. Selon le propos d’anciens salariés, la marque a été jusqu’à piocher directement sur les chaînes d’assemblage des véhicules neufs chez Magna Steyr (l’usine autrichienne) pour envoyer les pièces pour les réparations. Un témoignage encore plus surprenant, confié à Techcrunch, raconte que les véhicules personnels d’Henrik Fisker et celui d’un de ses directeurs aux USA auraient servis de donneurs d’organes (de pièces) pour des clients en panne.

Geeta Fisker avait aussi jugé qu’une gestion des demandes de SAV à travers des tickets déposés sur le site internet serait suffisante et économique. Là encore, l’entreprise a rapidement dû trouver une solution pour embaucher une hotline, qu’elle aurait oublié de régler après plusieurs mois d’activité. Apparemment, la gestion financière n’était pas le fort des Fisker. L’entreprise a quand même réussi à égarer un temps environ 16 millions d’euros payés par les clients.

Des services supprimés pour les clients

Les clients Fisker ont eu la mauvaise surprise de découvrir par e-mail que l’assistance routière était arrêtée dès le 5 mai en Europe (et un peu plus tard aux USA). Ce service devait dépanner les conducteurs de Fisker Ocean pendant 6 ans ou 100 000 km. Cela couvrait tous types de pannes : de la crevaison, à la panne mécanique et même pour un excès d’optimisme sur l’autonomie restante de la batterie.

Première livraison des Fisker Ocean par Henrik Fisker // Source : Fisker
Première livraison des Fisker Ocean par Henrik Fisker. // Source : Fisker

Les clients ont toujours la possibilité en Europe de se retourner vers leur assurance pour les dépannages en cas de panne (s’ils sont couverts). Mais cette assistance avait aussi le mérite de pouvoir donner des conseils très spécifiques, en cas de problèmes plus pointus avec le véhicule. Les clients sont désormais un peu livrés à eux-mêmes. Heureusement, la communauté des propriétaires de Fisker se serre les coudes pour s’entraider sur les petits bugs du véhicule.

Les clients ayant acheté l’une des 5 000 éditions limitées de lancement (Fisker Ocean One) sont encore plus perdants que les autres. Ils ont payé le véhicule au prix fort, avec des services inédits inclus comme l’extension de garantie, des crédits de recharge et des accessoires supplémentaires. Sauf que Fisker ne s’est jamais occupé de satisfaire la promesse marketing d’une valeur de 37 millions d’euros. Maintenant qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses, inutile de dire que les clients ne verront jamais la couleur de ces avantages.

Des modèles vendus 11 000 dollars aux États-Unis

Pour récupérer des fonds afin de les injecter dans la survie de l’entreprise, Fisker doit absolument vendre le stock de modèles produits. La vente directe aux clients a été abandonnée et les véhicules ont été envoyés à des concessionnaires qui jouent le rôle de discounters. Des rabais énormes ont été concédés en Europe comme aux USA.

Fisker en stock aux USA // Source : Fisker
Fisker en stock aux USA. // Source : Fisker

Des remises de plus de 20 000 € sont notamment proposées aux clients en France, et en négociant un peu, il est possible d’en obtenir plus. Aux USA, des témoignages de potentiels clients affluent à propos de véhicules encore moins chers. Un témoignage sur Reddit raconte même avoir eu une proposition à moins de 15 000 dollars (environ 14 000 €) sur un véhicule garanti seulement 7 jours, dont le concessionnaire voulait apparemment se séparer rapidement. À ce prix, l’acheteur peut toujours le revendre pour pièces et il sera déjà gagnant, vu la rareté des pièces détachées sur ce modèle.

Des vagues de licenciements successives

Un peu comme chez Tesla, une vague de licenciements peut en cacher une autre. La plupart des services fonctionnent en mode survie. Difficile d’avoir un décompte précis des effectifs récents, les vagues de départs se sont enchainées. Quant à ceux qui n’ont pas été licenciés dès le début d’année, ils l’ont parfois été pas plus tard que la dernière semaine de mai.

Selon Techcrunch, il resterait approximativement 150 salariés, mais les départs devraient se poursuivre, aucun service n’étant épargné. Les salariés fraîchement remerciés s’expriment assez ouvertement sur les réseaux sociaux et sur Reddit. Ils y partagent leur expérience, souvent chaotique au sein de l’entreprise.

Une bonne partie des clients et investisseurs se sont fait une raison, imaginant la fin imminente de la marque. Mais, certains persistent à croire encore au rebond possible de l’entreprise. Le silence d’Henrik Fisker, qui aime pourtant promettre la Lune et être sous les projecteurs, étonne sur les réseaux sociaux. Beaucoup s’en moquent. Le patron de Fisker est quand même censé prendre la parole lors d’un événement en Inde les 20 et 21 juin, ce qui ne manque pas de susciter des commentaires, pas toujours élogieux, et quelques questionnements.

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