
« Nous ne voulons pas finir au musée de la technique ». Devant les députés du Bundestag, lors de la dernière séance parlementaire de l'actuelle législature début septembre, Angela Merkel a bien résumé la peur qui gagne l'Allemagne : le pays de l'inventeur du diesel (Rudolf Diesel) et de l'automobile à moteur à explosion (Karl Benz) craint pour l'avenir de ses constructeurs, moteurs de son économie.
Car c'est dans une position défensive, toujours secouée par le « dieselgate » révélé il y a deux ans, auxquelles se sont ajoutés cet été des soupçons d'entente illégale entre constructeurs, que l'industrie automobile allemande se retrouve aujourd'hui confrontée à une série de défis technologiques majeurs avec la démocratisation de la voiture électrique et l'avènement de la voiture autonome.
« Furax »
En pleine crise du diesel, la question de l'avenir du secteur automobile s'est ainsi invitée dans la campagne électorale.
Souvent accusée d'une trop grande proximité face aux constructeurs, Angela Merkel a été contrainte de hausser le ton. Elle s'est ainsi déclarée « furax » contre les dirigeants des groupes automobiles lors du duel télévisé qui l'a opposée à son rival social-démocratre Martin Schulz. Mais la chancelière cherche également à protéger cette industrie qui représente 800.000 emplois outre-Rhin.
« Des fautes énormes ont été faites, la confiance a été détruite par l'industrie automobile. Et l'industrie automobile doit maintenant réparer ces erreurs. Mais elle doit aussi préparer l'avenir. Conduite assistée, autonome, numérique, voiture électrique : ce sont des choses qui dans les dix à quinze prochaines années seront décisives », a-t-elle rappelé mardi lors d'un meeting électoral à Schwerin dans le nord de l'Allemagne.
VW l'emporte sur Goethe
Et pour préparer l'avenir, le moteur thermique reste selon Angela Merkel une technologie de transition décisive. La dirigeante est fermement opposée à une interdiction du diesel dans les villes, et se refuse à établir un calendrier pour l'arrêt de la vente des voitures à moteur thermique - à la différence de la France ou de la Grande Bretagne qui l'ont fixé en 2040.
Une telle mesure est réclamée uniquement par les Verts outre-Rhin. La protection des intérêts de la branche automobile est essentielle dans un pays, où, au-delà de son poids économique, la voiture est également intrinsèquement liée à l'identité du pays. « C'est une particularité allemande », explique Ulrich Op de Hipt, commissaire de l'exposition intitulée «Aimée, utilisée, haïe : Les Allemands et leurs voitures» à la Maison de l'histoire de la République fédérale allemande à Bonn. Le commissaire rappelle ainsi que dans un récent sondage, les Allemands identifiaient davantage leur pays à Volkswagen qu'à Goethe. « Une solide conscience collective » qu'il explique par la succession d'inventions allemandes décisives dans l'histoire de automobile ainsi qu'une fascination pour la vitesse et la technique.
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